Après avoir débattu de ses grandes orientations le 15 février, les élus ont adopté le budget pour l’année 2024. Un budget « responsable mais ambitieux » pour préserver le service public et poursuivre les grands investissements.
C’est dans un contexte national impactant fortement les finances des collectivités que les élus rezéens ont voté, le 11 avril, le budget pour l’année 2024. « Nous continuerons à œuvrer au quotidien pour les habitantes et les habitants et à accompagner la transformation pour l’avenir du territoire. Personne ne doit être laissé de côté, affirme la maire, Agnès Bourgeais. C’est pourquoi notre budget est à la fois responsable mais ambitieux. » Il s’élève pour l’année 2024 à 83,4 millions d’euros. Dont 62,5 millions d’euros dédiés au fonctionnement des services et 20,9 millions d’euros aux investissements.
Préserver les services aux habitants
« Il n’y a pas de politiques publiques inutiles et délaissées. Sport, culture, environnement, solidarités, tranquillité publique, aménagement, écoles, vie associative : rien ne peut être abandonné, souligne la maire. Notre choix est clair : le service public est un patrimoine commun. Nous ne pouvons le sacrifier sur l’autel de l’austérité. » Parmi les mesures confortées : le service d’aide à domicile étendu jusqu’à 19h y compris le week-end, le taux d’encadrement dans les accueils périscolaires supérieur à la réglementation, la gratuité de la médiathèque.
Poursuivre les grands investissements
« Cesser d’investir pour la ville n’est pas une économie en soit. On le paie un jour ou l’autre. Notre programme d’investissement ambitieux concerne principalement la réfection du patrimoine communal, dans une logique de rattrapage compte tenu de l’état de certains bâtiments comme la cuisine centrale ou le centre technique municipal. »
Parmi les grands projets réalisés ou lancés cette année :
- l’agrandissement et la rénovation du groupe scolaire Château-Sud (3 655 000 € TTC),
- l’installation de panneaux solaires sur le toit de la Halle de la Trocardière (1 770 000 € TTC),
- la mise en accessibilité pour les personnes en situation de handicap (1 420 000 € TTC en 2024),
- l’aménagement de la Maison de la prévention et de la tranquillité publique (1 487 000 € TTC),
- le réaménagement du parc des Mahaudières (1 000 000 € TTC),
- la rénovation des tribunes et vestiaires du stade Léo-Lagrange (6 207 000 € TTC),
- la création d’une crèche à la Trocardière (5 567 000 € TTC),
- la rénovation de l’accueil de l’hôtel de ville (510 000 € TTC).
« Ces travaux sont nécessaires. Nous ne pouvons plus les reporter. Ils permettront de réaliser des économies d’énergie demain », ajoute Nathalie Fond, adjointe finances.
Coupes budgétaires
« Pour rechercher des économies, certains projets sont en revanche mis en pause ou revus à la baisse », poursuit Nathalie Fond.
Parmi eux :
- le report de la réhabilitation du gymnase Liberge,
- les enveloppes allouées à la coopération internationale, au développement du sport « hors les murs », aux aires de jeux, au renouvellement des équipements scéniques, aux acquisitions foncières,
- l’abandon du projet de création d’une salle du conseil municipal dans la nouvelle cuisine centrale.
Soit, au total, 2,2 millions d’euros économisés jusqu’à la fin du mandat.
La Ville multiplie également les efforts pour contenir ses dépenses de fonctionnement, notamment de personnel. « Après avoir rattrapé le retard, les effectifs dans les accueils périscolaires sont stabilisés. Les seuls recrutements concernent cette année les policiers municipaux. » Et des économies sont réalisées grâce au renforcement des pratiques de sobriété : les consommations d’énergie sont, par exemple, optimisées ; davantage de recours au réemploi pour le matériel informatique et scolaire. « Depuis le débat d’orientation budgétaire en février, nous avons encore réduit de 305 000 € nos dépenses de fonctionnement. »
« Une solution intermédiaire »
Les efforts consentis ne suffisent pas à compenser la forte augmentation des dépenses due notamment à la revalorisation des salaires des agents non compensée par l’État (+ 1 million d’euros), à la hausse du coût de l’énergie (+ 785 000 euros) et à la baisse des sommes perçues grâce aux droits de mutation liés aux ventes immobilières (- 1 million d’euros). « Il n’y a pas de solution facile pour épargner les finances de la Ville, explique Agnès Bourgeais. Nous avons étudié toutes les pistes possibles. C’est une solution intermédiaire qui a été choisie pour ne pas faire reposer l’effort que sur la fiscalité ou le fonctionnement des services. » La taxe foncière augmente de quatre points (pour une maison de 90 m², cela représente une hausse de 80 € par an pour la part communale). La taxe d’habitation sur les résidences secondaires est augmentée de deux points. « Activer ces différents leviers nous permet de garder une situation financière saine et de pouvoir emprunter pour continuer à investir », ajoute Nathalie Fond. La dette par habitant (422 €) reste inférieure aux villes de même strate (1 006 €). « Nous avons conscience de l’effort financier qui est demandé, de son coût pour les Rezéens soumis à l’impôt. Cette décision n’a pas été prise à la légère. Néanmoins, nous savons aussi que l’action publique bénéficie à tous, et pas seulement aux plus démunis. Et qu’elle est à ce titre d’autant plus essentielle », conclut la maire.
Réactions
- Les élus de Rezé à gauche toute « saluent les efforts pour économiser sur certains projets », mais restent « dubitatifs sur l’effort considérable que l’on fait porter aux Rezéens avec l’augmentation de quatre points de la taxe foncière ». Deux élus votent pour la délibération, deux autres s’abstiennent.
- Les élus de Bien vivre à Rezé regrettent que « le budget proposé nécessite un recours à l’emprunt et une augmentation des prélèvements, prolongeant artificiellement le dogme de croissance infinie du produit intérieur brut (PIB). » Ils votent contre le budget.
- Les élus de Rezé ville de projets déplorent « la pression mise sur le pouvoir d’achat des ménages et la consommation locale. » Ils proposent de « lancer un débat citoyen pour travailler le budget 2025 avec les Rezéens ». Ils votent contre le budget.
- L’élue de Génération écologie questionne sur « le maintien de l’investissement onéreux de la cuisine centrale alors que la Ville de Saint-Herblain construit son propre équipement ». Elle s’abstient au moment du vote.
- L’élu à la restauration rappelle que « la nouvelle cuisine centrale de Rezé a été redimensionnée pour produire 4 500 repas à la suite du projet de Saint-Herblain de construire sa propre cuisine avec trois autres communes du Nord-Loire. La cuisine actuelle n’est plus adaptée. Ne pas réaliser ces travaux, c’est remettre en cause tout ce qui a été fait depuis le début de mandat pour « mieux manger et moins gaspiller. »
- La maire rappelle que « ne pas augmenter la taxe foncière supposait de fermer des services publics. Il n’est pas question que l’hôtel de ville soit moins accessible pour accompagner les démarches, que la médiathèque ou la piscine soient fermées au public une partie de la semaine, que les services d’aide à domicile cessent, que les enfants bénéficient d’un encadrement au rabais à l’école et au périscolaire. Abandonner nos grands projets d’investissement ne permettrait pas de compenser la hausse des dépenses de fonctionnement à court terme. Diminuer les subventions aux acteurs du territoire aurait été un signal d’abandon total pour toutes les personnes qui s’investissent au quotidien en faveur de l’intérêt général rezéen, et aurait eu des conséquences désastreuses sur la pérennité des associations ou des clubs sportifs. Partout le désengagement de l’État se ressent et nous impacte toujours durement. »