L’établissement vient de diffuser en interne un rapport de plusieurs pages, « Transition écologique et développement soutenable à l’INSA Toulouse », quel est l’objet de ce document ?
Nous avons éprouvé le besoin de communiquer sur la façon dont les communautés se sont engagées sur la transition écologique, et ce, sur l’ensemble des missions de l’établissement, en recherche, en formation et concernant le patrimoine et les pratiques sur le campus. Nous étions engagés avant même que le ministère ne fasse ses préconisations et que nous ayons l’obligation de produire un schéma directeur de développement durable et responsabilité sociétale et environnementale. Ainsi, nous avions déjà identifié dans le cadre de notre travail « Prospectives INSA 2040 », mené entre 2020 et 2021, des facteurs de changement. Travail qui avait donné lieu au lancement de trois grands projets. D’abord, inviter notre potentiel scientifique à s’exprimer autour de cinq grands enjeux sociétaux, d’où la mise en place d’appels d’offres du Conseil Scientifique pour encourager les activités de recherche interdisciplinaire sur la transition écologique et énergétique. Ensuite, développer un partenariat avec The Shift Project pour définir un nouveau référentiel de compétences de l’ingénieur, ce qui a conduit à des nouvelles maquettes de formation en partie opérationnelle depuis la rentrée dernière. Le dernier projet a concerné notre bâti et nos consommations. Nous avons 39 bâtiments pour certains très énergivores – au moment du travail de prospective, avec une consommation d’énergie annuelle de l’ordre de 10 GWh – qui s’explique par la densité de nos activités de recherche, des plateaux techniques à forte consommation et des bâtiments qui datent des années 60, pour la plupart. Nous avons renforcé notre service infrastructures pour pouvoir porter de gros projets de rénovation et, grâce à des financements obtenus dans la cadre du Plan France Relance, nous avons réhabilité la Résidence 1 et l’avons transformée en bâtiment à énergie positive – ce sont 247 logements sur 1 600 qui ont bénéficié de cette rénovation -, et, en 2022-2023, rénové une halle dédiée aux biotechnologies et le bâtiment qui abrite l’AIME (Atelier interuniversitaire de micro et nano-électronique).
« Nous étions engagés avant même que le ministère fasse des préconisations »
Ces actions ont-elles eu des résultats concrets ?
Cela s’est traduit notamment par une réduction de 29 % de notre consommation annuelle sur le réseau de chaleur, une réduction de 12 % de nos consommations électriques, et dans le même temps, la production en énergie électrique de nos panneaux solaires, que nous allons continuer à installer sur nos toits-terrasses, nous permet d’absorber 7 % de notre consommation.
Quels sont les autres projets en cours ou à venir ?
La transition écologique est une priorité de notre contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens 2024-2026 que nous allons signer avec l’État. Nous y affichons notamment notre intention de réduire notre empreinte carbone, travail pour lequel nous espérons un financement : il s’inscrira dans la continuité du bilan des émissions de gaz à effet de serre que nous avons produit et qui a permis d’identifier de gros postes à impact (mobilité, achats et consommation de fluides notamment). Nous recrutons un ingénieur dédié à cette question, car nous souhaitons réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 5 % par an. Ce poste est crucial car il va falloir, pour tenir cet objectif, réaliser une analyse plus fine de nos consommations et de la gestion de nos bâtiments et équipements. Autre projet en cours : nous continuons d’investir sur le monitoring et la distribution de la chaleur dans nos bâtiments pour un meilleur contrôle du chauffage.
Nous allons aussi élaborer une charte de la mobilité qui concernera les étudiants et les personnels, et, entre autres actions concrètes, nous souhaitons contribuer au financement du trajet des étudiants qui opteront pour le train pour effectuer une mobilité en Europe, grâce à une convention de mécénat que nous espérons signer avec la SNCF. Nous avons aussi lancé une grande enquête sur les pratiques de transport domicile – travail, à l’échelle de l’Université de Toulouse, pour voir dans quelle mesure nous pourrions, avec Tisséo, qui gère les transports en commun dans l’agglomération, revoir la distribution de leur réseau en fonction de la répartition géographique des personnels.
Nous proposons aussi 4 modules de formation en ligne aux enjeux de la transition écologique et énergétique à nos personnels et nous allons poursuivre notre politique de restauration, avec le menu végétarien proposé tous les lundis midi et en privilégiant les produits locaux et de saison. Enfin, nous allons construire un partenariat avec le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse pour mieux connaître, protéger et valoriser la biodiversité du campus.
« L’ingénieur de demain devra prendre en compte
la biodiversité pour développer son action »
Pourquoi cette action autour de la biodiversité ?
Grâce au Muséum, nous allons valoriser cette biodiversité. Nous avons déjà identifié plus d’une quarantaine d’espèces d’arbres différentes constituant un patrimoine remarquable que l’on doit notamment à la plantation d’espèces végétales importante entre 1920 et 1950 par le botaniste Henri Gaussen, alors Chef des travaux de Botanique à la Faculté des Sciences de Toulouse et Conservateur de Botanique au Muséum de Toulouse. Nous allons également travailler à rendre à nouveau perméables certains sols, pour les végétaliser à nouveau, sachant que les végétaux jouent un rôle de régulateurs du climat. Nous avons, à ce titre, mobilisé les expertises du LMDC (Laboratoire matériaux et durabilité des constructions) pour identifier dans un premier temps les îlots de chaleur présents sur le campus, et ensuite faire des préconisations avec le soutien du Museum. En première année de cursus, nous avons introduit un nouvel enseignement centré sur l’enjeu de la biodiversité, qui intègre un module dans le cadre duquel les étudiants vont observer et quantifier la biodiversité sur le campus avec des botanistes. L’ingénieur de demain devra prendre en compte la biodiversité pour développer des techniques : il devra s’attacher à la préserver, mais aussi s’en inspirer.
Le Festival des campus en transition, qui était une première, vient de se dérouler à l’INSA Toulouse. Quel bilan en tirez-vous ?
Nous avons expérimenté pour la première fois, le 28 mars dernier, la mise en place d’une journée banalisée consacrée à cette thématique. Le ressenti sur la qualité des animations et ateliers (des pitchs recherche, des ateliers tri des déchets, la découverte de la biodiversité sur le campus…) a été extrêmement positif, mais ce dernier reste « en demi-teinte » concernant la participation des étudiants ; nous l’aurions souhaité plus massive. Le prochain événement sera organisé à l’échelle de l’Université de Toulouse et se déroulera le 3 octobre 2024.
- Lire le rapport « Transition écologique et développement soutenable à l’INSA Toulouse ».
Rédaction : Camille Pons, journaliste