Jeune femme discrète, Ambre a partagé avec sa mère SOS une ouverture sur les cultures du monde et une passion pour la musique.

Je me souviens précisément de mon arrivée au village d’enfants de Jarville, le 25 août 2014 », raconte Ambre, 20 ans. « C’était une journée ensoleillée, poursuit-elle. Nous nous étions d’abord arrêtés à la  maison commune, où nous avons été accueillis par les éducateurs, le directeur du village et Cristelle*, notre mère SOS, dont les cheveux rouges me fascinaient. » Une fois dans leur nouveau « chez-eux », Ambre et son petit frère de deux ans son cadet ont découvert que Cristelle avait soigné leur arrivée. « Nos chambres étaient magnifiquement décorées, des doudous nous attendaient sur nos lits, elle m’avait offert un carnet et un stylo, mon frère avait eu des Lego… » Deux ans plus tard, ils ont pu être rejoints par une petite sœur confiée jusque-là en famille d’accueil. 

La jeune femme – qui termine, à Nancy, ses études pour devenir éducatrice spécialisée – raconte avoir passé ses premières années dans un milieu instable et insécurisant. « La police intervenait fréquemment à la maison. Un jour, en 2012, on m’a dit : “Pour ta sécurité, tu vas partir ailleurs un moment.” » 

Comme ses propres enfants 

Après avoir vécu deux ans en foyer, Ambre rejoint le village SOS avec son frère. À cette période, c’est une fillette réservée qui a des difficultés à tisser des liens avec les autres enfants et les adultes. Sa nature introvertie ne l’a cependant pas empêchée de nouer une magnifique relation avec Cristelle. « Elle m’a tant apporté ! Elle m’a appris à vivre, pas en tant qu’enfant placée, mais en tant qu’enfant tout court. Elle a tout fait pour que notre vie ressemble le plus possible à celle des autres enfants. Elle ne voulait pas que nous l’appelions maman, mais elle avait un côté très maternel et rassurant. Elle nous traitait comme ses propres enfants. » 

Parmi les choses que l’éducatrice familiale a transmises à Ambre, il faut d’abord évoquer sa passion pour la musique. « Cristelle aimait le rock, la pop, et elle m’a fait découvrir une multitude de genres et d’artistes. La musique a aujourd’hui un rôle central dans ma vie », explique la jeune femme, qui joue de la guitare, de la basse, du ukulélé et apprend le piano. De Cristelle, Ambre a aussi hérité son goût du voyage, son plaisir à découvrir différentes cultures, de nouvelles langues et traditions locales… Cristelle est aujourd’hui décédée, mais ces souvenirs restent très présents pour Ambre. Cette perte l’a profondément affectée et elle ne pense pas en être encore totalement remise. 

Devenir un jour magistrate 

En difficulté scolaire lorsqu’elle était en foyer, Ambre a bénéficié, dès son arrivée à Jarville, d’un soutien qui l’a aidée à rattraper son retard et à se découvrir de nouveaux intérêts. À l’école où elle était scolarisée, elle dit avoir trouvé un cadre qui lui a permis de s’épanouir, notamment dans les disciplines littéraires. 

Après le décès de Cristelle, la scolarité d’Ambre a été plus difficile. Cependant, malgré une période de doute sur son orientation, la jeune femme reste aujourd’hui attachée à son rêve de collégienne : « Dès la cinquième, je savais que je voulais étudier le droit. Avocate, juge d’instruction, procureure… j’avais envisagé différentes professions. Pourtant, en terminale, je n’étais pas sûre d’avoir le niveau pour réussir… » Après le bac, Ambre a choisi d’intégrer une formation pour devenir éducatrice spécialisée. Elle sait à présent qu’une fois diplômée, elle entamera des études de droit.

« C’est le domaine qui m’intéresse le plus. J’espère un jour être magistrate et pouvoir porter une attention particulière aux affaires concernant les enfants. » 

Lors de son entrée en formation post-bac, la jeune femme a quitté le village d’enfants SOS et vit aujourd’hui dans un appartement d’une résidence étudiante du Crous de Nancy. Elle se livre sur ce que SOS Villages d’Enfants lui a apporté. 

Arriver dans une structure où les gens sont aussi attentionnés a été la grande chance de ma vie. Cela m’a permis de vivre une enfance aussi normale que possible, puis de me construire en tant que femme et citoyenne.