Fallait-il une femme pour évoquer de l’intérieur la passion amoureuse d’une autre femme ? Sans doute. La romancière Christine Orban y réussit avec finesse et sensibilité. Elle se glisse dans les habits et la peau de Joséphine de Beauharnais, impératrice des Français qui disparaissait il y a plus de 200 ans et nous restitue les tourments de la femme délaissée, victime de la raison d’état et surtout de l’ambition d’un homme, de son homme, Napoléon Ier. Pour révéler au lecteur les méandres de la douleur, l’écrivaine choisit le mode épistolaire. C’est dans une longue lettre rédigée à la vieille de sa mort et adressée à l’aimé désormais inaccessible que Christine-Joséphine retrace un amour et une vie. Quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur de Christine Orban : un livre qui se glisse dans la peau de Joséphine de Beauharnais, impératrice déchue !
Née en Martinique,
survivante de la Révolution française où son mari a péri, Marie Josèphe Rose de Tascher de La Pagerie dite Joséphine de Beauharnais, très en vue dans la vie mondaine parisienne, a deux enfants et 6 ans de plus que Bonaparte quand elle épouse celui qui n’est encore qu’un jeune officier corse ambitieux, chevelu et maigre. 15 ans de vie commune, de lettres fougueuses et aussi de trahisons amoureuses plus tard, son ambition et la raison d’état commande à l’empereur de dissoudre son mariage avec Joséphine pour épouser l’archiduchesse Marie-Louise qui le fait entrer dans les familles royales de toute l’Europe et dont il espère le fils que sa première épouse ne peut plus lui donner.
Réfugiée à Malmaison
De cette répudiation rendue publique aux Tuileries devant toute la cour et surtout la famille Bonaparte qui ne l’aime pas et ricane, Joséphine ne se remet pas. Elle se réfugie dans son domaine de la Malmaison où elle tente sans y parvenir de réorganiser sa vie qui s’étiole. Et le roman sur là revient sur sa folle passion de cette jolie femme qui a su jouer de sa personne pour celui qui a fait trembler l’Europe. C’est une femme en disgrâce, tombée bien bas après avoir gravi tous les échelons du pouvoir qui s’exprime. C’est une femme privée du droit à l’attente qui s’exprime, l’attente « qui est une présence différée, une présence envoûtante, chargée d’espoir et de souvenirs ». Pas-à-pas, la femme abandonnée se raccroche comme elle peut à ce qu’elle a vécu, ressassant ses souvenirs sans que ce soit lourd pour le lecteur. Un excellent exercice de style qui dresse un beau et attachant portrait de femme amoureuse.
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Par Françoise Cariès. MagCentre.