Du débat, du concret, des actes forts. En 2024, CFDT-Journalistes a su donner de la voix. Plutôt que lister toutes nos actions, nous les synthétisons ici.
Marie-Madeleine Sève, Secrétaire générale adjointe de CFDT-Journalistes : « Durant toute cette année 2024, la CFDT-Journalistes a été sur tous les fronts. Elle a su faire entendre sa voix singulière dans un paysage médiatique menacé de toutes parts. Tant par l’invasion corrosive des fake news, les mutualisations forcées inter-rédactions, les fusions accélérées de titres et de chaines audiovisuelles, que par la mainmise de milliardaires voraces sur des groupes de presse, ou la montée en puissance de l’IA générative dont on ne sait pas encore exactement comment elle va bouleverser nos métiers. Seule ou en intersyndicale, la CFDT-Journalistes s’est imposée, même au sein des Etats généraux de l’information alors qu’elle n’était pas sollicitée au début, ni pour l’élaboration des thématiques de réflexion, ni pour une participation active aux ateliers d’échange, ni pour une pré-restitution pertinente de nos contributions. Un comble ! Alors, pas question de relâcher notre vigilance en 2025. Parce que les combats s’annoncent encore ardus. »
Elise Descamps, Secrétaire générale de CFDT-Journalistes : « L’activité de CFDT-Journalistes, c’est 80% de travail de l’ombre. Des heures et des heures à penser, débattre, nos positions sur des propositions de loi ou sur les grands enjeux de la profession, à répondre aux questions de journalistes en difficulté, sur des points toujours plus techniques, à organiser le travail collectif pour qu’il soit toujours plus démocratique, pertinent et efficace. Alors quand nous décrochons de grandes victoires, la joie est aussi celle de voir aboutir ce travail au long cours. Nous retenons cette année en particulier notre percée à la Commission de la Carte, fruit d’années de travail de fourmi.
L’année 2025 sera une année de renouveau pour CFDT-Journalistes, avec le renouvellement des membres de son conseil national, la rédaction d’un nouveau projet pour les quatre années à venir, qui seront déterminantes. C’est responsabilisant et enthousiasmant à la fois. Chaque semaine, de nouveaux adhérents nous rejoignent, de simples adhérents commencent à s’investir, des adhérents qui avaient commencé à s’investir franchissent le pas de se présenter sur des listes en entreprises, certains déjà élus gagnent en confiance et en compétences et décrochent des résultats… C’est ainsi, pas à pas, en s’appuyant sur les talents et énergies individuels, mais mus par un projet collectif, que l’on avance.
Alors souhaitons à chacun, en 2025, de franchir le pas de plus qui le rendra encore plus acteur de ses droits et de nos droits collectifs. Et être acteur, avec d’autres, il n’y a pas mieux pour se serrer les coudes et gagner des combats ! »
En 2024, CFDT-Journalistes a mené des combats revendicatifs
1/ aux ETATS GENERAUX DE L’INFORMATION
Nous avons remis trois contributions, et avons été auditionnés sur ces sujets par les parlementaires mais aussi – par le CESE (Conseil économique, social et environnemental). Nous avons également rencontré Bruno Patino -président desEGI à la suite du décès de Christophe Deloire- le 29 juillet 2024. Puis, nous étions bien présents à la restitutiondes EGI le 12 septembre 2024 au CESE. Laquelle comportait de bonnes choses mais nous a grandement laissés sur notre faim.
Notre contribution de novembre 2023 portant sur les 13 mesures fortes que nous attendons
Notre contribution d’avril 2024 sur comment redonner confiance aux citoyens
2/ sur la LUTTE CONTRE L’EXTREME-DROITE
La montée des extrêmes est une forte préoccupation de la CFDT-Journalistes qui s’est fortement engagée lors des élections européennes et législatives, afin de mobiliser les journalistes face au péril de la potentielle arrivée du Rassemblement national au pouvoir (communiqués et appel aux manifestations). Notre credo : nous, journalistes, avons un rôle à jouer pour ne pas contribuer à sa banalisation, ni à la banalisation de ses idées.
