Retour sur la cérémonie de dévoilement de la plaque label « Architecture Contemporaine Remarquable »
La cérémonie s’est tenue le mardi 9 décembre 2025 dans la salle des conseils de l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier, en présence de Michel Roussel, Directeur régional des affaires culturelles accompagné par Luc Doumenc, architecte concepteur du bâtiment, Thierry Verdier, Directeur de l’ENSAM et Gilles Cusy, Président du CA.
Le label « Architecture contemporaine remarquable » a été créé par la loi du 7 juillet 2016, en remplacement de l’ancien label, créé en 1999, « Patrimoine du XXe siècle ». Ce label permet de souligner la qualité architecturale, constructive et esthétique d’édifices de moins de 100 ans qui ne bénéficient pas encore d’une protection au titre des Monuments Historiques.
L’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier (ENSAM) a obtenu ce label le 2 avril 2019, pour l’ensemble des bâtiments construits entre 1976 et 1978 par les architectes Luc Doumenc, Frédéric Szczot, Edouard Gallix, Michel Rueg et l’artiste plasticien Jean-Jacques Leccia. La plaque nouvellement créée par le ministère de la Culture a été remise au directeur de l’ENSAM.
Un label qui récompense une architecture singulière
Ce label décerné par la DRAC Occitanie met en valeur le caractère expérimental et participatif d’une école d’architecture qui puisait ses références dans une certaine architectonique méditerranéenne de la modernité, et était organisée autour de deux grands halls entourés de vastes coursives d’ateliers. Cette composition spatiale entendait refléter l’espérance d’une pédagogie « participative » et « engagée socialement », dans la droite ligne de Mai 1968. Le langage architectural déployé par les concepteurs de l’école s’appuyait sur deux archétypes majeurs : l’œuvre de Josep Lluís Sert et le « matériau lumière », et la référence à Paul Rudolph et la « matérialité brutaliste » des bétons précontraints.
L’ensemble architectural composa ainsi une véritable démonstration constructive et esthétique dans laquelle aucun détail ne fut négligé. Depuis le choix des carrelages de grès aux tons Sienne brulé, le traitement des sanitaires avec leurs robinetteries sur pivot, les radiateurs traités en ailettes verticales, les lices de bois poli des rampes d’escaliers, les garde-corps en mélaminé marron, le traitement des sols d’atelier en liège compacté, …, jusqu’au traitement des murs rideaux en capotage de tôle pliée marron ou les assises de baies laquées, pour se,parachever dans l’extraordinaire explosion formelle des voûtains structurels rayonnants, …, ou encore par l’incroyable majesté, d’un amphithéâtre suspendu dans le vide des deux halls, …, absolument toute l’architectonique du bâtiment exprimait l’unique d’un lieu d’enseignement de l’architecture.
Depuis 1978, le bâtiment a connu de nombreuses modifications, jusqu’à 2023 avec la rénovation énergétique conduite par l’agence Benoît Maignial dans le cadre du plan France Relance. Cette rénovation a reçu le label « réHAB XXe » dédié aux réhabilitations exemplaires de bâtiments de la seconde moitié du XXème siècle. En savoir plus
Hommage à Philippe Besème
À cette occasion, l’amphithéâtre de l’école a été renommé Philippe Besème, en l’honneur de cet enseignant (1946-2018) qui dispensa des cours à l’ENSAM, responsable de l’enseignement de conception architecturale. Ses cours obtiennent une audience remarquable qui donneront lieu à un « polycop » particulièrement recherché, intitulé Composer. Philippe Besème y enseigne, par le dessin, comment exprimer une idée. Une idée fondée sur de multiples paramètres, depuis le programme jusqu’au « territoire », mais qui doit, pour s’épanouir, considérer, l’art de la référence, la culture personnelle, et bien évidemment le sensible, comme les linéaments d’une véritable pensée architecturale. C’est ce document, véritable introduction à la conception architecturale, qui est aujourd’hui édité par les Éditions de l’Espérou. Voir l’ouvrage.
