La disparition de l’ARENH constitue un tournant majeur pour les organisations, bien au-delà d’un simple ajustement réglementaire.
En remplaçant un prix administré par un cadre fondé sur « le coût complet du parc nucléaire, estimé à 60,3 €/MWh pour 2026-2028 », la CRE ouvre une nouvelle ère où la valeur de l’électricité reflète directement sa réalité économique.
Le marché sort d’un régime protecteur pour entrer dans une logique où « les prix reflètent davantage les conditions de production, la rémunération du capital investi et la prolongation de la durée de vie des réacteurs ».
Pour les entreprises, cela signifie la fin d’un environnement stabilisé et la nécessité de composer avec une volatilité renforcée, amplifiée par les aléas de la disponibilité nucléaire et par des dynamiques de marché désormais déterminantes.
Ce changement structurel transforme l’électricité en indicateur stratégique plutôt qu’en variable budgétaire figée, obligeant les organisations à intégrer plus finement les signaux du marché, les projections de coûts et les perspectives d’évolution du mix énergétique.
Dans ce nouveau paradigme, la fonction achats n’est plus cantonnée à un rôle d’exécutant : elle devient un centre de pilotage indispensable à la compétitivité.
La fin du prix régulé souligne en effet « la disparition d’un filet de sécurité tarifaire » qui servait de socle aux constructions budgétaires. Désormais, la capacité d’une entreprise à sécuriser ses coûts dépend de sa faculté à repenser ses arbitrages, car « la maîtrise des coûts passera par des approches plus intégrées : contrats pluriannuels, mutualisation des volumes et diversification des fournisseurs ».
Les achats à court terme, exposés de plein fouet à la volatilité, sont mécaniquement plus risqués.
Cette nouvelle donne impose une montée en maturité : renforcer l’analyse, anticiper les évolutions du parc nucléaire, intégrer les impacts des taux d’intérêt sur les coûts de production, et structurer des stratégies d’approvisionnement capables d’absorber les chocs.
Ce mouvement revalorise les directions achats comme un levier clé de performance, de transition et de sécurisation du risque énergétique.