La chambre régionale des comptes Pays de la Loire a réalisé un contrôle sur le rôle du collège dans l’attractivité et la cohésion des territoires du département de la Vendée de 2019 à la période la plus récente. Ce contrôle s’inscrit dans le cadre d’une enquête inter-juridictions menée par la Cour des comptes.
Un réseau de collèges publics de taille moyenne, globalement bien réparti sur le territoire, caractérisé par une forte proportion du secteur privé
En Vendée, il y a presque autant de collèges publics (34) que privés (32), mais les établissements privés accueillent 54 % des élèves (21 % au niveau national). La taille moyenne des collèges vendéens est de 535 élèves, au-dessus des moyennes régionale (470) et nationale (466). Les collèges publics ont en moyenne 475 élèves et les collèges privés 582 élèves.
Le maillage territorial est équilibré. Toutefois, les transports scolaires sont utilisés par 53 % des collégiens vendéens et les temps de transport, d’une durée moyenne de 40 mn, peuvent atteindre 50 mn. Le taux d’élèves boursiers est en moyenne de 23 % dans les collèges publics et de 8 % dans les collèges privés. Les indices de position sociale révèlent une population scolaire relativement homogène, sans difficulté majeure de mixité sociale.
Les résultats au diplôme national du brevet des collégiens de la Vendée se situent au niveau de la moyenne nationale. Les collèges privés ont un taux de réussite de 95 %, supérieur de l’ordre de dix points aux collèges publics. En revanche, seulement 61 % des élèves poursuivent leur scolarité en classe de seconde générale ou technologique (57 % pour le public et 64 % pour le privé), contre 70 % au niveau national. Ce choix s’explique en partie par l’attrait local pour les filières courtes, souvent perçues comme un accès plus direct au marché du travail.
La baisse attendue du nombre de collégiens à l’horizon 2035
La Vendée connaît une baisse des effectifs depuis 2024, qui devrait se poursuivre jusqu’en 2035, avec une diminution estimée à 18 %, soit environ 6 000 collégiens en moins, et toucher davantage l’est et le sud du département. Cette baisse impactera l’offre scolaire, mais le département dispose encore d’un effectif moyen élevé avec peu de petits collèges.
Des moyens financiers du département toujours plus importants pour les collèges
Depuis 2011, le département de la Vendée a lancé deux plans pluriannuels d’investissement successifs pour moderniser les collèges publics. Entre 2019 et 2024, ses dépenses pour les collèges sont passées de 52 à 62 M€, soit + 19 %, incluant fonctionnement et investissement. Ces dépenses représentent 7 % du budget départemental, avec 76 % alloués aux collèges publics et 24 % aux collèges privés.
Le département a dépensé 2 670 € par collégien du public en 2023, se positionnant au 1er rang des départements des Pays de la Loire par l’importance des moyens financiers versés, la moyenne régionale s’établissant à 2 380 €. Parallèlement, le département a dépensé 825 € par collégien du privé la même année, se positionnant au 2ème rang derrière la Mayenne, la moyenne régionale s’établissant à 728 €.
Une absence de stratégie globale formalisée pour les collèges
Malgré ses efforts importants pour soutenir les collèges, le département ne dispose pas d’un document stratégique global. Aucune synthèse formelle n’existe pour recenser ses actions, fixer ses priorités ou intégrer les évolutions démographiques à venir. La chambre recommande donc de formaliser une stratégie intégrant les priorités d’actions et les projections démographiques de collégiens à 10 ans. Cela permettrait de mieux anticiper la baisse prévue des effectifs et de rationaliser les investissements futurs.
La gestion des établissements engendre des coûts fixes importants, et des mutualisations entre collectivités (département, région, communes) sont recommandées pour optimiser les moyens. Une prise de conscience des différents acteurs est nécessaire afin d’anticiper les conséquences de la baisse de la démographie annoncée et envisager des regroupements pédagogiques. Il n’y aura pas de solution unique mais des regroupements au cas par cas en fonction des opportunités et des contraintes. Enfin, il est suggéré de réfléchir à l’adaptation des bâtiments scolaires pour de nouveaux usages afin de maximiser leur utilité dans le futur.
Le collège : rôle éducatif et équipement structurant d’un territoire
Le collège a un rôle éducatif pour les élèves et est également un équipement structurant pour son territoire d’implantation. La taille d’un collège n’influence pas nécessairement la réussite des élèves. La réputation de l’établissement repose sur de nombreux facteurs : encadrement, sécurité, résultats scolaires, communication, etc. Les sections sportives ou artistiques et les options renforcent l’attractivité des collèges. Les collèges privés bénéficient souvent de plus d’agilité et de moyens pour valoriser leur action.
La chambre régionale des comptes a examiné plus particulièrement la situation de quatre collèges publics. À Luçon, deux collèges ont été regroupés en un nouvel établissement de 750 places, améliorant les conditions d’accueil et la mixité sociale tout en enrichissant l’offre éducative. À Benet, un programme de rénovation en cours permet de moderniser le collège public et de le rendre plus attractif face à la concurrence privée. Sur l’île d’Yeu, le collège public accueille 115 élèves et le collège privé 53 élèves, soulevant la question de la viabilité de deux établissements sur un territoire isolé. Enfin, à Talmont-Saint-Hilaire, un nouveau collège public ouvrira en 2025, avec pour objectif de désengorger les collèges les plus proches et de rapprocher les élèves de leur lieu de scolarisation.
Le coût d’un collégien du public à Luçon, Benet et l’île d’Yeu
Pour l’année scolaire 2024-2025, le coût moyen d’un collégien du public s’élève à 11 000 € à Luçon, 12 000 € à Benet et 14 000 € à l’île d’Yeu. Ce coût tient compte des salaires des enseignants et autres personnels de l’Éducation nationale d’une part, et des salaires des agents techniques, de la dotation de fonctionnement et de la moyenne des dépenses d’investissement de 2019 à 2024 du département d’autre part. Cette analyse confirme que plus le collège est petit, plus il coûte cher. La répartition moyenne du financement est de 75 % à la charge de l’État et 25 % à la charge du département.