Éric Beaufils - Chilly Mazarin

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L’engagement de toute une vie pour une alimentation saine et de qualité

Originaire de Poitiers, Éric Beaufils a grandi à la campagne jusqu’à l’âge de 22 ans. Après son service militaire à Bordeaux, il a suivi une formation d’électrotechnicien et a travaillé pour divers bureaux d’études à Cherbourg, Paris, La Rochelle et Amiens. Ces expériences lui ont permis de rencontrer beaucoup de monde et de partager, déjà, ses talents culinaires, hérités de ses parents et principalement de son père, qui lui a transmis le goût des choses simples. « J’ai toujours vécu avec les plantes, à manger, ou pour se soigner » explique le Chiroquois. « Je suis curieux et justement, la cuisine, c’est vaste ! »

En chemin vers sa passion

Éric décide de quitter le milieu industriel pour se tourner vers sa passion : la cuisine. Il s’inscrit à une formation à l’école hôtelière de La Rochelle et obtient un CAP cuisine à l’âge de 30 ans. En tant que cuisinier, son premier emploi fut une semaine intense mais très riche au festival des Francofolies, qu’il réitérera lors des 3 éditions suivantes. Idéaliste, le jeune passionné aspire à travailler dans un lieu où l’équilibre alimentaire serait une priorité. Il trouve une place dans un restaurant étoilé en Allemagne. Déçu par cette expérience, il rentre à Paris au bout d’un mois et intègre un bistro gastronomique. Là encore, les rapports humains et l’approche de l’équilibre alimentaire ne lui conviennent pas. De retour à Poitiers pour prendre le temps de réfléchir à ce qu’il veut vraiment, il trouve un emploi de livreur dans une boulangerie. Naturellement curieux et observateur, il y apprend à faire du pain, notamment en aidant un commerçant du marché local qui ne trouvait personne pour lui faire des pains “pitas“ pour ses kebabs. « C’était un des premiers à le proposer, à l’époque » souligne Éric, qui explique que cette expérience a, d’une certaine façon, marqué le début de sa passion pour la boulangerie artisanale.

Un voyage culinaire

Les années suivantes, il continue à se perfectionner en cuisine, en travaillant dans divers établissements, notamment au “Chat Botté”, un restaurant renommé de l’Île de Ré, où il y découvre l’excellence culinaire. Il poursuit sa carrière en voyageant et en travaillant dans des crèches, des maisons de retraite, des écoles et des restaurants traditionnels, « mais jamais dans l’industrie agro-alimentaire », précise le cuisinier, « et toujours avec une attention particulière à l’équilibre alimentaire et à la qualité des ingrédients. » Son besoin de bouger le conduit à nouveau en Allemagne où il trouve un poste dans un restaurant qui travaillait avec du gibier et les plantes sauvages. « J’y vivais, littéralement. » Son travail plait et il passe rapidement second, « ce qui revient à “chef“ puisque le travail du chef cuisinier est souvent en dehors de la cuisine. » L’expérience prend fin quand il se retrouve à devoir découper les carcasses des gibiers qui leurs étaient livrées entières. Toujours positif, Éric retient de cette expérience qu’il a « quand même appris l’anatomie animale. »

Approchant de la quarantaine, il ressent le besoin de se recentrer et revient vivre à Poitier.

On lui propose de créer un espace restauration dans une grande surface de produits bio, « Cela a très bien marché, presque trop ! » Puis il saisit une autre opportunité, un projet de restaurant gastronomique végétarien au Luxembourg. Avant de s’y rendre, il est recruté comme chef pâtissier dans un restaurant 5 étoiles de l’Île-de-Ré, pour l’été. « Ce n’était pas ma spécialité mais ils m’ont fait confiance. J’ai fait ma saison avec les recettes de Ducasse, un cuisiner étoilé au guide Michelin. C’était super ! »

Une vie de famille épanouie

Au Luxembourg, Éric fait la rencontre d’une experte en cuisine bio et végétarienne avec qui il se lie. Ils s’installent ensemble, puis décident de partir pour monter un projet à Angoulême. Là-bas, ils se marient et ont un premier enfant, une fille. Éric décide de prendre du temps pour s’en occuper pendant que son épouse participe à la création d’un magasin bio de la franchise “Biocop“. Elle gravit les échelons et son emploi mène la petite famille en région parisienne, à Chilly-Mazarin, où ils décident de s’installer pour élever leurs enfants puisque deux autres y verront le jour. Éric trouve une place de cuisinier à la crèche municipale de Chilly-Mazarin et y travaille pendant cinq ans, avant de prendre un congé parental pour s’occuper de ses enfants. « J’ai ensuite remplacé le cuisinier du restaurant du personnel, toujours à Chilly-Mazarin. J’y suis resté 6 ans. » explique le Chiroquois, qui aime sa ville. « On côtoyait beaucoup la MJC. J’y faisais du bénévolat. J’y ai d’ailleurs proposé des ateliers de cuisine. On ne connaissait personne à notre arrivée et notre vie sociale a démarré là », se souvient Éric, encore marqué par sa démolition, en 2015.

Une alimentation saine et de qualité

Une fois que leurs enfants ont été plus autonomes, Le boulanger de cœur se met à la recherche d’un projet local. Il rencontre le collectif “Animakt“ et y fait du pain avec un autre boulanger afin de proposer leurs produits aux AMAP locales. Il y rencontre Maëla Le Guilloux, une entrepreneure salariée associée à la coopérative “Le Champs des Possibles“, qui s’engage dans la transition agroécologique et solidaire. « Elle y faisait du pain et voulait arrêter cette activité parce que le maraichage lui prenait trop de temps » détaille Éric qui saisit l’opportunité et lui propose de prendre sa suite. « Maëla partage un lieu avec les maraichers locaux à Saulx-les-Chartreux et m’a proposé d’y installer mon fournil. »

Aujourd’hui, le Chiroquois s’apprête à réaliser un rêve de longue date : ouvrir son propre fournil artisanal et biologique. Il a intitulé son projet “Au Fournil, Éric !” et commence à produire des pains et viennoiseries biologiques artisanaux, cuits au feu de bois. Progressivement, il souhaite diversifier sa gamme en intégrant des denrées alimentaires cuites par l’inertie du four comme par exemple des pommes et légumes séchés.

« Je ne serai pas seul car l’intérêt du projet est aussi la transmission » affirme le boulanger qui travaille à la mise en place d’activités pédagogiques et envisage diverses missions de transmission, comme prendre des personnes en apprentissage. Finalement, ce projet est un prolongement naturel et l’aboutissement de son engagement de toute une vie pour une alimentation saine et de qualité.

Recapiti
Soukaina Ghanimi