Alors que Michel Barnier vient de nommer un nouveau gouvernement, nous rappelons que les choix que fait la France, seule ou au sein de l’Union européenne, ont des impacts au-delà de ses frontières et sur les populations des pays du Sud notamment.
La France joue un rôle sur le plan international ne serait-ce que par sa place au Conseil de sécurité. Ce rôle elle peut le mettre délibérément et sans faux semblant au service de la paix et du respect des droits humains et du multilatéralisme ; elle a la capacité d’agir pour modifier les rapports de domination qui existent entre les pays riches du Nord et ceux du Sud. Ces rapports de domination s’incarnent par un système économique injuste et créateur d’inégalités croissantes, et des réponses insuffisamment solidaires face à la crise climatique.
Voici cinq sujets particuliers sur lesquels le CCFD-Terre Solidaire n’hésitera pas à interpeller le nouveau gouvernement ces prochains mois :
La souveraineté alimentaire :
Tandis que la crise agricole française demeure une problématique majeure, la faim dans le monde ne cesse de progresser. La crise alimentaire touche de plein fouet les pays du Sud, mais aussi les Français, dont une part considérable n’est plus en capacité financière de choisir son alimentation.
Les systèmes alimentaires français et mondiaux sont de plus en plus déconnectés des besoins des populations, tant au Nord qu’au Sud, au profit des intérêts commerciaux et financiers.
Notre demande :
Nous appelons à une grande loi de transition agricole et alimentaire, qui réponde aux enjeux de souveraineté alimentaire, en partant des besoins alimentaires des Français, et en veillant à respecter la souveraineté alimentaire des pays tiers. Les paysans et paysannes du monde entier ainsi que les populations concernées ont le droit de de faire les choix par eux-mêmes pour garantir leur souveraineté alimentaire.
De la même façon que nous devons protéger notre souveraineté alimentaire des concurrences déloyales, nous devons cesser d’exercer ces mêmes types de concurrences sur les pays avec lesquels nous commerçons.
La guerre à Gaza :
Bientôt un an que la guerre à Gaza continue avec de graves violations des droits humains et du droit international, en toute impunité.
Aujourd’hui ? Aucune négociation pour libérer de nouveaux otages n’a abouti et le bilan humain à Gaza est monstrueux. On parle de plus de 40 000 morts et la Cour internationale de Justice avertit le monde entier d’un risque de génocide.
De plus, les faibles réactions des pays occidentaux permettent à la violence de s’étendre non seulement en Cisjordanie mais menace aussi les pays voisins.
Notre demande :
Avec d’autres ONG, nous demandons à la France de faire pression sur Israël en exigeant de l’Union européenne de suspendre son accord d’association qui facilite commerce et échanges avec ce pays, tant que les violations des droits humains se poursuivent.
La justice économique :
Le financement des services publics et de la lutte contre la crise climatique sont menacés par un système économique au service des plus fortunés, aggravant les inégalités et fragilisant nos démocraties. Alors que les pays du Sud font face à la pire crise de la dette de l’histoire, il y a urgence à mobiliser les financements nécessaires pour répondre aux crises qui se multiplient.
Notre demande
Nous demandons une annulation des dettes des pays du Sud et la mise en place d’une convention fiscale mondiale, actuellement en négociation à l’ONU, pour mettre fin à l’évasion fiscale et de faire en sorte que les plus riches et les multinationales contribuent pleinement et de façon juste à l’intérêt général.
Les migrations :
La France a adopté une loi qui traite les personnes exilées comme une menace et réduit leurs droits. En parallèle, elle a activement contribué à l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile. Ces textes verrouillent les frontières de l’Europe et encouragent la coopération avec des Etats tiers pour essayer de freiner les migrations.
Les migrations sont un fait historique. On ne peut pas faire croire qu’il suffit de décider d’y mettre un terme pour que ça soit le cas.
Notre demande
Nous demandons l’abrogation de la dernière loi immigration. Nous demandons aussi que le Pacte européen soit mis en œuvre en France dans le respect des droits et de la dignité des personnes exilées, et sans chercher à se défausser de nos responsabilités sur d’autres Etats.
L’aide publique au développement :
Ces dernières années la France avait réaffirmé son engagement financier au service du développement des pays du Sud en augmentant son aide publique au développement (APD) et en se fixant à 2025 l’atteinte de l’objectif historique de dédier 0,7% de sa richesse nationale (RNB) à l’APD.
Mais les coupes engagées en 2024 et encore nouvellement annoncées par le gouvernement démissionnaire pour 2025 sont un message dramatique envoyé par notre pays alors que les crises se multiplient à travers le monde (dette, climat, pauvreté, inégalité, etc…) et que les besoins humanitaires ne cessent de croitre.
Notre demande
Préserver le niveau d’engagement financier que la France s’était engagé à assurer au service du développement des pays du Sud, et notamment dans l’atteinte des 0,7% du Revenu national brut (RNB) à l’Aide Publique au Développement.