« J’ai une relation particulière avec le Stade Français parce que je suis une enfant du club » | Le Stade Français

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Emma-Lou Schindler, capitaine du Stade Français Hockey, s’est livrée dans un entretien dans lequel elle évoque notamment la saison actuelle de son équipe mais aussi l’honneur de représenter un club au palmarès si important que le Stade Français.

Commençons par parler des actus récentes de ton équipe, vous évoluez en Nationale 1, la deuxième division française de hockey sur gazon, c’est la trêve et votre dernier match s’est soldé par une défaite 1-0 contre Lille.

« C’est compliqué parce qu’on est descendu du championnat Elite donc on était censé être une équipe prometteuse en intégrant la Nationale 1. On a reconstruit toute une équipe après avoir perdu beaucoup d’anciennes joueuses donc aujourd’hui on travaille avec des joueuses qui sont beaucoup plus jeunes, moins expérimentées. La moyenne d’âge de l’équipe n’est même pas de 17 ans donc on a un groupe très jeune. On a une nouvelle coach, Philippine Berly, ancienne joueuse du Stade Français qui a joué en équipe de France pendant des années. Cela change aussi d’avoir une ancienne joueuse qui nous entraîne parce qu’il y a des nouveaux moyens d’apprentissage donc c’est compliqué pour nous toutes.

On est actuellement sixième (sur 10) au classement, je pense qu’on pouvait accrocher la troisième place avant la trêve si on n’avait pas fait quelques erreurs qui nous ont fait perdre beaucoup de points. On va travailler et même si ce n’est pas sûr qu’on remonte en Elite cette année, on peut prétendre au top 3. On a une équipe prometteuse avec deux joueuses qui sont en équipe de France chez les jeunes et on a aussi des joueuses qui ont joué des Coupes d’Europe donc c’est une équipe qui est en construction mais qui va aussi se construire pendant la trêve. On va travailler pour revenir plus fortes et peut-être montrer un peu plus nos capacités que lors de lors de la première partie de saison. Malgré tout, pour une équipe aussi jeune et qui a perdu plusieurs éléments, la sixième place est loin d’être ridicule.

Votre équipe est assez jeune cette saison, est-ce que le manque d’expérience vous a fait perdre des points sur certaines rencontres ?

Je pense que l’expérience est un facteur hyper important dans un sport collectif comme celui-là. Il y a des équipes jeunes et moins jeunes dans notre championnat. Certaines équipes ont d’anciennes joueuses internationales dans leurs rangs donc c’est assez compliqué. Je pense aussi qu’on n’a pas la même implication quand on est jeune dans le sens où on n’a pas forcément connu le haut niveau ce qui rend compliqué la gestion des moments plus durs. Sur des matchs où on est à égalité et qu’il faut absolument marquer, quand tu as 15 ans, évidemment que c’est plus compliqué pour toi de savoir ce que tu dois faire à ce moment-là que pour une joueuse qui a joué en équipe de France ou qui a plus d’expérience et qui a dû marquer sur des moments importants. Je pense cependant que c’est essentiel d’avoir une équipe jeune comme la nôtre parce que c’est une équipe qui va construire et qui va grandir ensemble. On va perdre peu de joueuses parce qu’on va toutes jouer ensemble, je pense, pendant encore 10 ans.

C’est un projet sur la durée ?

Exactement, c’est d’ailleurs l’objectif de notre coach, on en a beaucoup discuté et elle espère vraiment construire une équipe avec toutes les joueuses qu’elle a à sa disposition aujourd’hui et il y a vraiment un projet sur le long terme.

Tu es la capitaine du Stade Français Hockey, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?

J’ai une relation particulière avec le Stade Français parce que je suis une enfant du club. Mes grands-parents sont passés par le club, mon père aussi et mon frère est capitaine de l’équipe masculine du Stade Français donc c’est vraiment une histoire de famille. J’ai commencé tard parce que je pense que j’étais un peu rebelle et j’en avais marre d’entendre tout le monde parler de hockey dans la famille. J’ai pratiqué différents sports (danse, natation synchronisée, athlétisme), on a déménagé en Suisse pendant trois ans et là j’ai intégré le club du Stade Lausanne en hockey sur gazon à l’âge de 11 ans. Je me suis prise de passion pour ce sport parce que je n’étais pas contrainte, j’ai juste voulu le faire de mon plein gré. Ce n’était pas dans mon club donc j’avais aussi moins de pression. J’ai réellement commencé au Stade Lausanne même si j’avais un peu joué au Stade Français mais l’envie n’était pas là à l’époque. Quand je suis revenu à Paris, en 2016, j’ai fait mon retour au Stade Français et là je ne pouvais plus m’arrêter.

