Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 25 février 2025
Florence Gros : Il y a quelques jours, autour d’un petit déjeuner organisé par la mairie de Paris, je rencontrais un certain nombre d’acteurs dans le champ du handicap. Parmi eux quelques présidents et directeurs d’associations qui développent des initiatives pour que les personnes handicapées trouvent leur place dans la société, principalement à l’école et au travail. Cette rencontre avait lieu à l’occasion des 20 ans de la loi sur le handicap dont nous avons déjà parlé ensemble. Il est vraiment intéressant de rencontrer ces personnalités énergiques, d’entendre à travers leurs expériences de terrain ce que la loi a permis, ses manques et ce qu’on peut encore en attendre… Tous ces acteurs ont bien l’intention de continuer à se battre.
Etienne : D’où vient toute leur énergie ?
Florence Gros : J’ai réalisé Etienne que la plupart sont concernés très personnellement. Leurs proches doivent être un moteur d’énergie et de créativité. Confrontés au handicap de leurs enfants, désireux que leurs enfants puissent légitiment construire leur vie au milieu de nous tous, ils interpellent, créent, contournent les obstacles … Je vous partage 3 exemples : Julien Pouillot, président d’Autisme sans frontière est papa d’un jeune autiste. Il travaille à l’inclusion en milieu scolaire. Son enfant a grandi et aujourd’hui c’est dans le milieu professionnel qu’il veut faire bouger les choses. Stéphanie Roland-Gosselin est directrice de l’association Access Job dont le but est d’accompagner des jeunes que le handicap mental ou l’autisme empêche d’accéder au monde de l’entreprise. Elle sait de quoi elle parle. Elle est maman d’un fils trisomique et son association suit une quarantaine de jeunes. Frédérique Picard le Bihan est présidente de DareWomen handicap. L’association accompagne de nombreuses femmes handicapées, peu reconnues pour leurs compétences et découragées par leur parcours professionnel chaotique. Le parcours de sa fille sourde a certainement été source d’inspiration. Tous témoignent que la loi a ouvert un champ des possibles mais qu’il reste de nombreuses barrières à lever.
Etienne : Quels sont les freins principaux. Est-ce que cette loi est l’affaire de tous ou de quelques acteurs très impliqués et informés ?
Florence Gros : Je crois qu’on peut tous s’informer pour prendre part à l’édification d’une société qui accueille toutes les différences. Je vous invite à lire les différents articles du site de la revue Ombres & Lumière. Les journalistes ont interviewé des personnalités très diverses : Charles Gardou, anthropologue, Jean-Yves Hocquet, président des Papillons blancs, Caroline Boudet, auteure et maman… Leur regard sur cette loi varie selon leurs expériences. Dans cette rencontre à la marie de Paris, j’ai perçu une volonté de recourir plus souvent à la sanction : amendes plus élevées si le quota de personnes handicapées embauchées n’est pas atteint ou si le commerçant ne respecte pas les normes d’accessibilité de son commerce. Le principe d’égalité a-t-il pris le dessus sur celui de fraternité ? Les deux sont à conjuguer. L’OCH avec son souci de provoquer la rencontre qui change le regard sur la personne handicapée souhaite une société fraternelle, et non individualiste où chacun serait seul et autonome. La personne handicapée n’est pas un problème à résoudre mais une personne avec des richesses à découvrir.
Chroniques animées par Etienne Pépin, journaliste et présentateur de RCF Radio.