Bien qu’il soit désormais courant dans les négociations climatiques de parler des coûts sociaux des émissions et des dommages économiques, la santé reste en marge des politiques, du financement et des tables de négociation.
La santé, encore trop absente des décisions climatiques
Dans les négociations climatiques, on parle souvent du coût social des émissions. On évoque aussi les dommages économiques. Pourtant, la santé reste largement oubliée.
L’Afrique n’émet que 3 à 4 % des gaz à effet de serre mondiaux. Malgré cela, elle subit déjà des impacts climatiques très sévères. Les sécheresses, les inondations et les épidémies se multiplient. Ces chocs affaiblissent les systèmes de santé. Ils aggravent aussi les inégalités d’accès aux soins.
Cette réalité démontre une chose : la santé doit entrer au cœur des politiques climatiques.
COP30 : un moment clé pour la justice climatique et sanitaire
À la COP30 de Belém, la justice climatique prend une place centrale. Pour Amref Health Africa, il n’y aura pas de transition écologique réussie sans justice sanitaire.
L’organisation rappelle un point essentiel : renforcer les systèmes de santé reste indispensable pour protéger les populations. De plus, former les acteurs de santé aux risques climatiques permet d’anticiper et de répondre plus efficacement aux crises.
Ainsi, Amref défend une vision claire : placer la santé au cœur de toutes les stratégies climatiques.
Un Curriculum pour former les négociateurs africains Santé & Climat
Addis-Abeba (Ethiopie), le 10 septembre 2025, à l’occasion du deuxième Sommet africain sur le climat (AEC2), Amref Health Africa, l’Université internationale Amref (AMIU) et le Groupe africain de soutien aux négociateurs experts (AGNES), avec le soutien du Wellcome Trust, ont lancé le Climate Change and Health Negotiators’ Curriculum (Curriculum pour les négociateurs en Santé et Climat), une initiative unique en son genre visant à renforcer la voix de l’Afrique dans les négociations mondiales sur le climat.
Ce programme renforce la capacité des négociateurs africains à défendre les priorités du continent. Il leur donne des outils de plaidoyer, des données fiables et des compétences techniques. Grâce à cela, la santé peut enfin trouver sa place dans les négociations internationales et dans les mécanismes de financement.
Desta Lakew, Directrice du groupe des partenariats et des affaires étrangères chez Amref Health Africa, a déclaré :
» Les communautés sont en première ligne de la crise climatique, car les impacts sur la santé se font d’abord sentir dans les villages, les villes et les centres urbains. Pour renforcer la résilience en Afrique, les négociateurs, les gouvernements, la société civile et les scientifiques doivent travailler ensemble pour s’assurer que la santé est fermement ancrée dans l’ordre du jour de la CCNUCC et des COP. «
Renforcer le leadership africain dans la diplomatie climatique
Tout comme le sujet des Pertes et dommages a mis des années à être reconnu, il faudra une mobilisation constante pour que la santé obtienne la place qu’elle mérite dans la diplomatie climatique.
Pour y parvenir, Amref Health Africa recommande :
- La nomination de référents santé dans toutes les équipes africaines de négociation,
- Une coordination renforcée afin que l’Afrique parle d’une seule voix,
- Une intégration systématique de la santé dans les stratégies climatiques nationales,
- La poursuite d’un plaidoyer cohérent, patient et résilient.
Grâce à ce Curriculum panafricain fondé sur l’expérience des communautés locales, Amref contribue à faire de la santé :
- Un pilier des politiques climatiques,
- Un levier de résilience,
- Un moteur d’innovation porté par l’expertise africaine.