Réné-Marc Chikli, président du SETO

Compatibility
Save(0)
Share
« Chaque voyagiste, sur son segment, tire son épingle du jeu. Et les résultats depuis trois ans sont très bons »

Le SMT ouvre cette semaine. Quelle tendance de marché et d’ambiance anticipez-vous ?

R.M.C : « A force de dire que les gens ne vont pas voyager pour toutes sortes de raisons, à cause de l’inflation, du réchauffement climatique, des taxes aériennes, et bien, c’est tout l’inverse qui se produit ! On culpabilise les clients avec le bilan carbone, l’avion… Mais en 2025, les gens continuent à voyager et ont envie de voyager. Et il n’y a pas que les Français à le faire. Sinon, on ne se poserait pas aussi souvent la question du surtourisme. Le SMT se présente donc sous de bons auspices ».

Y a-t-il des voyagistes qui s’en sortent mieux que d’autres ?

R.M.C : « Rappelons ce qu’il s’est passé depuis la sortie du Covid-19. Après la pandémie, le redémarrage du tourisme a été très rapide. En 2023, on avait déjà retrouvé la quasi totalité des destinations, avec des chiffres d’affaires pour les voyagistes bien meilleurs et des marges excellentes. 2024 a marqué le retour de l’Asie, on ne s’attendait pas à un tel résultat sur ce continent qui a performé par rapport à 2023. Donc, chacun sur son segment tire son épingle du jeu. Le portefeuille de destinations est redevenu global. Si ce n’était pas le cas, pensez-vous une seule seconde que les compagnies aériennes créeraient leurs propres TO,  Air France Holidays, Emirates Holidays, Easyjet Holidays… ? L’autre preuve que le secteur se porte bien est le retour des milieux financiers. On a vu récemment des fonds d’investissement entrer au capital d’opérateurs ».

Justement, l’arrivée de ces acteurs aériens sur le marché du voyage n’est-elle pas un risque pour les tours opérateurs que vous représentez ?

R.M.C. : « Ces nouveaux entrants, c’est du dynamisme de marché ! Que certains râlent, c’est très Français. Les bien-pensants du tourisme disaient que le voyagisme, c’était mort… Regardez ce qui se passe aujourd’hui. Tous les acteurs sont satisfaits des trois années écoulées. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas rester vigilant. On a ainsi rappelé à ces nouveaux acteurs de respecter les règles et ils le feront ».

L’autre sujet d’actualité, c’est la hausse des taxes aériennes…

R.M.C. : « Pour certains voyageurs comme les primo-accédants, cette taxe va représenter un supplément de prix qui vient s’ajouter aux hausses déjà enregistrées sur les billets d’avion. Il faut bien comprendre que le marché français du tourisme est en compétition avec d’autres marchés européens. Si à destination des prestataires voient le volume de touristes français diminuer à cause de ces augmentations, ils préfèreront vendre leurs chambres ou leurs services aux Anglais et aux Allemands. Pour les vols long-courriers, des clients pourront préférer partir de Londres plutôt que de Paris, car ils n’auront à supporter la hausse de taxe que sur le trajet France-Londres. Cela peut mettre en difficulté les compagnies aériennes françaises ».

Vous quittez prochainement la présidence du SETO, lors du prochain Forum organisé les 19 et 20 juin à Deauville.  Quels sont les trois moments ou actions clefs que vous retiendrez à la tête de ce syndicat ?

R.M.C. : « La première chose a été justement de transformer ce cercle, cette association, en syndicat. Il le fallait pour défendre nos métiers. Très vite, on a pu se positionner comme une force vive vis-à-vis des politiques, des médias et des consommateurs. L’autre fierté est d’avoir fédéré une équipe dévouée qui s’est mobilisée pour développer la structure. Enfin, et cela rejoint le point précédent, j’ai toujours eu le sentiment que les gens qui entraient au SETO le faisaient par envie. On n’a jamais fait de démarchage et si on est devenus incontournables aujourd’hui, c’est parce que les membres l’ont voulu ».

Propos recueillis par Philippe Bourget

Contact details
AJT