Valenciennes, la Maison Claire Morandat héberge et soutient les jeunes de 16 à 21 ans dans leur transition vers l’autonomie via un accompagnement éducatif, psychologique et socioprofe-ssionnel. Mais à 21 ans, la vie ne devient pas soudainement stable. Au contraire, les difficultés ont souvent tendance à s’accumuler : démarches administratives complexes, recherche d’emploi incertaine, sentiment d’isolement, doutes, responsabilités trop lourdes à assumer seul… C’est pourquoi SOS Villages d’Enfants a mis en place le « dispositif de suite », un accompagnement qui prolonge le lien au-delà de la fin de l’accueil.
« Cette attention a toujours existé, mais ce dispositif a été formalisé et renforcé il y a cinq ans dans le cadre de la politique nationale de la fondation pour l’accompagnement des jeunes à leur sortie », explique Julie Février, responsable des programmes éducatifs.
Ce suivi n’a pas de durée limitée. Il est là tant que le jeune en ressent le besoin et répond à une évidence partagée par tous les professionnels de terrain : à 21 ans, on n’est pas toujours prêt à affronter seul les réalités de la vie adulte.
« Le soutien répond à des besoins très divers », complète Odile Debarge, éducatrice spécialisée. Il peut être effectué au domicile du jeune, à la Maison Claire Morandat, par téléphone… « Nous pouvons aider le jeune à emménager, à mieux gérer ses dépenses, à remplir une déclaration d’impôts, à trouver une assurance auto, à faire une demande de nationalité ou à comparer les taux bancaires…. »
Néanmoins, ce sont souvent les questions liées à l’emploi qui reviennent dans les demandes d’accompagnement. « La majorité des demandes concernent l’insertion professionnelle, ajoute Julie Février. Cet accompagnement est primordial car « les difficultés d’emploi entraînent des problèmes financiers, de logement, d’alimentation etc. Nous avons parfois dû octroyer une aide d’urgence à des jeunes n’ayant plus de quoi se nourrir. »
Par ailleurs, à l’approche de la sortie, des blessures passées peuvent ressurgir. Certains jeunes vivent des périodes d’angoisse, de perte de repères, voire de repli sur eux-mêmes. Grâce à la relation de confiance tissée durant les années passées à la Maison Claire Morandat, les éducateurs peuvent continuer à jouer un rôle essentiel : être là, écouter, rassurer et orienter vers les soins adaptés.
« Nous avons un lien de confiance avec le jeune, complète Odile Debarge. Nous connaissons son histoire et, quand cela est nécessaire, nous pouvons faciliter la mise en liaison avec des professionnels en santé mentale qu’il n’ose pas contacter seul. »
Et souvent, ce lien tissé entre professionnels et jeune perdure même quand tout va bien. Un CDI décroché, un permis obtenu, l’arrivée d’un bébé, un déménagement… Beaucoup d’anciens jeunes reviennent donner de leurs nouvelles, partager leurs petites ou grandes victoires. Sans doute est-ce la plus belle des reconnaissances de cette relation particulière et si importante.