Exproprier pour détruire le Site patrimonial remarquable (SPR) de Perpignan - Notre participation à l'enquête publique

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Ilot 15 PA - Perpignan, îlot situé entre la rue de la Savonnerie et la rue des Carmes voué à la démolition au profit d’un espace "à dominante végétale". Illustration Sites & Monuments.

Observations soumises à M. le Commissaire-Enquêteur, demande de déclaration d’utilité publique du projet de renouvellement urbain sur le quartier Saint-Jacques de Perpignan, par Olivier Poisson.

Présentation "ludique" par la municipalité de Perpignan du projet de déclaration d’utilité publique (DUP) préalable à l’expropriation et au "renouvellement urbain".

Le projet de déclaration d’utilité publique soumis à l’enquête concerne une partie du quartier Saint-Jacques de Perpignan, la DUP devant conduire à l’expropriation d’un vaste secteur urbain, comprenant, entre autres, la rue Llucià, la rue des Carmes, la rue du Moulin-Parès, la rue des Potiers et quelques autres. La finalité de cette appropriation est de permettre d’une part la démolition pure et simple d’une partie du tissu urbain, la démolition-reconstruction de certains îlots et, enfin la réhabilitation supposée de certains autres.

Principaux îlots concernés par l’opération de renouvellement urbain.

Ce projet est dans la droite ligne des projets menés sur cette partie du centre-ville par les municipalités successives, depuis environ dix ans, qui sont largement critiquables.

En effet, bien que la ville soit dotée d’un Secteur sauvegardé (loi du 4 août 1962, dite « loi Malraux », aujourd’hui « Site patrimonial remarquable », SPR), aucun de ces projets ou leurs motivations, ou les méthodes qui leur sont associées pour leur mise en œuvre ne tiennent compte du caractère historique de la ville, de la qualité intrinsèque de ses bâtiments, de ses tissus ni de son paysage. On se contente, en matière de patrimoine, de faire une lecture « monumentale » attribuant une plus ou moins grande valeur à des édifices singuliers, sans reconnaître la valeur d’ensemble des quartiers vernaculaires dont la trame historique remontant au XIIIe siècle et dont l’évolution jusqu’au XXe siècle constitue (ou constituait, jusqu’au nombreuses démolitions des dix dernières années), un patrimoine et un paysage urbain des plus remarquables. Pour ces quartiers, on se borne, sans imagination et sans compétence effective, à postuler un « mauvais état », faire un constat de dégradation, sans jamais en évoquer les causes de manière précise ou argumentée. On peut lire par exemple, dans le dossier mis à l’enquête que la ville souffre, comme d’autres villes méditerranéennes paraît-il, du « vent, du soleil, du sel » (sic, p.5). Une déclaration d’une telle puérilité est consternante, comme d’ailleurs son rapport éloigné à la réalité. On cherche en vain dans ce dossier le moindre recul sur l’évolution du centre ville, on cherche en vain le moindre aperçu sur les causes de la dégradation (et les phénomènes qui les amènent), comme par exemple l’extension de l’étalement urbain, le déplacement des fonctions commerciales, l’évolution sociale du centre ville par le déplacement des zones d’habitat selon les catégories socio-professionnelles, la formation de véritable ghettos ethniques ou culturels, etc. Le constat d’une difficulté, présumée telle qu’elle doive entraîner un remaniement urbain extrêmement important, avec la disparition d’îlots entiers, l’effacement complet de rues, mériterait d’être appuyé sur des analyses précises, alors que le dossier se contente de notions extrêmement vagues comme (p. 15) des « difficultés urbaines, sociales et économiques ». On se demande d’ailleurs, dans le cas précis, si l’expression « difficultés urbaines » est une expression qui possède la moindre signification…

Recapiti
Julien Lacaze