La demande d’électricité en Europe en hausse
La dynamique du marché de l’électricité en Europe est en pleine mutation, influencée par une augmentation prévue de la demande électrique, l’évolution des secteurs industriels et la transition vers une économie plus verte. La demande européenne d’électricité est projetée à augmenter significativement, de +2,9% en 2024 et de +2,7% en 2025, en raison notamment d’une reprise industrielle partielle.
Cette reprise est cependant tempérée par un secteur de la chimie qui peine à rebondir. L’industrie sidérurgique européenne devrait connaître un léger rebond de +5,6% en glissement annuel après plusieurs années de déclin, marquées par une récession dans le secteur de la construction.
Cette évolution de la demande survient dans un contexte où la crise énergétique exacerbée par le conflit en Ukraine avait entraîné une chute drastique de la demande industrielle d’électricité, qui a chuté de -3,7% en 2023. Les prix de l’électricité pour les industriels devraient baisser d’environ -15 à -30% en 2024, même s’ils resteront significativement plus élevés par rapport aux niveaux d’avant crise. Pour les consommateurs résidentiels et tertiaires, une hausse d’environ +30% des prix est attendue par rapport à la moyenne de 2017-2021 .
Cela suggère que l’augmentation de la demande pourrait exercer une pression sur les capacités de production et les infrastructures de réseau existantes. De plus, la volatilité des prix de l’électricité pourrait persister, affectant à la fois les consommateurs et les entreprises. Enfin, l’accent mis sur l’électrification et les énergies renouvelables est aligné avec les objectifs de réduction des émissions de CO2, mais requiert une coordination et un soutien politique forts pour surmonter les défis technologiques et financiers associés.
Le défi d’investissement de RTE
Dans un contexte d’urgence climatique et de transition énergétique, RTE annonce un plan d’investissement colossal. La France devra tripler ses investissements annuels, passant à 6 milliards d’euros d’ici à 2028, dans le cadre d’un effort plus large visant à mobiliser 100 milliards d’euros sur les 15 prochaines années. Ce programme ambitieux vise à moderniser un réseau électrique vieillissant et à accompagner la France vers une réduction significative de sa dépendance aux énergies fossiles.
Ce vaste programme d’investissement devrait avoir un impact significatif sur le marché de l’électricité en France et en Europe. Premièrement, en augmentant la capacité du réseau à intégrer les énergies renouvelables, il favorisera une offre d’électricité plus verte et potentiellement moins chère sur le long terme. Deuxièmement, en réduisant les risques de congestion et de pannes, il contribuera à la stabilité des prix sur le marché de gros de l’électricité. Enfin, en anticipant les besoins futurs, ces investissements préparent le terrain pour une transition énergétique réussie, marquée par une réduction significative de la dépendance aux énergies fossiles et une augmentation de la part de l’électricité dans la consommation d’énergie à 50% d’ici 2050.
La capacité nucléaire en France
La récente diminution de la capacité nucléaire française, avec une disponibilité inférieure de 350 MW aux prévisions d’EDF, soulève des questions importantes sur l’impact potentiel sur le marché de l’électricité. En mars 2024, la France a connu une disponibilité nucléaire de 42,8 GW, en baisse par rapport à la moyenne de février, avec 16 réacteurs sur 56 arrêtés, représentant 28% du parc nucléaire français. Cela a eu pour effet de limiter la production d’électricité nucléaire à 61% du total national.
Conclusion sur le marché de l’électricité
Les prix de gros de l’électricité semblent corriger à la baisse cette semaine. On note également une volatilité significative depuis le 23 février, date à laquelle le marché a atteint le point le plus bas enregistré depuis près de 3 ans (66,76 €/MWh). En effet, le marché a depuis évolué dans une amplitude d’environ 12 €/MWh.
Comme indiqué la semaine dernière, la hausse des prix des 2 semaines précédentes n’était pas alarmante. De plus, la correction baissière enregistrée cette semaine permet aux prix de gros de rester dans le corridor de prix déjà évoqué – entre 65 et 80 €/MWh.
Bien qu’une reprise de l’activité industrielle puisse stimuler la demande, avec des fondamentaux de marché toujours positifs et l’arrivée du printemps, les prix de gros de l’électricité devraient évoluer aux alentours des 75 €/MWh à court terme.