Inquiétudes sur l’avenir du service public de la Protection Judiciaire de la Jeunesse

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La décision du ministre de la justice démissionnaire de ne pas renouveler à partir de septembre 2024 pour des
raisons budgétaires 500 postes d’agents contractuels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) soulève de
nombreuses inquiétudes quant à la capacité du service public à assurer une prise en charge adéquate des mineurs en
conflit avec la loi, voire en danger.

Par son ampleur et son impact, elle sort nettement du champ des affaires courantes.

Elle intervient dans un contexte déjà critique au risque d’aggraver les dysfonctionnements existants. Les
éducateurs seront plus que jamais en nombre insuffisant pour répondre dans l’instant aux décisions des magistrats,
avec des conséquences néfastes sur la réinsertion des mineurs et la sécurité publique à court et moyen terme.

Comment imaginer que demain avec une telle décision les mesures éducatives seront plus surement et plus
rapidement engagées quand, en l’état, en moyenne chaque éducateur doit déjà suivre 25 situations et que nombre de
mesures sont tardivement enclenchées, sinon jamais exécutées ?

Dans le même temps la diminution des primes et des compléments indemnitaires – aucun agent ne va percevoir
la prime dite des JO – est de nature à démotiver davantage le personnel déjà sous pression. La perte de savoir-faire et de
pratiques éprouvées due au départ des agents titulaires entrave le système, surtout dans un contexte où l’expertise et
l’expérience sont essentielles pour accompagner efficacement les jeunes en difficulté.

Le malaise des professionnels ne peut que croître quand la PJJ peine déjà à pourvoir les postes en concours.
Un cercle vicieux est enclenché.

D’ores et déjà les Centres Educatifs Fermés (CEF) d’un coût de fonctionnement très élevé mais présentés
comme des alternatives à la détention semblent ne pas remplir leur rôle. Le recours à l’incarcération a crû
considérablement malgré la diminution des cas avérés de délinquance de mineurs. Par ailleurs les CEF sont financés
au détriment d’autres services de milieu ouvert ou de projets d’insertion innovants.

Une réévaluation du fonctionnement de la PJJ, en matière de sélection, formation des agents et de gestion des
établissements s’impose. Une approche plus humaine et adaptée aux besoins des jeunes découlerait d’une meilleure
reconnaissance du travail des éducateurs.

Quand la PJJ ne semble pas avoir réellement bénéficié de l’augmentation sur quatre années d’un peu plus de
30% du budget de la justice, on décide aujourd’hui de l’amputer sérieusement.
Les annonces faites sont d’autant plus inquiétantes que la tendance lourde est à la disparition dans les
départements des Clubs et Équipes de prévention proches des enfants et des jeunes en difficulté. Les services de l’Aide
Sociale à l’Enfance (ASE) traversent une crise majeure les rendant incapables de remplir leurs missions : des stratégies
s’imposent pour accompagner les jeunes et leurs proches et créer un environnement propice à la réinsertion et à la
prévention de la délinquance.

L’État qui appelle à une mobilisation sur la protection de l’enfance envoie un message négatif qui le discrédite.

Sensible au mouvement de grève menée par les professionnels de la PJJ publique, DEI- France demande
instamment au gouvernement de revenir sur sa décision et d’engager enfin avec les ministères concernés, les
collectivités territoriales et le secteur associatif habilité la démarche de rénovation de la protection de l’enfance
qui s’impose.

L’heure du réveil a sonné. Pour s’engager, pas se désengager !

Contact presse : 07 49 99 77 75

Detalles de contacto
Dei-France