Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 20 décembre 2024

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Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 20 décembre 2024.

Marché de l'électricité

L' Europe sous la pression d'un hiver glacial

Avec l’hiver qui s’installe, les marchés européens de l’électricité font face à une double pression : la chute de la production éolienne et une hausse de la demande liée au froid.

Cette tension énergétique se reflète dans les prix du marché, exacerbée par des incertitudes géopolitiques. L’interruption imminente des flux de gaz russe via l’Ukraine menace l’approvisionnement, tandis que l’essor du GNL russe comme alternative met en lumière les contradictions européennes face à Moscou. Le marché du carbone, intrinsèquement lié aux fluctuations du gaz, reste lui aussi sous pression, avec des prévisions suggérant une nouvelle hausse à court terme. Dans ce contexte, l’Europe jongle entre une demande croissante, une production renouvelable déclinante, et des prix élevés, reflétant une transformation énergétique chaotique à court terme. Alors que l’hiver s’annonce rude, les dilemmes énergétiques restent au cœur des préoccupations économiques et politiques du continent.

À la une

EDF et la bataille du prix de l'électricité nucléaire

EDF fait face à une levée de boucliers de la part des industriels et des fournisseurs d’électricité après avoir annoncé son projet de vendre jusqu’à 10 TWh de sa production nucléaire annuelle via des enchères à partir de 2025. Ces ventes, représentant à peine 3 % de la production totale, visent à établir un « prix pertinent » pour pallier l’impasse sur la fixation des tarifs post-Arenh (le dispositif réglementé expirant en 2026).

Cependant, l’initiative suscite scepticisme et critiques. Les industriels, notamment les électro-intensifs, dénoncent une stratégie perçue comme une forme de pression pour accepter des prix qu’ils jugent insoutenables dans le contexte d’une crise industrielle croissante.

Les fournisseurs alternatifs, à l’instar de Géry Lecerf (Afieg) ou Julien Tchernia (Anode), pointent également des conditions d’enchères peu attractives, entre des prix planchers potentiellement prohibitifs et des garanties contraignantes. EDF avait déjà expérimenté des ventes à moyen terme sans succès, ce qui alimente les doutes quant à l’efficacité de ce nouveau dispositif.

Par ailleurs, la mise en place de ces enchères interroge sur l’avenir des Contrats d’Allocation de Production Nucléaire (CAPN), essentiels pour maintenir la compétitivité des industries énergivores. Ces contrats, prévoyant la vente de 20 à 24 TWh sur des durées de 10 à 15 ans, restent bloqués faute d’accord sur les prix. Nicolas de Warren, président de l’Uniden, alerte : une réduction des volumes alloués aux CAPN, combinée à des tarifs trop élevés, aggraverait une situation industrielle déjà alarmante, appelant EDF à revoir ses ambitions à la baisse pour éviter une impasse

Les tendances électricité de la semaine par notre expert

Coûts en explosion et tensions croissantes

L’avenir du système énergétique européen se dessine sous un ciel orageux, avec des prévisions alarmantes sur l’augmentation des coûts du réseau. Selon l’agence de régulation européenne de l’énergie, Acer, ces coûts pourraient grimper de 40 % d’ici 2030 et presque doubler d’ici 2050, un véritable coup de massue pour la compétitivité de l’Union. La priorité, à l’approche de la décarbonisation, sera de contenir cette hausse par des investissements intelligents, tout en optimisant les infrastructures existantes. Des signaux tarifaires plus adaptés pourraient favoriser la flexibilité des utilisateurs et réduire ainsi les dépenses globales. Mais cette stratégie est à contre-courant de l’expérience allemande, où la fermeture des centrales nucléaires a précipité une hausse des prix de l’électricité.

En Suède, cette politique allemande est vue comme un modèle à éviter, d’autant que l’Allemagne bloque le financement de nouveaux réacteurs nucléaires dans l’UE. De son côté, EDF ralentit ses investissements dans le nucléaire, malgré des prévisions de coûts astronomiques, pour s’adapter à un contexte politique et budgétaire incertain. Enfin, la Norvège, en proie à des débats internes sur la reconduction de ses interconnexions électriques avec le Danemark, pourrait provoquer un séisme énergétique en Europe du Nord si elle décidait de se retirer du marché de l’énergie européen. Une situation complexe, où chaque décision semble entraîner des conséquences dramatiques sur la stabilité énergétique du continent.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Marché du gaz

Tensions géopolitiques, dépendances et défis hivernaux

Les températures glaciales attendues en Allemagne et ailleurs renforcent une demande hivernale déjà soutenue. Pourtant, c’est l’annonce de Vladimir Poutine sur la fin des flux russes via l’Ukraine dès janvier qui a véritablement électrisé les marchés. Tandis que les stocks européens, remplis à 77,5 %, restent confortables, la volatilité demeure élevée. Cette nervosité reflète les incertitudes liées aux alternatives : les importations de GNL russe, bien qu’en hausse à 17 % du bilan gazier européen, illustrent une dépendance économique paradoxale.

Outre-Atlantique, les exportations de GNL américain ajoutent une dimension stratégique. Si elles ont contribué à stabiliser l’approvisionnement européen, leur avenir est incertain avec le possible retour de Donald Trump, qui pourrait bouleverser les autorisations d’exportation. Ce contexte s’inscrit dans une lutte d’influence mondiale entre sécurité énergétique et intérêts climatiques. Entre risques géopolitiques accrus et concurrence asiatique pour le GNL, l’Europe reste en quête d’un équilibre fragile.

À la une

Poutine contourne les sanctions, l'Ukraine ferme la porte

Dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées, Vladimir Poutine ajuste sa stratégie énergétique face aux sanctions américaines. Une nouvelle législation russe permet temporairement aux acheteurs étrangers de gaz de contourner Gazprombank, en crise depuis les restrictions américaines, et d’utiliser d’autres banques russes pour payer en roubles. Ce mécanisme, en vigueur jusqu’au 1ᵉʳ avril, vise à maintenir les exportations vers l’Europe, malgré la pression croissante sur les flux de capitaux russes.

Cependant, l’avenir du transit de gaz via l’Ukraine s’assombrit. Poutine a confirmé que le contrat expirant au 31 décembre ne serait pas prolongé, accusant Kiev de bloquer les approvisionnements et soulignant que les 700 millions de dollars annuels versés à l’Ukraine pour ce transit sont désormais « hors sujet ». En réponse, Volodymyr Zelensky a exclu toute reprise, dénonçant les profits russes tirés

Recapiti
Anne-cécile agara