Elser, un héros ordinaire d'Oliver Hirschbiegel, ou le film de l’individu face à l’Histoire ! - CulturAdvisor

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Georg Elser, c’est ce bricoleur de génie qui réussit l’incroyable tour de force de placer une bombe dans la brasserie de Munich où tous les huit novembre, la plus haute hiérarchie nazie se réunissait autour d’Hitler pour commémorer la tentative avortée de putsch de 1923. À quelques minutes près, le huit novembre 1939, Hitler, Himmler, Goebbels, Ribbentrop et d’autres criminels nazis étaient éliminés par quelques kilos d’explosif , quatre mois après le début de la deuxième guerre mondiale, qui fera comme le rappelle le film, 55 millions de morts… Elser, un héros ordinaire d’Oliver Hirschbiegel, avec Christian Friedel, Katharina Schüttler et Burghart Klaußnerou, ou le film de l’individu face à l’Histoire !

Un hommage à un héros

Bien sûr, ce film est un hommage à ce héros, jusqu’à récemment un peu oublié, et à son courage hors du commun, non seulement par son acte tragiquement manqué, mais aussi face à la barbarie de la police nazie qu’il dut affronter après son arrestation.

Mais ce film repose implicitement sur deux questions lancinantes mais sans réponse, l’une relève de la politique fiction: que serait-il advenu si l’attentat avait réussi ? La machine de guerre nazie n’était-elle pas déjà suffisamment enclenchée pour se passer de son impétueux Furher, et à quoi servait finalement la figure de ce personnage dans cet élan inéluctable vers la guerre ?.. On repense ici, à Victor Hugo qui dans “Histoire d’un Crime” révèle comment il se refusa à fomenter un complot contre Napoléon III qui venait de réaliser son coup d’état contre la République, ce qui conduira la France à la défaite de 1870 et aux deux guerres mondiales qui en ont résulté…

Elser, un héros ordinaire d’Oliver Hirschbiegel, avec Christian Friedel, Katharina Schüttler et Burghart Klaußnerou, ou le film de l’individu face à l’Histoire !

La responsabilité individuelle face au déterminisme de l’Histoire

Et puis, il y a la personnalité d’Elser qui “résiste” à toute explication, personnage totalement solitaire (c’est sans doute pourquoi il échappe à la surveillance intensive des opposants mise en place par le régime nazi), dont le film tente de décrire vainement, une psychologie autour de son père alcoolique, de ses déboires amoureux où de sa foi chrétienne. La Gestapo ne pourra jamais comprendre ce qui a pu motiver cet opposant qui se définit lui-même comme “un homme libre”, concept qui échappe évidemment aux serviteurs zélés d’un régime totalitaire. Hitler lui-même donnera l’ordre à ses sbires de percer le secret de cet homme qui restera, dans son geste sans équivalent, aujourd’hui encore, irréductible à la causalité historique, mais la liberté individuelle s’inscrit-elle dans l’Histoire ?

Et même si notre soif inextinguible d’explications (l’Histoire ne nous sert-elle pas qu’à cela), reste ici inassouvie, ce film troublant et pathétique, réitère l’insoluble question existentielle de la responsabilité individuelle face au déterminisme de l’Histoire…

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Par Gérard Poitou. MagCentre.

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