[2025.12.15] 19 jocistes ont été béatifiés le samedi 13 décembre 2025 à Notre Dame de Paris – Jeunesse Ouvrière Chrétienne

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19 jocistes béatifiés à Notre Dame de Paris

Le 13 décembre 2025, 50 martyrs victimes de la persécution nazie ont été béatifiés à la Cathédrale Notre Dame de Paris. Parmi ces 50 catholiques envoyés au  Service du travail obligatoire (STO), figuraient 19 jocistes. Des jocistes et anciens jocistes de la JOC ont eu l’opportunité d’assister à cette célébration unique et pleine de sens. Ce fut un moment de foi intense et profondément chargé en émotions.

Nous pensons aujourd’hui aux bienheureux, qui ont choisi de rester fidèles à la foi, à la dignité humaine et à l’engagement jociste, même face à la violence et à la peur. Leur courage traverse le temps et continue de nous appeler à nous engager, aujourd’hui encore.

Qui étaient ces 19 jocistes ?

Voici leur biographie écrites par Dominique MORIN :

Né le 29 avril 1922, à Paris. Très vite il devient jociste, membre de la Jeunesse Ouvrière chrétienne, puis fédéral jociste. Le 3 août 1940, il se marie. Trois filles naîtront de cette union. Il est requis pour le STO quelques jours seulement après la naissance de la troisième.

Début août 1943, il part comme requis en Allemagne par crainte de représailles sur sa famille. Il est affecté à Weimar. Il devient alors responsable de l’Action catholique clandestine de Weimar. Dès le 15 août, il participe à une réunion clandestine de militants de la région ; nouvelle réunion les 4-5 septembre à Erfurt avec les responsables régionaux pour s’organiser plus activement. Des prêtres prisonniers « transformés » en Travailleurs civils se joignent à eux pour les assister dans les sacrements, auxquels s’ajoutent des prêtres clandestins. Ses relations épistolaires se multiplient et sont codées. Marcel Carrier écrit « sport » pour action catholique, par exemple. Il constitue une bibliothèque, alors que l’envoi de livres de France est interdit. Il se déplace souvent, presque tous les dimanches, pour des réunions et pour maintenir des contacts. Avec Jean Tinturier, ils sont les principaux animateurs de la « Fédération Thuringe ».

Il est arrêté le 17 avril à Weimar. Dans les locaux de la Gestapo à Gotha, il est interrogé par un spécialiste des questions religieuses. Il rejoint à la prison de Gotha onze compagnons arrêtés pour la même cause.

Il signe le 25 septembre sa condamnation : « par son action catholique auprès de ses camarades français, pendant son service du Travail obligatoire, a été un danger pour l’Etat et le peuple allemand ».

Le 12/10/44, il est conduit au camp de Flossenbürg, reçoit le n°28 905. Le témoignage de survivants nous permet de savoir qu’il est mort le 6 mai 1945 à Neustadt-sur-Tachau, sur la route d’évacuation du camp de Flossenbürg.
Source : T1, Martyrs de la Résistance spirituelle, C. Molette, éd. X. de G., 1999 ; Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014.

Né le 30 septembre 1923 à Coeuvres-et-Valsery (Aisne). Il se marie en 1943, lors d’une permission. Une fille nait de cette union le 29 mars 1944. Il est commis épicier à l’épicerie Hérou, à Ste Brice-sous-Forêt. Il appartient à la mouvance Jeunesse Ouvrière chrétienne, de notoriété publique, sans savoir s’il était vraiment affilié. Il est requis en décembre 1942 pour partir en Allemagne.

En Allemagne, il est affecté à une usine à Cologne. Il fait connaissance de prisonniers de guerre, scouts travaillant à la même usine que lui.