J’ai joué en U16, j’ai fait les sélections Île de France, les Championnats de France, j’ai été rapidement surclassé en Elite (niveau de l’équipe séniors à l’époque) et c’était une époque où la section féminine du Stade Français terminait toujours dans le top 4, j’étais avec des joueuses très expérimentées dont mon actuelle coach, Philippine Berly, avec qui j’ai joué et qui est aussi ma cousine, on en revient encore à cette histoire de famille (rires).

Cela fait 103 ans que la première équipe féminine du Stade Français Hockey a été créée, qu’est-ce que cela fait de représenter un club historique de la discipline ?

C’est un honneur parce que c’est un club qui est familial, ma grand-mère a porté les couleurs du Stade Français elle aussi. Notre section féminine est la plus titrée en France donc quand on reçoit nos adversaires à domicile, on voit toujours ce cadre avec tous les titres qui y sont inscrits. C’est impressionnant et ça nous pousse à nous dépasser encore plus pour représenter ce club de la plus manière possible.

On est redescendue Nationale 1 mais je pense que ça montre aussi la force de ce club. On réussira à remonter en Elite et on pourra construire un projet avec l’équipe qu’on a aujourd’hui. Je pense que ça montre que c’est un club qui est important en France et qui l’est pour nous toutes. Personnellement, quand je porte ce maillot et mon brassard de capitaine, je suis une amoureuse du club donc je me donne à 100%, c’est quelque chose qui est très important et pour beaucoup de joueuses de l’équipe.

Le palmarès du Stade Français et le côté historique de la section pèsent-ils dans le choix de certaines joueuses qui vous rejoignent ?

C’est vrai qu’il y a notamment beaucoup de joueuses étrangères qui nous contactent pour intégrer le club mais le problème est que le Stade Français est compliqué d’accès. Les étrangères ne peuvent pas faire des heures de trajets pour venir aux entraînements. Depuis que je suis arrivé, j’ai toujours joué avec des joueuses de différentes nationalités, cette saison c’est la première fois que notre effectif est 100% français. On essaie tout de même de faire de venir des joueuses des clubs alentours et, même si en ce moment c’est plus compliqué, le but l’été prochain sera de travailler pour pouvoir attirer des pépites françaises et étrangères afin de faire grimper encore plus le club.

Comment gérer l’exigence du niveau national avec notamment des longs trajets sur plusieurs week-ends alors que le hockey n’est pas votre activité principale ?

C’est très compliqué et c’est pour ça qu’on a besoin d’être impliquées à 100% mais parfois des joueuses ne peuvent pas être disponibles pour diverses raisons. Cette saison, il y a un week-end où nous sommes parties le samedi pour affronter Mérignac, juste à côté de Bordeaux, on a dormi à Bordeaux le samedi soir puis on a joué le dimanche à Toulouse. C’est dur, c’est fatiguant mais c’est un sport collectif donc on est obligé de s’impliquer à 100% parce que si on ne le fait pas ça impacte toute l’équipe.

On a fait le plus gros en termes de déplacements lors de cette première partie de saison. En deuxième partie, il nous restera un gros déplacement à Antibes mais pour le reste les déplacements seront moins conséquents. Ce qui est aussi compliqué c’est qu’en plus du dimanche, une grosse partie du samedi est prise par le hockey puisqu’on a entraînement. Le samedi soir on ne va pas sortir jusqu’à 4h du matin parce qu’il y a match le lendemain avec des départs à 8h du matin parfois. C’est compliqué mais on le sait, chaque joueuse qui intègre l’équipe le sait. Aujourd’hui on y arrive, ça a toujours bien marché, on a quand même trois mois de trêve donc c’est énorme et on essaie d’expliquer à chaque fille qu’il y a trois mois d’implication, une pause de trois mois, à nouveau trois mois où il faut être impliquée puis une pause de deux mois pendant l’été. Cela ne fait pas une énorme coupure mais pour l’instant ça va, après il y a aussi les études à côté sur cet aspect là ça peut aussi être compliqué.

Si la contrainte des déplacements existe, on imagine aussi que ça peut souder un groupe parce que ça permet à l’équipe de passer de vrais moments ensemble ?

Franchement, ce sont aussi des moments qui sont exceptionnels. J’ai fait une Coupe d’Europe il y a quelques années donc quand on part en Coupe d’Europe on est à 100% avec le groupe. C’est assez long, ça demande de l’implication mais quand tu pars avec toutes tes copines, parce qu’il faut dire que c’est plus qu’une équipe ce sont des copines en fait, évidemment que tu prends du plaisir. Quand on a fait le double déplacement du côté de Bordeaux et Toulouse, c’était génial parce qu’on dormait toutes ensemble, on dînait, on parlait puis on redécouvre aussi son équipe autrement. Je pense aussi que c’est un aspect à la fois négatif et positif ce côté déplacement. Cela rapproche tout le monde et on peut découvrir chaque joueuse sous une autre facette, je trouve que c’est hyper important et intéressant d’avoir ces petits moments. Personnellement, j’aime bien les déplacements, ça peut paraître bizarre mais j’aime bien partir avec mon équipe.

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