Conseils pour manger local et bio, même en groupe

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Comment nourrir une soixantaine de personnes pendant une semaine tout en consommant local et bio sans exploser son budget? On vous voit soupirer en pensant que c’est impossible. Et pourtant c’est le défi relevé chaque année lors des vacances engagées au CCFD-Terre Solidaire.

Françoise Deslandes, chargée de développement associatif en Rhône-Alpes, a accepté de nous confier son expérience et les solutions testées et approuvées!

Les Vacances Engagées sont organisées par le CCFD-Terre Solidaire depuis 2014. Ces vacances sont un espace de formation et d’engagement militant pour celles et ceux qui n’ont pas toujours le temps de s’investir pendant l’année, et qui veulent expérimenter un temps de vivre-ensemble hors des cadres habituels. Chaque édition adopte des thématiques spécifiques. La semaine est rythmée par des temps de plénières, des forums grands ouverts et des temps de détente et de visites. Mais les Vacances Engagées sont aussi un temps d’expérimentation de l’autogestion et de la gouvernance partagée. La préparation des repas pour soixante personnes représente un certain défi !

Organisation des repas : en amont du séjour, qu’est-ce que cela implique ?

Nous voulions cuisiner végétarien (sauf pour un dîner) avec des produits locaux, des produits simples, non transformés et frais. Cela nécessite un travail de préparation important.

Tout d’abord, il faut trouver le/les producteurs locaux où se fournir. Cette année, on a travaillé avec la structure Agricourt, une centrale de produits bio et locaux qui fournit les collectivités et les grosses structures du coin.

Avant de passer commande, il faut avoir identifier les produits dont on aura besoin. Pour cela, il faut avoir préparé les menus et évaluer les quantités pour chaque recette. Chaque année, on essaye d’être au plus juste dans les quantités et ce n’est pas simple. C’est un sacré défi car nous ne sommes pas des spécialistes de la restauration. Mais il est important de bien évaluer pour diminuer le gaspillage au maximum.

Pour cela, nous avons une organisation rodée. Depuis trois ans, nous préparons pour chaque repas, une cagette avec les quantités exactes de légumes nécessaires à la préparation. C’est une des limites de l’autogestion : rester dans les quantités prévues, ne pas exploser le budget, et essayer d’équilibrer les repas. Et pour cela, il faut instaurer un certain cadre.

C’est finalement une autogestion un peu préparée pour éviter le gaspillage. On s’est aussi rendue compte qu’il ne fallait pas prévoir des menus trop élaborés au risque de passer tout son temps en cuisine. Depuis l’année dernière, on présente le repas sous la forme d’un bar à salade : les différents aliments sont séparés et chacun compose son assiette. On ne mélange plus les aliments pour éviter le gaspillage. Cela permet d’alléger la cuisine et de s’adapter d’avantage aux besoins et goûts de chacun.

D’où viennent les recettes pour nourrir un si grand groupe de personnes quand on n’est pas professionnel?

Un peu de tout le monde ! Des vacanciers depuis la première édition jusqu’à aujourd’hui. Mais il y a LE plat des vacances Engagées : le dhal. C’est le plat collectif par excellence. Nous le cuisinons une fois à toutes les vacances engagées, et ainsi qu’à tous les week-ends de préparation.

Pour le reste, nous avons repris les mêmes menus que l’année dernière car les personnes étaient très à l’aise avec la cuisine collective et les idées de plats. Ce sont des recettes simples, avec des produits locaux du moment. Une chose est sûre : nous avons largement simplifié les recettes depuis la première édition.

Je suis impressionnée. Je ne m’attendais pas à autant de produits frais. Par exemple, je me serais attendue à des haricots en conserve. Et bien non : nous avons équeuté 5 kilos d’haricots frais. J’ai appris des recettes que j’ai envie de refaire à la maison. Et puis on avait du pain frais tous les jours qui était délicieux, aussi bon que du gâteau.

Camille

Manger local et bio : Comment est organisé l’approvisionnement ?

Afin de limiter les déplacements, l’idée est de ne pas faire trop de courses. Pas question d’aller tous les jours au supermarché pour acheter ce qu’il nous manque ! On fait donc une grosse commande en amont qui est censée nous apporter tout ce que l’on a besoin pour le séjour. Cette année, nous avons été livrés deux fois : une fois en amont du séjour et une seconde au milieu car on ne pouvait pas conserver les légumes trop longtemps à cause de la chaleur.

Des produits savoureux, locaux, et des recettes simples. Et tout fabriqué ici, par nous-mêmes. Alors oui, le temps passé en cuisine est un peu long mais il s’intègre dans le programme des Vacances Engagées. C’est très vertueux. C’est une vraie plus-value pour ce genre de projets de prendre le temps de cuisiner et de manger ensemble.

Ariane

Vous avez préparé les repas vous-mêmes. Selon vous, qu’est-ce que cela apporte de cuisiner ensemble ?

Cela nous place dans la réalité. Exemple : on fait une commande et le fournisseur nous appelle pour nous dire qu’il n’y a pas d’abricots cette année à cause du manque d’eau. Cela nous remet dans la réalité de ce qu’est l’agriculture, des difficultés rencontrées par les agriculteurs, les maraîchers, etc.

L’idée est aussi de faire de la partie alimentation des vacances une part intégrante du projet militant. C’est aussi un moment où on réapprend à bien se nourrir, à apprécier ce temps convivial de préparation, de cuisson, de dégustation. On revient à l’essentiel.

Durant le séjour, comment êtes-vous organisés ?

Cette année, nous avons séparé les tâches de préparation des repas (couper les légumes) et

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Mathieu Lopes