Les activités interdites qui vont lui valoir son arrestation sont de l’ordre de la participation à la messe des prisonniers de guerre à l’intérieur du kommando 624. Il empruntait un costume militaire pour s’infiltrer dans ce camp, participait ainsi à la messe dominicale et à des réunions d’action catholique. Il pouvait ainsi rendre des services aux prisonniers de guerre en envoyant du courrier à leur place car ses courriers étaient moins censurés en tant que Travailleur civil. Il démarra une action catholique en Cologne en lien avec les prisonniers de guerre scouts de ce camp.

Mais les nazis avaient décidé de favoriser et de développer la transformation de prisonniers de guerre en Travailleurs civils. Les prisonniers de guerre perdaient alors la protection de la Convention de Genève liée à leur statut de militaires et procuraient de la main-d’oeuvre aux allemands en redevenant simples civils. Pour inciter les prisonniers de guerre à demander cette transformation, et les détourner de toutes velléités de rébellion, les nazis payèrent des prostituées pour les débaucher. Certains ont même reçu des fausses dénonciations venues de France, par lequel leurs femmes les trompaient. A Cologne précisément, dans un de ces camps, une maison-close fut créée, fournies de femmes françaises. La surveillance de médecins allemands n’empêcha pas les maladies de se propager. René Ponsin protesta auprès des autorités allemandes de Cologne. Il obtint gain de cause et elle fut fermée.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il allait le payer de sa vie car il fut arrêté le 23 septembre 1943 par la Staatspolizei de Cologne. Il fut interrogé à la prison de Cologne.

Il fut déporté le 24 février 1944 au camp de Buchenwald (n°20846) ; transféré au kommando de Dora, puis à celui de Harzungen, puis Hellrich.

Il décéda d’un coup de feu le 22 avril 1945 à Falkenstein (Haut-Palatinat), lors de la marche d’évacuation.

Né le 24 mai 1919 à Besançon. Il suit l’école de l’Arsenal de Besançon. De famille très modeste, il gagne sa vie très tôt : en 1932 comme garçon de courses, en 1933 comme employé à l’agence bisontine du Crédit industriel d’Alsace-Lorraine.

A partir de 8 ans, il très engagé au niveau catholique : sert la messe, participe en 1936 à la fondation du mouvement pour les jeunes de « Coeurs Vaillants » ; en 1940 il est responsable du groupe naissant « JOC, Banques et bureaux à Besançon ».

Le 7 décembre 1942, il est requis pour partir au STO. Il est affecté à Eisenach.

Il devient responsable de l’action catholique à Eisenach à partir de Noël 1942-février 1943. Dans ce cadre, il lance des activités théâtrales, des loisirs, des cercles d’études, qui détournent les jeunes de la propagande nazie visant à les réduire à des bêtes de travail. Lui-même est affecté à l’essai des moteurs d’avions Juncker 52 et travaille 72 h par semaine (lettre du 21 mars 1944). Le 27-28 novembre 1943, il participe à une rencontre clandestine régionale à Erfurt, où il représente l’action catholique d’Eisenach avec le père Maurice Dubois-Matra, qui a accepté de quitter son statut de prêtre prisonnier pour devenir Travailleur civil et les assister pour les sacrements. Le clergé allemand est lui-même interdit d’assister les Français sous peine d’aller à Dachau.

Le 19 avril 1944, il est arrêté à Eisenach. Transféré dans les locaux de la Gestapo de Gotha, il est interrogé par un spécialiste des questions religieuses. Il rejoint à la prison de Gotha onze compagnons arrêtés pour la même cause.

Le 25 septembre 1944, il signe son motif de condamnation : « Par son action catholique auprès de ces camarades Français, pendant son service du Travail obligatoire, a été un danger pour l’Etat et le peuple allemand ».

Le 12 octobre 1944, il arrive à Flossenbürg et reçoit le n° 28 908. Les 23-25 octobre, il est transféré au kommando de Gusen, du camp de concentration de Mauthausen, avec le n° 108715.

Le 20 avril 1945, il décède au Revier du camp de Mauthausen.

