EuropaNovaNews du 5 avril 2024

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L’Union européenne se trouve à un tournant de civilisation, les Européens doivent se mobiliser pour faire de l’Europe une puissance démocratique majeure du XXIème, à l’avant-garde des grandes transformations technologiques, sociétales et climatiques. Dans un contexte de rééquilibrage géopolitique et géo-économique, EuropaNova souhaite apporter une contribution impactante dans cette nouvelle réalité. Rien ne peut se faire sans votre fidélité et votre soutien. C’est pourquoi nous vous invitons à faire à un don (défiscalisé à 66 %) à notre association reconnue d’intérêt général.

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Comité de rédaction : Guillaume Klossa, Isabelle Négrier, Manon Dos Santos et Laura De Almeida.


Géopolitique

SOMMET EUROPÉEN À BRUXELLES : PAUSE HUMANITAIRE À GAZA, UKRAINE, ÉLARGISSEMENT DE L’UE

Les 27 chefs d’État et de gouvernement se sont réunis en Conseil européen le 21 et 22 mars à Bruxelles afin de discuter des orientations politiques de l’Union. Plusieurs sujets brûlants ont été au cœur des débats, dont l’élargissement de l’UE, le renforcement du soutien militaire à l’Ukraine et la pause humanitaire à Gaza. Les positions européennes en matière de politique extérieure n’ont pas évolué, bien au contraire. Les chefs d’États de l’Union ont réaffirmé leur soutien politique, financier, économique, humanitaire et militaire à l’Ukraine, quitte à intensifier l’aide actuellement apportée à Kiev. L’utilisation des avoirs russes gelés pour financer le soutien à l’Ukraine et les sanctions vis-à-vis des États aidant la Russie à contourner les restrictions imposées par l’UE ont fait l’objet de discussions. Une attention toute particulière s’est portée sur la sécurité de l’Union et ses capacités de défense suite aux récentes déclarations en matière de réindustrialisation militaire européenne

La situation au Proche Orient a également occupé une partie des débats entre dirigeants européens. Les 27 se sont positionnés sur la question de la crise humanitaire à Gaza, où l’armée israélienne mène une offensive continue contre le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023. Ces derniers appellent à une “pause humanitaire immédiate”, en insistant sur le danger potentiel d’une quelconque intervention terrestre à Rafah, devenue un refuge pour plus d’un million de Palestiniens, tout en réclamant un “cessez-le-feu durable” reposant sur la libération des otages israéliens détenus par le Hamas. Les membres du Conseil européen se sont enfin félicités de la réussite de la mission “Amalthea”, couloir humanitaire créé entre Chypre et l’enclave Gazaouie afin de venir en aide à la population. 

Les dirigeants européens se sont par la suite penchés sur la question de l’élargissement de l’Union en accordant leur feu vert à l’ouverture des négociations d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’UE. La question d’une Europe élargie, notamment dans les Balkans, retient l’attention de l’Union qui y voit une menace grandissante de la Russie qui tente d’étendre son influence dans la région.


ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES EN SLOVAQUIE : LE CANDIDAT PRO-UE ET PRO-UKRAINE EN TÊTE DU PREMIER TOUR

Le premier tour des élections présidentielles en Slovaquie s’est déroulé le samedi 23 mars et a annoncé Ivan Korčov en tête avec 42,51% des voix. Si les sondages prévoyaient une avance du candidat pro-russe Peter Pellegrini soutenu par le gouvernement actuel de Robert Fico, c’est bel et bien le candidat libéral qui a remporté ce premier tour, dépassant de 5 points son adversaire. 

Ces élections surviennent dans une nation politiquement clivée vis-à-vis de la position à adopter dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine, le gouvernement en place ayant notamment décidé de stopper toute aide militaire en direction de l’Ukraine depuis octobre 2023 et cherchant la paix avec la Russie. Le candidat libéral souhaite alors, s’il est élu, défendre une position pro-européenne au niveau national tout en apportant un soutien slovaque sans faille à son voisin ukrainien : Je veux m’adresser aux électeurs qui ne sont pas d’accord avec la direction que ce gouvernement donne à la Slovaquie, […] y compris en matière de politique étrangère

En revanche, rien n’est encore joué. Le candidat pro-russe Peter Pellegrini bénéficiera probablement au second tour des voix des candidats nationalistes, dont celles du candidat d’extrême droite Stefan Harabin ayant récolté 12% des votes samedi dernier. Le candidat libéral peut quant à lui compter sur le soutien de l’opposition en raison de ses positions vis-à-vis du conflit en Ukraine et d’une méfiance accrue envers la politique menée par le gouvernement en place. Depuis son arrivée en octobre dernier à la tête de l’exécutif,  le Premier Ministre a fortement été critiqué en raison d’une ingérence dans le système judiciaire et les médias publics ainsi que pour son allègement des mesures contre la corruption.

Bien que le Président n’ait qu’un rôle honorifique au sein de la République parlementaire slovaque, il peut cependant bloquer des nominations ou mettre son veto à l’adoption d’un projet de loi. La désignation du chef de l’État, symbole de soft power et de forteresse contre le déclin démocratique, paraît donc décisive dans une Slovaquie divisée quant à la politique intérieure et étrangère à suivre. Le deuxième tour des élections se tiendra alors le 6 avril prochain et permettra de fixer les orientations politiques slovaques pour les années à venir.


