En 1925, Vassily Kandinsky, figure emblématique de l’abstraction, peignait « Jaune-rouge-bleu », une œuvre magistrale qui allait marquer l’histoire de l’art moderne. À l’occasion du centenaire de ce chef-d’œuvre, il est essentiel de revisiter sa genèse, sa symbolique profonde et son impact durable sur le monde artistique. Une véritable symphonie visuelle aux dimensions parfaites, où « Soleil » et « Lune » se donnent rendez-vous.
Une enfance sous le signe de la couleur
Vassily Kandinsky est un peintre russe, naturalisé allemand puis français, né à Moscou en 1866. La ville le fascine dès sa petite enfance et nourrit son intérêt précoce pour la couleur.
Il entamera de brillantes études de droit. Mais recevra un choc à l’exposition des impressionnistes de 1895 à Moscou, qui va complètement changer sa vie. Devant Meule au soleil, de Claude Monet, il comprend que le sujet principal de la toile peut s’identifier avec la palette : « Je vécus un événement qui marqua ma vie entière et qui me bouleversa jusqu’au plus profond de moi-même. Ce fut l’exposition des impressionnistes à Moscou – en premier lieu la Meule de foin de Monet. Et soudain, pour la première fois, je voyais un tableau. Ce fut le catalogue qui m’apprit qu’il s’agissait d’une meule. J’étais incapable de la reconnaître. Et ne pas la reconnaître me fut pénible. »
En 1896, à l’âge de 30 ans, il refuse une chaire de professeur à l’université de Tartu. Ainsi, il décide de se consacrer exclusivement à la peinture.
Évolution vers l’abstraction
Dès 1900, il rejoint l’Académie des Beaux-Arts de Munich et entame sa mue vers une peinture sans objet.
Il résume l’abstraction ainsi : « J’arrivais chez moi avec ma boîte de peinture après une étude, encore perdu dans mon rêve et absorbé par le travail que je venais de terminer, lorsque je vis soudain un tableau d’une beauté indescriptible, imprégné d’une grande ardeur intérieure. Je restai d’abord interdit, puis je me dirigeai rapidement vers ce tableau mystérieux sur lequel je ne voyais que des formes et des couleurs et dont le sujet était incompréhensible. Je trouvai aussitôt le mot de l’énigme : c’était un de mes tableaux qui était appuyé au mur sur le côté. J’essayai le lendemain de retrouver à la lumière du jour l’impression éprouvée la veille devant ce tableau. Mais je n’y arrivai qu’à moitié : même sur le côté, je reconnaissais constamment les objets et il manquait la fine lumière du crépuscule. Maintenant, j’étais fixé, l’objet nuisait à mes tableaux. »
La Genèse d’une œuvre révolutionnaire
En 1925, alors professeur au Bauhaus, Kandinsky crée « Jaune-rouge-bleu », une toile monumentale de 128 x 201,5 cm. Cette période marque une évolution dans son art, passant d’une abstraction lyrique à une approche plus géométrique et rationnelle. L’œuvre se distingue par une composition équilibrée, opposant des lignes géométriques et des couleurs lumineuses à gauche, à des formes sinueuses et des teintes sombres à droite. Les trois couleurs primaires, le jaune, le rouge et le bleu, y jouent un rôle central, articulant la composition et symbolisant des émotions et des états d’âme distincts.
Une symphonie de couleurs et de formes
« Jaune-rouge-bleu » est une véritable partition visuelle où chaque élément trouve sa place dans une harmonie parfaite. Le jaune, associé à la chaleur et au mouvement, illumine la partie gauche de la toile, accompagné de fines lignes noires qui semblent danser sur un fond pâle évoquant un ciel nuageux. À droite, le bleu, symbole de calme et de profondeur, domine avec un grand cercle se détachant sur un fond sombre, traversé par une ligne serpentine noire. Entre ces deux pôles, le rouge sert de médiateur, apportant équilibre et dynamisme à l’ensemble. Cette opposition et complémentarité des couleurs et des formes créent une tension visuelle captivante, reflet de la quête de Kandinsky pour une expression artistique pure et spirituelle.
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Hakim Aoudia.