Source : T1, Martyrs de la Résistance spirituelle, C. Molette, éd. X. de G., 1999 ; Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014.

Né le 11 janvier 1922 à Bombon-Mormant (Seine-et-Marne). En octobre 1936,il découvre la Jeunesse Ouvrière Chrétienne par un ami. Il est requis pour le Service du Travail Obligatoire en Allemagne instauré par une loi de Vichy le 27 juillet 1943.

En Allemagne, il est employé comme ajusteur dans une usine près de Postdam ; puis transféré dans un laboratoire de savons, à Dessau ; puis à Hirschberg où il est considéré comme chimiste, mi-septembre 43.

Les activités interdites qu’il développe s’articulent autour de son inclination pour l’action catholique, que ce soient avec des jocistes, des jecistes ou des scouts. Il devient très vite un des trois responsables de l’action catholique du lieu, organisant des cercles d’études et préparant
activement un pèlerinage pour Lourdes à leur retour en France pour entretenir l’espérance. Jusqu’à la libération de Paris, ses lettres étaient presque journalières. Puis le courrier fut stoppé.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 4 décembre 1944 à l’usine. « Au total, 81 français ont été arrêtés, un seul est revenu. De plus tout ceci est arrivé très tard. Apparemment, il n’y avait aucun motif pour cela, sauf la J.O.C, elle non plus sans autre motivation. Nous n’avions aucun moyen de nous évader vers la France, étant si loin de notre patrie et à l’époque avec un front entre elle et nous. Je me rappelle très bien que le directeur de l’usine était intervenu pour faire libérer Touzé, mais en vain. Aucun patron allemand n’avait prise sur le parti nazi…. Il y avait eu une douzaine de jocistes arrêtés sur les 20 S.T.O » (témoignage de René Montaut à propos de René Touzé, mon plus proche ami).

Il est envoyé le 18 décembre 1944 au camp voisin de Gross-Rosen. Il est évacué à cause de l’avance de l’armée russe dans un « convoi-tombeau » vers un autre camp. Peu en sortaient vivants. Le 11 février 1945, il arrive au camp de Dora-Mittelbau (n°113 740).

Il décède le 18 février 1945 au camp de Dora-Mittelbau.

Né le 10 octobre 1914 à Peret Bel Air (Corrèze). Il arrive jeune à Clichy, en banlieue parisienne, où il devient magasinier. Dans le même temps, il entre à la section de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne à Clichy. Il devient fédéral jociste de Paris-Nord. Il fait la guerre 1939-1940 comme sergent à Sedan. Il se marie en octobre 1942. Début décembre 1942, il est désigné pour partir en Allemagne alors que sa femme est enceinte.

En Allemagne, il arrive à la mi-décembre à Berlin comme travailleur d’usine.

Les activités interdites de Marcel Croci sont multiples et appartiennent à plusieurs catégories. D’une part, il devient très vite un des responsables jocistes de l’apostolat catholique organisé parmi les Travailleurs français. Il rassemble des informations sur l’ensemble de la situation à Berlin. Celle-ci est devenue très difficile dès mai 1943 à cause de la surveillance allemande, de la main-mise de la Deutsche Arbeitsfront allemande sur toute l’organisation française des Travailleurs en Allemagne, et des infiltrations d’espions dans les mouvements catholiques clandestins. D’autre part, son curé en France, l’abbé Louis, est chef d’un groupe de résistance. Marcel Touquet va servir d’agent de renseignement pour ce réseau.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 25 août 1944 à l’usine, quelques heures avant l’arrestation de Lucien Croci et quelques jours après celle de Robert Beauvais. Il est interrogé à Gross-Hamburger-Strasse, au même moment que ses amis responsables d’action catholique. Il n’est apparemment pas arrêté pour ses activités de résistance au sein du réseau de l’abbé Louis mais pour ses responsabilités catholiques.