ÉCONOMIE

ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE : RELANCE DES NÉGOCIATIONS ENTRE L’UE ET LES PHILIPPINES

Les négociations entre l’UE et les Philippines concernant un accord de libre-échange semblent reprendre de plus belle. Ces dernières avaient débuté en 2015 mais avaient été interrompues pendant le mandat présidentiel de Rodrigo Duterte pointé du doigt pour sa politique répressive. Or, l’arrivée au pouvoir du président Ferdinand Marcos Jr. a rebattu les cartes des relations diplomatiques philippines. C’est en juillet 2023, lors d’une visite d’Ursula Von der Leyen à Manille, que les pourparlers ont été relancés puis officialisés plus récemment.

Cet accord permettrait notamment aux Philippines une plus grande résilience économique comme l’expliquait son Ministre des Affaires étrangères début mars. L’UE est déjà le quatrième partenaire commercial de la cinquième puissance économique de l’ASEAN, le commerce bilatéral de marchandises s’élevant à 18,4 milliards d’euros en 2022. L’Union quant à elle bénéficiera d’une alliance avec un État qui revêt une importance stratégique, riche en matières premières essentielles pour les industries de la transition verte telles que le nickel ou le cuivre. 

La volonté d’accélérer les négociations avec les Philippines survient dans un contexte de tensions entre Manille et Pékin alors que l’État est fortement dépendant de la puissance chinoise. Ces rivalités se concentrent essentiellement sur les îles en mer de Chine méridionale dont le géant chinois revendique la quasi-totalité. Si les Philippines ont fait appel aux États-Unis et à l’Australie pour sécuriser ses positions face à la Chine dans la région, elles comptent également sur l’UE pour bonifier ses alliances commerciales avec des puissances rivales. 

Cet accord se veut, comme l’indique l’UE, moderne et équilibré” et “axé sur le développement durable. Il prend place au sein de l’initiative Team Europe dont l’objectif est de forger une entraide renforcée avec les pays partenaires de l’UE. La priorité que s’est donnée l’Union au travers de cette alliance réside dans la lutte contre les déchets plastiques en mer, dont les Philippines et l’Asie du Sud Est en règle générale sont malheureusement victimes.


L’UE VEUT IMPOSER UNE TAXE SUR LES CÉRÉALES RUSSES

La Commission européenne a récemment proposé une taxation des importations de céréales russes et biélorusses vers l’UE. Ces tarifs douaniers seront si élevés qu’ils empêcheront toute importation russe en raison d’une hausse des prix d’environ 50% du blé, du maïs et du tournesol. Cette mesure s’inscrit également dans un contexte de colère généralisée des agriculteurs en Europe qui se plaignent d’une concurrence déloyale sur les marchés européens, permettant ainsi, d’après la Commission, de soutenir la production agricole locale. Les quantités de céréales habituellement importées de Russie et de Biélorussie sont quelque peu dérisoires, ne représentant qu’environ 1% du marché européen. Elles seraient donc facilement compensées par la production domestique ou par de nouvelles importations venues des États-Unis, du Brésil, d’Ukraine, de Serbie ou d’Argentine d’après la Commission européenne. 

Mais pourquoi ces tarifs douaniers n’ont-ils pas été imposés plus tôt ? Ce retard de l’UE dans la mise en place d’une taxation des céréales russes et biélorusses s’explique par la peur d’une déstabilisation généralisée du prix des marchés céréaliers, déjà victimes d’une tendance inflationniste depuis l’invasion de l’Ukraine. Ainsi, le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, note une hausse des importations des céréales russes et biélorusses sur le sol européen en 2023. Elles ont, selon lui, “pu entrer sur le marché européen avec des tarifs douaniers faibles ou nuls, et nous avons constaté une hausse considérable de ces importations en 2023”. En effet, la quantité de céréales et d’oléagineux que la Russie a exportée vers l’UE était de plus de quatre millions de tonnes en 2023. Ainsi, l’État russe a profité des revenus de ces ventes pour soutenir son effort de guerre dont le montant total a été estimé à 1,3 milliard d’euros l’an passé. De plus, au travers de cette proposition, la Commission cherche à empêcher l’exportation vers l’UE de céréales ukrainiennes volées par la Russie. 

Or, voyant les prix se stabiliser et les revenus des exportations céréalières perçus par la Russie augmenter, la Commission a décidé de proposer aux États membres la mise en place de tarifs douaniers contraignants le Kremlin à ne plus importer certains produits en Europe. Les Vingt-Sept doivent désormais voter cette proposition de la Commission qui a toutes ses chances pour être validée, malgré la réticence de certains États membres tels que la Hongrie.


ENVIRONNEMENT

RÉVISION DE LA PAC : ALLÈGEMENT DES CONTRAINTES POUR LES AGRICULTEURS

Les ministres de l’Agriculture des États membres de l’UE se sont mis d’accord le mardi 26 mars sur une révision de la Politique agricole commune (PAC) proposée quelques jours plus tôt par la Commission européenne. Cette annonce fait suite à la vague de manifestations des agriculteurs en Europe : « Nous avons écouté nos agriculteurs et nous avons pris des mesures rapides pour répondre à leurs préoccupations à une époque où ils sont confrontés à de nombreuses difficultés »affirme David Clarinval, ministre belge de l’Agriculture. 

La proposition du Conseil de l’UE remet en cause les fondements de la PAC qui ont pourtant été difficilement négociés pendant trois ans, en révisant notamment les ambitions environnementales à la baisse. Parmi ces mesures, on compte la suppression de l’obligation de laisser au moins 4% des terres arables en jachères ou en surfaces non productives. Des dérogations temporaires seront également possibles

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