Ouverture de la session parlementaire de droit : les groupes politiques du Sénat s’expriment sur la situation politique actuelle - Départements de France - AF

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Conformément au 3ème alinéa de l’article 12 de la Constitution, l’Assemblée nationale se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son élection, soit le jeudi 18 juillet. Cette réunion ayant lieu en dehors de la période prévue pour la session ordinaire, une session parlementaire de droit est ouverte, pour une durée de quinze jours. Conformément à la tradition républicaine, le Sénat se réunit en séance plénière pour l’ouverture de cette session. Le 18 juillet à 15h30, les groupes politiques du Sénat se sont exprimés sur la situation politique à l’issue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024.

 « Le président de la République, qui reste la clé de voûte, doit faire des propositions pour sortir du chaos », selon Bruno Retailleau, Président du Groupe LR

« Comment expliquer cette inexplicable dissolution ? Une dissolution est faite pour résoudre une crise, disait le Général de Gaulle, pas pour en provoquer une. » a-t-il déclaré.

« Les Français ont clairement indiqué qu’ils ne faisaient pas confiance au Rassemblement national pour gouverner la France. Mais on aurait tort de balayer d’un revers de main les angoisses et les attentes de ses millions d’électeurs. Il est paradoxal de vouloir lutter contre ce mouvement mais pas contre les causes de ses succès électoraux… »

Il a poursuivi en considérant que le tripartisme est un poison pour la démocratie, car il interdit une alternance autre que radicale. C’est un poison pour la Ve République, faite pour le fait majoritaire, car il n’y a plus de majorité.

« Le président de la République, qui reste la clé de voûte, doit faire des propositions pour sortir du chaos, il a les clés institutionnelles », a-t-il ensuite fait savoir.

Non convaincu par une grande coalition qu’il a qualifiée de mariage des contraires, Bruno Retailleau a cependant estimé qu’il peut y avoir en commun un agenda législatif : « Il y a un passage, il appartient au président de la République de le prendre », a-t-il considéré. Et d’insister : « Il nous faut éviter le chaos pour la France, y compris une crise financière. Le premier acte, ce sera le budget. » Et au milieu de cette confusion, le Sénat incarnera un pôle de stabilité, a-t-il conclu.

 Patrick Kanner appelle à mener une nouvelle réflexion sur la Constitution

Le président du groupe PS du Sénat a vivement dénoncé l’action d’Emmanuel Macron depuis sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. « Outre une débâcle électorale pour le camp présidentiel, c’est un véritable chaos démocratique dans lequel nous avons été plongés le 9 juin, par le caprice vengeur d’un homme vexé », a-t-il fustigé

Il a appelé à mener une nouvelle réflexion sur la Constitution, dont l’équilibre a été remis en cause par les élections législatives.

« Notre système est à bout de souffle », a-t-il déploré. Une réflexion qui passera selon lui par une réforme des modes de scrutin, un rééquilibrage des institutions et la construction d’un nouveau cap politique.

 Aller vers une coalition qui irait des Républicains aux sociaux-démocrates, selon Hervé Marseille

Hervé Marseille, Président du groupe UDI, a d’abord appelé « à une coalition qui irait des Républicains aux sociaux-démocrates ». « Il n’y a pas d’autre issue qu’une coalition de défense républicaine pour traiter urgemment les maux dont souffre notre société »

Il a ensuite demandé une réforme institutionnelle. « Il faut passer, ne serait-ce que partiellement, à la proportionnelle conjuguée à un retour réfléchi du cumul des mandats ».

Viendront après, selon lui, des réformes en faveur du pouvoir d’achat et de l’accès au logement aux services publics et à la santé.

 François Patriat : Bâtir un large rassemblement

« C’est un revers pour la majorité sortante, nous en prenons acte, mais ce n’est une victoire pour personne », a tenu à clarifier François Patriat, à la tête des sénateurs Renaissance. Selon lui, les Français ont demandé l’émergence d’une culture de compromis et un changement de modèle. « L’heure est donc au dialogue, à la responsabilité, à l’apaisement et au dépassement » a-t-il fait valoir.

Il a insisté sur l’avenir du pays se jouant plus que jamais autour du bloc central, en opposition aux extrêmes.

« Profitons de ce séisme politique pour bâtir un large rassemblement, j’appelle la gauche responsable et sociale-démocrate, les centristes, la droite républicaine et plus largement tous ceux qui portent les valeurs humanistes et universalistes, qui veulent protéger notre démocratie, à œuvrer ensemble pour bâtir une alliance protectrice de la république »

Cécile Cukierman : « Il serait insupportable de continuer comme si de rien n’était ou presque »

La Présidente du groupe CRCE a ciblé le chef de l’État comme responsable du blocage politique actuel. « En ne nommant pas un nouveau Gouvernement, en maintenant contre vents et marées un Gouvernement démissionnaire sans responsabilité, il met entre parenthèses le Parlement dans sa capacité à faire la loi, contrôler l’action du Gouvernement, voire le censurer. Il s’offre ainsi de fait les pleins pouvoirs pendant trois mois sans avoir recours à l’article 16. »

Après avoir rappelé la question cruciale de la préparation du budget, les priorités climatiques et sociales, elle a considéré que les collectivités territoriales, sous pression, ne peuvent plus répondre aux besoins de leur population.