Il est déporté vers le camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen ; transféré à Ravensbrück (n°11403), puis au kommando de Peenemünde (n°11403) ; puis enfermé dans un convoi de 300 malades dans des wagons cadenassés abandonnés en pleine forêt.

Il décède sans doute après le 24 janvier 1945.

Né 10 août 1922 à Saint-Etienne (Loire). C’est un étudiant brillant. A 20 ans, il est classé 1er de sa promotion à l’Ecole de Chimie industrielle de Lyon, envisage un doctorat après avoir reçu le prix Victor Grignard pour sa licence es-sciences passée en même temps. Atteint par l’âge requis pour partir au STO, son père lui conseille de se porter « volontaire pour bénéficier du choix de l’emploi en Allemagne ». Mais il était aussi très engagé dans la paroisse en tant que jeciste, de la Jeunesse étudiante chrétienne. A la fin de l’année universitaire, il part le 6 juin 1943.

En Allemagne, il est affecté à Halle comme chercheur dans un laboratoire de chimie, à l’usine Buna-Werke à Schkopau ür Mersburg, une fabrique de caoutchouc synthétique. Il occupe la chambre 22 avec d’autres ingénieurs chimistes. Ils auraient pu rester séparés des autres STO, prenant une place de caste supérieure, place favorisée par l’idéologie nazie.

Les activités interdites qu’il met en oeuvre, aussitôt sorti de l’usine, tiennent à sa solidarité avec les autres Travailleurs français du camp. Il est sollicité pour les aider dans leurs démarches car il connait parfaitement l’allemand. Ce groupe catholique de la « baraque des chimistes », avec comme aumônier Pascal Vergez, va se donner au service des 1200 STO du camp, regroupant d’anciens jécistes, jocistes et scouts. Il devient vice-président, puis président, de l’Amicale des Travailleurs français, qui organise des loisirs et un service d’entraide auprès des plus défavorisés. Son camarade Guy Barbier de Courteix témoigne comment au travail : « il ne remettait à son Docteur que les résultats succints et qu’il gardait le secret de sa découverte. Cela lui demandait un travail beaucoup plus grand, mais il préférait s’y astreindre…là où Jean eut du mérite, c’est de ne pas se laisser entraîner par sa science…le sentiment naturel voudrait que l’on cherchât à faire des progrès, mais le sentiment patriotique demandait au contraire que l’on gardât une certaine réserve ».

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 2 novembre 1944 à l’usine, 3ème après l’aumônier et le délégué, qu’il a été amené à remplacer. Il est interrogé à la prison de Halle, où il
est torturé comme les autres pour dénoncer ses camarades. Il contracte à la prison la fièvre Typhoïde en février 1945.

Il est envoyé le 2 mars 1945 au camp de concentration de Mauthausen (n°135090). Le 23 avril, il est déposé vivant près du four crématoire. Il dit à un de ses camarades venu le trouver, songeant au pèlerinage à Lourdes projeté pour le retour : … « Si je ne puis aller à Lourdes sur terre, j’irai à Lourdes dans le ciel. Je me suis trop fatigué à la Buna pour les camarades. Je vais aller me reposer ».

Il décède le 24 avril 1945, jeté dans le four crématoire, mort ou encore vivant ?

André Vallée est né le 9/11/19 à Mortagne au Perche (Orne). Après un certificat d’études, Il devient conducteur de machines à l’imprimerie de l’Oeuvre de La Chapelle-Montligeon en 1934. En même temps, il adhère à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, dont il devient fédéral jociste de l’Orne dès 1941.

Juin 1940, il est mobilisé, puis fait prisonnier à Poitiers. Libéré, il est envoyé dans un camp de jeunesse en Auvergne. Novembre 1942, il prend la place d’un père de famille requis et part au STO pour Gotha en Thuringe.

Dès son arrivée, il repère 3 autres membres d’action catholique avec qui il

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