Q - J’ai plusieurs questions. J’avais une question, pour commencer, sur l’agenda, ou même deux questions. Vous avez parlé du déplacement du Ministre à Madrid. Est-ce que vous pouvez me donner plus de précisions ?
La deuxième, concernant l’agenda, c’est que j’avais compris que le Ministre devrait aller, cette prochaine semaine, à Alger. Est-ce que c’est vrai ou pas ?
Et au sujet des relations avec l’Algérie, vous avez fait une première réaction à la condamnation de Boualem Sansal. Est-ce que le dossier Sansal est traité par le Ministre ? Est-ce que c’est traité uniquement par l’Élysée ? De quelle manière vous allez le traiter maintenant ?
R - Sur la première question, le Ministre se déplace à Madrid lundi prochain, le 31 mars, dans le cadre d’une réunion en format Weimar élargi. C’est un format, le format Weimar, comme vous le savez, qui regroupe la Pologne, l’Allemagne et la France et qui, ces dernières semaines et ces derniers mois, a été élargi à d’autres pays, l’Espagne, l’Italie, notamment autour du traitement de la question ukrainienne. La dernière réunion avait eu lieu à Paris. La prochaine réunion se tient en Espagne, à l’invitation des Espagnols, et c’est la raison pour laquelle le Ministre se rendra en Espagne. Cette réunion sera l’occasion, notamment, de faire un suivi du sommet qui a eu lieu hier à Paris sur le même sujet et de toutes les initiatives qui ont été prises au cours des dernières semaines. Je pense que j’aurai l’occasion de revenir vers vous la semaine prochaine pour parler un peu des résultats de cette réunion de lundi, mais elle est organisée par les Espagnols, donc je pense que si vous leur posez la question, peut-être qu’ils auront plus de détails.
Sur votre deuxième question, nous travaillons à trouver une issue à la crise actuelle, tout en défendant les intérêts de la France et des Français. Et comme le Ministre l’a dit plusieurs fois, et il le dit depuis le début, il ne s’interdit aucun moyen d’action, y compris celui de se rendre en Algérie. C’est une offre qu’il a faite depuis un certain temps, elle existe toujours, donc évidemment rien n’est à exclure sur ce sujet-là.
Et sur votre dernière question, sur la condamnation de Boualem Sansal, nous avons regretté la décision du tribunal d’Alger, condamnant hier M. Sansal à une peine de prison de 5 ans. Cela fait suite à toute une série de déclarations que nous avions faites sur son cas. Nous avions fait part de notre préoccupation s’agissant de sa situation, et particulièrement eu égard à son âge. Mais en tout cas, la relation franco-algérienne, comme vous le savez, est une relation dense, riche et qui concerne différents domaines et différents sujets. Et bien évidemment, dans le dialogue qui aura lieu avec Alger, l’ensemble de ces composantes sera abordée.
Q - J’imagine que vous ne voulez pas préciser, mais est-ce que ça sera le quai d’Orsay qui va gérer cette crise, ou… Le président Tebboune avait parlé que ça devait être traité par le Président directement. Est-ce que c’est de cette manière que ça va être traité ?
R - Le ministère des Affaires étrangères a vocation, naturellement, et c’est sa vocation première, à suivre les relations bilatérales que la France peut avoir avec l’ensemble des pays du monde. Donc ce qui vaut pour l’ensemble des pays du monde vaut aussi pour l’Algérie, c’est certain. Par ailleurs, vous savez que nous avons un système constitutionnel qui prévoit qu’effectivement, le Président de la République a lui aussi un rôle à jouer, en tant que chef d’État, dans la diplomatie française. Je pense que la relation franco-algérienne n’échappe pas à cette règle. Donc ce sera géré conformément aux règles qui gouvernent l’organisation de l’État français.
Q - Sur la Russie et l’Ukraine, le président Poutine a évoqué la nécessité, d’après lui, de mettre l’Ukraine sous un statut, on ne sait pas exactement, un statut international. Je ne sais pas s’il faut comprendre que ce serait pour changer de régime. Qu’est-ce que vous avez à dire ? Notamment en sachant qu’il a parlé de la possibilité de mettre l’Ukraine sous régime de l’ONU, du Conseil de sécurité. Vous allez prendre la présidence du Conseil. Est-ce que cette question va être traitée, là, et de quelle manière ?
R - Je pense que Vladimir Poutine fait une nouvelle fois la démonstration de son cynisme et de sa volonté de priver l’Ukraine de sa souveraineté. Par ailleurs, évoquer l’hypothèse d’une solution onusienne quand on piétine les principes de la Charte des Nations unies comme la Russie le fait depuis le 22 février 2022, ça a quand même quelque chose d’un peu contre-intuitif. Plus sérieusement, l’Ukraine a déjà fait part de sa disponibilité à s’engager dans un cessez-le-feu global et sans conditions. C’est le résultat des discussions qui ont eu lieu, notamment par l’entremise des Américains. Et dans ce cadre-là, la Russie n’a eu de cesse que de repousser son propre engagement en posant toujours plus de conditions, conditions maximalistes et conditions toutes plus irrecevables les unes que les autres. Le 24 février dernier, je le rappelle parce que c’est important, l’Assemblée générale des Nations unies a elle-même, pour la neuvième fois, rappelé sa condamnation de l’agression russe et la nécessité de respecter la souveraineté de l’Ukraine. Donc la solution proposée par Vladimir Poutine, je pense qu’il faut la prendre comme une nouvelle tentative de repousser encore un peu l’échéance.