Estimant que les législatives ont marqué un rejet de la politique actuelle « il serait pour notre pays insupportable de continuer comme si de rien n’était ou presque », a-t-elle prévenu.

Claude Malhuret : « Pas de Front national, pas de front populaire, la seule hypothèse possible est celle du front républicain »

Deux constats pour le Président du groupe LIRT (Indépendants).

Le Rassemblement national, quoiqu’en forte progression, ne peut gouverner faute d’alliés.

Quant à la gauche, elle est piégée par le Nouveau Front populaire qui l’a livrée à sa frange la plus radicale, dont le but n’est pas de gouverner.

La seule hypothèse possible est celle du front républicain. Elle suppose, comme chez les voisins européens mais à rebours des traditions françaises, l’alliance de tous les démocrates, de la droite républicaine à la gauche de Gouvernement. Elle sera difficile, incertaine et provisoire. Elle suppose que des gens qui ont l’habitude de se combattre apprennent à se parler, qu’ils résistent aux extrêmes qui crieront à la trahison, qu’ils acceptent la tâche ingrate de stabiliser un pays sans boussole.

« Les discussions qui commencent autour d’un pacte législatif montrent que le pire n’est jamais certain et que la sagesse peut encore l’emporter » a-t-il conclu.

 Maryse Carrère demande que le Sénat joue à plein son rôle de gardien des institutions et de contrôle et d’évaluation des politiques publiques.

Dans la perspective d’une activité législative ralentie, la Présidente du groupe Rassemblement Démocratique social et européen (RDSE) demande que le Sénat joue à plein son rôle de gardien des institutions et de contrôle et d’évaluation des politiques publiques. La majorité sénatoriale ne devra pas être sourde aux messages envoyés par les électeurs : point de mesures sociétales conservatrices alors qu’il y a tant à faire sur le plan social, il faudra être ouverts à une fiscalité plus juste, en levant les tabous sur l’inéluctable contribution des plus fortunés. Il ne faudra pas laisser le champ de la sécurité à l’extrême droite, tout en veillant aux libertés publiques.

Il faudra poursuivre le travail transpartisan du Sénat en faveur des collectivités locales, des services publics, de l’école, de la santé ou du logement.

« Sortons de nos habitudes, en prenant exemple sur nos amis belges, allemands ou espagnols, rompus aux grandes coalitions. Le sursaut du second tour a donné un sursis qu’il nous faut mettre à profit pour renouer avec la promesse républicaine d’égalité des chances et d’une vie meilleure, où que l’on vive et d’où que l’on vienne » a-t-elle déclaré.

« Nous ne ferons pas l’économie d’une profonde réflexion sur le fonctionnement de notre démocratie », analyse Guillaume Gontard

Selon le Président des sénateurs écologistes, après des décennies de fait majoritaire, la France retrouve le régime parlementaire sans majorité absolue pour la première fois depuis la IVe République. Ce retour du fait démocratique oblige à réapprendre collectivement – responsables politiques, médias, citoyens – la patience qu’exige le régime parlementaire. En Allemagne, un programme de coalition est négocié pendant plusieurs mois. En Espagne, l’actuel gouvernement minoritaire a mis plusieurs semaines à s’installer.

Loin d’être inquiets, les écologistes voient dans le retour du fait parlementaire une source d’optimisme. Mais aucun régime parlementaire ne saurait fonctionner de manière satisfaisante sans l’élection de l’Assemblée nationale à la proportionnelle. C’est le sens de la proposition de loi visant à instaurer la proportionnelle régionale aux élections législatives, que vient de déposer la sénatrice Mélanie Vogel.

Christopher Szczurek : « La victoire de Marine Le Pen n’est que différée »

Christopher Szczurek, sénateur RN non inscrit a décrit les fragments du monde politique.

Fragments d’une gauche républicaine devenue otage d’une gauche extrême.

Fragments de la droite, aussi. « Quelques baronnies locales et le concours des voix de l’extrême gauche lui ont permis de surseoir à sa disparition électorale. Mais, chers collègues, être majoritaire au Sénat ne doit pas vous faire oublier une certaine réalité. Se présenter comme la droite du Gouvernement quand on n’a pas gouverné depuis plus de douze ans et que cela n’est pas près de se reproduire de sitôt, c’est refuser de voir que le conformisme et les certitudes de classe vous condamnent à l’échec. Votre esprit de caste, le peuple de droite est le premier à le regretter » a-t-il lancé.

Pour le sénateur RN, « plus de 10 millions de Français ont placé dans le Rassemblement National leurs espoirs, et nous sommes le parti qui a le plus progressé en sièges à la chambre basse. Comme l’a dit Marine Le Pen, le système se donne un énième sursis, mais la victoire de Marine Le Pen et Jordan Bardella n’est que différée ».

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Téa Bazdarevic