Soudan : escalade de violence à El-Fasher et Al-Jazirah, une réponse internationale est nécessaire

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La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), l’African Center for Justice and Peace Studies (ACJPS), et le Sudan Human Rights Monitor (SHRM) sont grandement préoccupé·es par l’escalade des violences au Soudan, et ce particulièrement dans la ville d’El-Fasher et dans l’État d’Al-Jazirah. Les trois organisations appellent la communauté internationale à prendre urgemment des mesures afin de protéger les populations civiles des violences en cours et d’empêcher de nouvelles exactions.

Paris - Nairobi, 6 juin 2024. Depuis le 15 avril 2023, date à laquelle le conflit a éclaté entre les Forces armées soudanaises (Saf) et les Forces de soutien rapides (RSF), les conséquences sur la population civile sont dévastatrices. Tandis que le nombre de mort·es s’élève à plus de 16 650, le nombre de personnes déplacées dépasse 9,5 millions. Parmi ces personnes, plus de deux millions ont trouvé refuge dans un pays voisin à l’instar de la République centrafricaine, du Tchad, de l’Égypte, de l’Éthiopie ou encore du Sud-Soudan.

Évolution alarmante à El-Fasher et dans l’État d’Al-Jazirah.

Malgré les multiples appels à un cessez-le-feu venant d’acteurs régionaux et internationaux, les combats se sont poursuivis sans relâche, et se sont intensifiés ces derniers mois. Capitale du Nord-Darfour, El-Fasher est devenue le principal champ de bataille entre les SAF et les RSF. La ville est le théâtre depuis début avril 2024 de violences intercommunautaires, entraînant d’importantes destructions et pertes civiles.

Des frappes aériennes et des armes lourdes ont ciblé les populations civiles, les obligeant à se réfugier dans des camps déjà surpeuplés. L’ONG Médecins sans frontières affirme que l’hôpital au sud d’El-Fasher, situé dans la zone des affrontements, a été touché par des obus. Seule infrastructure en fonction dans le périmètre, sa destruction a généré des pertes matérielles et humaines. Les bombardements ne laissent « aucun endroit sûr dans la ville ».

Dans l’État d’Al-Jazirah la situation est tout aussi désastreuse. Le 5 juin 2024, le comité de résistance de la capitale Wad Madani a fait état d’un massacre à Wad Al-Noora, où les RSF ont tué plus de 150 personnes. Ces faits s’inscrivent dans un cadre de violences continues au cours de ces six derniers mois, durant lesquels de nombreuses exactions contre des résident·es non armé·es ont été répertoriées, y compris des meurtres, des enlèvements, des déplacements forcés et des pillages. Ces exactions ont touché des centaines de villages à travers l’État.

Le conseiller spécial pour l’ONU alerte sur un risque de génocide

Fin mai 2024, la conseillère spéciale des Nations unies pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu, a informé le Conseil de sécurité sur le conflit en cours au Soudan. Sa visite récente au Tchad a permis de confirmer le nombre de personnes réfugiées victimes des violences inter-ethniques, incluant les viols, les déplacements forcés et les villages incendiés. La situation actuelle porterait, selon elle, toutes les marques d’un risque de génocide avec de fortes allégations que ce crime ait déjà été commis. Alice Wairimu Nderitu appelle à action internationale urgente et immédiate afin de prévenir la poursuite des atrocités au Soudan.

Appel à l’action 

La communauté internationale doit prendre des mesures urgentes et décisives pour remédier à ces graves violations des droits humains. Nous exhortons la communauté internationale à :
 augmenter la pression diplomatique sur le gouvernement soudanais et sur les RSF, dans le double objectif de stopper immédiatement les hostilités - non seulement dans l’État d’Al-Jazirah et à El-Fasher, mais aussi dans tout le pays - et d’engager un dialogue constructif afin de résoudre le conflit ;
 garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave tant au niveau des frontières, que des routes internes et supprimer les obstacles bureaucratiques ;
 soutenir les mécanismes visant à documenter les violations des droits humains et faisant en sorte que les auteur·es de ces crimes ne restent pas impuni·es.

Cela implique de veiller à ce que la mission d’établissement des faits dispose des ressources et du personnel adéquats pour continuer son travail essentiel et plaider en faveur de la prolongation de son mandat pour une année supplémentaire. En outre, le Soudan et ses pays voisins doivent garantir un accès immédiat à la mission pour faciliter les enquêtes.
Cela implique également de soutenir le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) dans les enquêtes et les poursuites judiciaires relatives aux crimes de droit international commis au Soudan, et de fournir des ressources et un support aux services d’urgence locaux et aux organisations de la société civile, œuvrant sur le terrain à la protection des droits humains, à l’apport d’une aide humanitaire et à documenter les atrocités.

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Raphaël Lopoukhine