Episode 1 : De la France au Maroc pour le match d’ouverture
Le périple pour rejoindre le Maroc a commencé le vendredi 19 décembre, avec un départ à 22h30. Direction le sud, à travers toute la France, avant d’atteindre l’Espagne et le port d’Algésiras. Ce qui m’a le plus marqué en traversant l’Espagne, ce sont les paysages. De grandes montagnes plongées dans un brouillard épais, qui rappelaient étrangement ceux de mon village kabyle en Algérie. Une beauté brute, presque nostalgique. Le temps pressait : seulement deux pauses de 30 minutes en Espagne, il fallait absolument arriver à temps pour le bateau.
Mais rien ne s’est passé comme prévu. En France, un détour forcé près d’Orléans, à cause de manifestations d’agriculteurs bloquant la route, nous a fait perdre un temps précieux. Résultat : le bateau de 20h30 est manqué. Arrivés au port, on nous annonce finalement un départ à 22h30.
Au port : une effervescence incroyable
Je descends alors de la voiture pour me dégourdir les jambes et là : je découvre une effervescence incroyable autour de cette Coupe d’Afrique des Nations. La majorité des voyageurs sont des Marocains de la diaspora, mais aussi quelques Comoriens et Congolais. Il pleut, mais l’air marin est agréable, presque apaisant. Finalement, l’embarquement n’a lieu qu’à 3h du matin. Je suis épuisé : des heures serré dans la voiture avec les bagages, des micro-siestes, peu de confort. Heureusement, sur le bateau, je fais une belle rencontre : Youssef, un Franco-Marocain de Lyon. Nous passons toute la traversée ensemble, à discuter et à rire, dehors sur les quais malgré la fatigue.
Ce qui me surprend le plus, c’est la pluie, intense, presque violente.
Arrivée au port de Tanger à 6h30 du matin. Mais l’aventure est loin d’être terminée. Les douaniers marocains contrôlent tout : papiers, véhicules, chiens renifleurs. Ce qui me surprend le plus, c’est la pluie, intense, presque violente. Une pluie comme je n’en avais jamais vue en Afrique du Nord. L’air marin est fort, et une odeur particulière flotte : difficile à décrire, mais elle signifie une chose — tu es au bled.
À 8h30, nous reprenons la route vers Rabat. Enfin, je peux manger un vrai petit-déjeuner. À 12h30, nous déposons nos bagages dans un hôtel magnifique : couleurs chaleureuses, dalle traditionnelle, salon marocain. Une mosquée est collée à la maison. À l’heure de la prière, tout s’arrête. Une autre façon de vivre.
Des Marocains viennent me serrer la main, me disent “Vive l’Algérie, nous sommes des pays frères”
Le soir, direction une fan zone, faute de billet pour le match d’ouverture Maroc–Comores. Sous la pluie, je mets un jogging. Je croise quelques influenceurs, puis je pose un drapeau algérien sur ma tête. Et là, une scène forte : des Marocains viennent me serrer la main, me disent “Vive l’Algérie, nous sommes des pays frères”. Un homme me donne même son écharpe du Maroc en cadeau. Les jeunes prennent des photos avec mon drapeau, les policiers parlent de fraternité et de football algérien.
Je rentre trempé de la tête aux pieds, mais heureux
Sur l’écran géant, le Maroc s’impose 2-0 face aux Comores. L’ambiance est magique : darboukas, sifflets, chants, un peuple entier derrière sa nation. Il pleut sans arrêt, je rentre trempé de la tête aux pieds, mais heureux. Le football nous a réunis. La pluie ne nous a pas fait partir.
Après l’effort, le réconfort : un énorme poulet fermier-frites, puis direction le lit. Il faut dormir, récupérer.
Demain, une nouvelle journée commence. Celle d’un jeune parti de son quartier, arrivé au cœur d’un événement planétaire : la Coupe d’Afrique des nations.