OCH : la santé mentale sans tabou ? - Chronique KTO radio

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La santé mentale est un sujet d’actualité. Nous nous sommes tous réjouis de l’annonce du premier ministre Michel Barnier quand il a annoncé son souhait de faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. Nous savons que le secteur de la psychiatrie est bien à la peine, que la prise en charge des troubles psychiques est complexe et que la souffrance psychique est grande.  Nous sommes plusieurs associations à sensibiliser le public à cette question, à déstigmatiser les personnes qui sont atteintes de troubles psychiques, à accompagner leurs proches. Je pense à l’UNAFAM (Union Nationale de Familles et Amis de personnes malades psychique), à Relais Lumière Espérance, à Santé Mentale France, à la Fondation OCH bien sûr. Faire de la santé mentale une grande cause nationale donne une visibilité à tous ceux qui sont confrontés à la maladie, c’est porteur d’espoir. Une personne sur cinq est touchée chaque année par un trouble psychique. Agir contre le tabou de la santé mentale est une urgence.

Vous avez parlé de plusieurs associations, j’ai l’impression que depuis la Pandémie du COVID, la parole sur ce sujet difficile s’est déliée ?

Vous avez raison, la parole s’est déliée mais comme vous le souligniez aussi c’est un sujet difficile. La maladie fait peur. Nous sommes loin du sans tabou. Dans une interview d’Ombres & lumière, la revue que publie l’OCH, Jean-Philippe Cavroy, délégué général de la Fédération Santé Mentale France parle d’un « électrochoc » à la suite du COVID. « La parole s’est en effet libérée parce que, dit-il, un grand nombre de personnes se sont retrouvées dans d’intenses fébrilités psychiques : dépressions, troubles anxieux, alimentaires, bipolaires, schizophréniques … ». Lui aussi applaudit la décision du premier ministre même s’il constate que, face à un secteur trop longtemps laissé en jachère, le chantier reste de grande ampleur. Tous les jours l’équipe Écoute & conseil de l’OCH reçoit des personnes concernées par des troubles psychiques. L’isolement de Manon, bipolaire est grand. Elle se sent incomprise par son entourage. Pouvoir être écoutée par l’équipe, dans la durée, l’aide à ne pas sombrer. Les parents de Vincent, schizophrène, ont été soulagés de connaitre des lieux de vie pour en parler à leur fils qui ne peut plus vivre seul. Pour décrire l’effet de l’irruption de la maladie dans sa vie, Laetitia Forgeot d’Arc, mère de 4 enfants dont Paul, 23 ans diagnostiqué schizophrène dit : « J’ai eu l’impression d’être dans une boule de neige et qu’on a tout secoué ». On comprend que c’est violent et que chaque réaction est singulière.

Il y a le temps de l’annonce puis, j’imagine, la prise en charge, quel est le quotidien, concrètement, des personnes malades et des proches ?

La connaissance du diagnostic permet de mieux connaître et comprendre les troubles ressentis et les comportements inadaptés, et d’apporter ainsi des soins en accord avec les besoins de la personne malade. Le chemin est différent pour chaque personne et propre à chaque maladie. Il est bien souvent long et sinueux. Aussi unique soit-elle, l’expérience de Laetitia peut en partie répondre à votre question. Elle écrit dans chaque numéro de la revue Ombres & lumière. Elle nous livre, dans sa chronique, son regard intérieur sur la vie de son fils Paul. Vivre avec la maladie ou accompagner un proche malade, c’est en effet très concret et Laetitia le raconte avec talent et Espérance. Dans le dernier numéro de la revue, vous ferez connaissance avec Paul à travers un rendez-vous de dentiste. Quoi de plus concret ! Paul est un adulte, on peut penser qu’il n’a pas besoin d’aide et qu’honorer son rendez-vous de dentiste est chose aisée. Et pourtant, c’est Laetitia qui a sorti de sous sa couette son grand fils pour qu’il aille à ce rendez-vous. Et dans sa tête, c’était tellement la tempête qu’il n’a pas su raconter au dentiste tous ses maux de dents. Les soins risquent d’être inadaptés. Pour rester objectif, sur son site, Ombres & Lumière donne la parole à Sophie de Coapont atteinte de bipolarité. Elle se destine à être médiatrice de santé paire en psychiatrie. Je vous laisse avec elle (ou je vous donne un extrait de sa chronique) pour comprendre un peu mieux la maladie :

 » Plus jeune, j’étais très sportive. A mesure que je grandissais, les problèmes psychiques m’ont envahi, et j’ai stoppé ces activités pourtant bénéfiques. Je pensais que pratiquer un sport avec d’autres m’aurait mis en difficultés, et j’ai eu tendance à me renfermer sur moi-même.

J’ai remplacé l’activité physique par une « vie intérieure » très foisonnante : je me suis mise à gamberger sur tout, avec un doute prononcé sur moi-même et une réflexion en boucle. Bien souvent, ces pensées se sont révélées stériles. J’ai remarqué qu’en état de crise, je n’avais aucune prise sur ce fonctionnement. Alors, je restais allongée pendant des heures, et je subissais mes pensées qui m’assaillaient.

J’ai pourtant fait un jour une expérience inoubliable : un psychologue m’a permis de découvrir un moyen simple d’aller mieux. J’étais arrivée en séance dans une grande confusion mentale, et très déprimée, et il m’a proposé de taper avec une raquette sur un cheval d’arçon, en criant ! Après quelques minutes de frappe intense, un sourire m’a envahi. La paix est revenue. 

Depuis, je me suis équipée d’un punching-ball et de gants de boxe… J’ai refait plusieurs fois cette expérience à domicile, en récoltant les mêmes fruits d’apaisement, et même parfois de joie.

Et si la mise en mouvement était un chemin privilégié de rétablissement ? Si le corps était notre principal allié dans cette lutte contre des symptômes psychiques envahissants ? « 

A chacun de trouver sa manière de se mettre en mouvement, d’intégrer son corps dans son parcours de rétablissement, pour avancer vers l’équilibre, tant recherché.

Florence Gros, KTO radio, La parole aux associations, 27 novembre 2024

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Nora ngoudiakaka