Nous avons soutenu le mouvement chez Bayard, contre l’arrivée aux manettes de la stratégie d’un proche de l’extrême-droite et contre la participation financière de Bayard à l’ESJ-Paris. Fait notable, la CFDT y a organisé la grève des pigistes, très suivie. La mobilisation (de tous les syndicats, des lecteurs des auteurs, de Bayard et de Milan…) a permis le retrait des deux décisions contestées.
Nous avons par ailleurs protesté contre la reprise de l’ESJ-Paris (et non pas Lille) par un consortium de patrons de presse conservateurs dont Vincent Bolloré. Nous cherchons maintenant à en savoir plus et avons des rendez-vous à venir à ce sujet.
3/ pour la LIBERTE DE LA PRESSE
La CFDT-Journalistes a adhéré à l’OFALP, l’Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse, a participé en intersyndicale à la soirée du 9 octobre au théâtre de la Concorde, relayant les diverses entraves subies sur le terrain, ou au travers des rédactions, par nous, nos confrères et consœurs, et a signé sa tribune de décembre.
En intersyndicale, nous avons protesté, avec succès, contre le projet de modification loi 1881 étendant le délai de prescription des élus (de 3 mois à…12 mois) pour toute plainte en diffamation. En intersyndicale toujours, nous avons été auditionnés par des parlementaire sur des projets de loi (droit d’agrément, indépendance des médias) qui au final n’ont pas abouti.
A l’occasion du festival de Cannes 2024, nous avons publié un communiqué dénonçant les entraves faites aux journalistes de cinéma.
Dans un autre registre nous avons soutenu notre confrère, le photojournaliste Frédéric Munsch, expulsé du procès des viols de Mazan sur des arguments de mauvaise foi : courriers au tribunal, communiqué avec la FEJ, remontée à l’OFALP, ministère intérieur, Média freedom Rapid Response ont porté leurs fruits : il a été réintégré dans le pool presse. Nous avons également poursuivi notre soutien à Ariane Lavrilleux.
Nous participons toujours activement au groupe de contact du Ministère de l’Intérieur, afin de remonter les cas flagrants ou litigieux de non-respect des droits journalistes par les forces de l’ordre lors des manifestations. Une série de rendez-vous mensuels ponctuée par la rencontre -en intersyndicale- du préfet de police de Paris début 2023.
Et bien-sûr nous n’avons pas relâché notre implication au CDJM (Conseil de déontologie journalistique et de médiation) dont le rôle est des plus précieux.
La CFDT-Journalistes pugnace dans les instances paritaires
1/ A la CCIJP (commission de la carte de presse)
Nos deux élus ont bataillé sur plusieurs sujets en faveur des pigistes, notamment pour l’élaboration du courrier aux employeurs qui rémunèrent sans vergogne leurs journalistes en facture, et non pas en salaire comme de droit.
Autres avancées : l’assouplissement des conditions d’accès à la carte pour les journalistes demandeurs d’emploi ou les correspondants à l’étranger, l’ouverture d’un groupe de travail Education aux médias en vue de pouvoir comptabiliser ces heures de travail journalistique dans l’obtention de la carte.
Ils ont aussi élaboré une campagne dense, très concrète, et offensive lors des élections de cet automne à la CCIJP (prise en compte des revenus de livres enquête, demande de plus forte transparence sur les règles, promotion de la charte de Munich…). Une réussite ! Avec deux élus supplémentaires en 1ère instance -donc 4 en tout- La CFDT-Journalistes atteint 25% des sièges en 1ere instance.
2/ A la COMMISSION ARBITRALE
La CFDT-Journalistes accompagne à la Commission arbitrale des journalistes dans leurs démarches les adhérents ou non adhérents qui veulent faire valoir leurs droits à indemnité au-delà de 15 ans d’ancienneté devant cette instance paritaire, à la suite d’un rachat, et donc d’une clause, ou d’un licenciement.
En 2024, 23 journalistes ont été accompagnés par les 5 arbitres CFDT-journalistes. L’activité est en progression avec 22 audiences et délibérés (accord préalablement conclu entre le journaliste et son employeur). Les motifs de saisine sont, en 2024, majoritairement le licenciement (15 saisines) suivis de la clause de cession (8 saisines). On ne chôme pas !
