Le Grand Jeu de Nicolas Pariser, ou le film du coté sombre de la République ! - CulturAdvisor

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Hasard d’une sortie en salle prévue de longue date, ce thriller politique plutôt bien ficelé, nous donne l’occasion de revisiter une affaire pour le moins pas très claire de notre République et de sa justice récente, avec une question d’actualité : que serait le devenir judiciaire de la pseudo-affaire du groupe « terroriste » de Tarnac, dont s’inspire le film, dans le cadre de l’état d’urgence qui régit, encore pour quelque temps, notre démocratie ?… Le Grand Jeu de Nicolas Pariser, avec Melvil Poupaud, André Dussollier et Clémence Poésy, ou le film du coté sombre de la République !

Un plan machiavélique

Mais revenons au film, qui s’ouvre avec un préambule qui pose l’ambiance : une autre «affaire», l’affaire Battisti, terroriste italien des Brigades Rouges, réfugié en France et devenu écrivain, qui est exfiltré vers le Brésil par les services français, façon de s’interroger sur le statut de l’écrivain et de son influence sociétale, puisque dans ce film, la librairie est le lieu focal où se croisent les destins…

C’est après cette entrée en matière que se produit la rencontre, bien évidemment pas fortuite, entre le trop élégant Joseph Paskin (André Dussolier) et le révolté au chômage, écrivain de son état, Pierre Blum (Melvil Poupaud, excellent), rencontre d’où naitra le plan machiavélique aux motivations pas forcément très limpides, car comme le dit notre Joseph Paskin-Talleyrand : « La liberté d’expression est un moyen plus sûr de brouiller les pistes pour le plus grand nombre, que la censure ».

Le Grand Jeu de Nicolas Pariser, avec Melvil Poupaud, André Dussollier et Clémence Poésy, ou le film du coté sombre de la République !

La fin de l’Histoire

Mais notre manipulateur aura moins de chance que son illustre prédécesseur, sa machination entrainera son auteur vers une fin en forme d’allusion visuelle à la mort, elle aussi toujours pas élucidée, de Robert Boulin en octobre 1979, dans une mare de 30 cm d’eau en forêt de Rambouillet.

Quant à notre écrivain manipulé, il trouve refuge auprès de ses anciens amis gauchistes mous, attendant au vert la fin du capitalisme, qu’il a bien involontairement désignés à la vindicte publique. Le propos du flm prend alors une tournure désabusée, voire cynique, dans cette description d’une génération où l’utopie n’arrive plus à dépasser l’autarcie légumière, avec ce constat froid de la fin de l’Histoire : « Le temps ne s’est pas écoulé [depuis les années 70], nous avons juste vieilli… ».

Le Grand Jeu de Nicolas Pariser, avec Melvil Poupaud, André Dussollier et Clémence Poésy, ou le film du coté sombre de la République !

Une mise en scène bien rodée et sans fioritures

Le film s’enlise un moment dans l’aventure sentimentale entre notre écrivain en cavale et une militante du bout des lèvres, mais l’action reprend vite ses droits pour finir dans une poursuite qui ne manque pas de nous essouffler…

Avec une mise en scène bien rodée et sans fioritures, évitant habilement de sombrer dans le genre «théorie du complot», ce film porte un regard sur les limites obscures de notre système politico-médiatique, qui ne doit jamais échapper à la vigilance citoyenne, qu’on se le dise !

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Par Gérard Poitou. MagCentre.

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