3/ Dans les ECOLES DE JOURNALISME
Nos représentants ont participé aux conseils pédagogiques des 14 écoles reconnues.
Nous sommes aussi intervenus le 14 octobre à un séminaire de l’Ecole de journalisme de Toulouse (regroupant les étudiants de 1ere et 2e année) en vue de partager notre vision de l’avenir et échanger sur l’économie de la presse écrite.
Par ailleurs, nos représentantes à la CPNEJ (Commission paritaire qui traite les demandes et renouvellements de reconnaissance des filières de formation initiale) ont étudié le dossier de 1ère reconnaissance de l’École de journalisme de Gennevilliers – CY Cergy Paris Université- dont le projet a été validé, portant désormais à 15 le nombre d’écoles reconnues.
4/ aux instances SANTE
Chez THALIE SANTE, nos représentants ont initié des travaux en vue notamment de (re)lancer un comité de gestion paritaire de pigistes, afin de rendre plus effectif le droit à la prévention santé au travail, notamment via les visites médicales régulières
Chez AUDIENS, nos représentants siègent dans de nombreuses instances. Côté pigistes, ils demandent la création d’un guide de l’arrêt de travail, après l’enquête menée l’année précédente ayant montré combien ce droit reste pour beaucoup largement fictif tant il est complexe d’accès.
5/ aux instances FORMATION
Après 11 mois de travail à la CPNEF-presse écrite (Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation du secteur de la presse écrite et des agences) et avec l’AFDAS, la Cartographie des métiers de la presse est en ligne. Celle-ci liste l’ensemble des métiers de la profession et s’est ouverte aux nouvelles pratiques en presse écrite, intégrant notamment le web et la vidéo. C’est donc un référentiel qui pourra servir à bâtir les nouvelles grilles conventionnelles.
A la commission pigistes de l’AFDAS, nous avons dû faire face, pour la première fois, à une réduction des financements. Nos militants plaident pour que les besoins prioritaires restent assouvis.
6/ Dans les BRANCHES DE PRESSE ECRITE sur le point des GRILLES et des SALAIRES
Presse magazine, presse régionale, presse indépendante et d’information en ligne (SPIIL), des négociations se sont tenues pour revaloriser les barèmes minimum des salaires des journalistes. A chaque fois dans les négociations, nous insistons pour que l’expérience et l’expertise des journalistes soient reconnues, et que leurs salaires puissent évoluer à la hausse sans obligatoirement passer par des postes d’encadrement.
Nous plaidons aussi, côté pigistes, pour la création de barèmes au-delà du simple feuillet (vidéo, son…). Et en ces 50 ans de la loi Cressard, nous avons porté l’urgence de leurs difficultés salariales et d’accès à leurs droits, en intersyndicale, à l’Assemblée nationale et poursuivi notre travail de sensibilisation des managers de pigistes.
Cependant, les négociations restent difficiles, comme le montrent les dernières en PHR notamment.
Lire notre contribution d’avril 2024 sur le grand déclassement des journalistes.
La CFDT-Journalistes communique plus et mieux
1/ Une REACTIVITE accrue en externe
Outre sa participation aux évènements extérieurs de la profession – Conférence sur les métiers du journalisme à Lille, Assises du journalisme à Tours, 48 h de la pige, entre autres, la CFDT-Journalistes a musclé sa présence sur les réseaux sociaux et considérablement augmenté la fréquence d’envoi de ses newsletters.
Par ailleurs, elle tient le rythme de 2 numéros du magazine Profession Journaliste par an, plus dense, plus fourni.
2/ Des FORMATIONS en interne
CFDT-Journalistes propose aussi à ses adhérents, et au-delà si possible, des temps de sensibilisation/formation calés sur des sujets d’actualité, ou des thèmes complexes. En 2024, elle a ainsi proposé :
Écriture sans stéréotypes : organisation d’une journée de formation au traitement médiatique des femmes politiques.
Formation sur les droits d’auteur et les droits voisins, une journée animée par un avocat spécialisé
En 2025, le projet est d’organiser plusieurs webinaires dont les thèmes sont en construction.
La CFDT-Journalistes se mobilise à l’international
1/ Dans les RENCONTRES EUROPEENNES
Nos représentants membres de la FEJ (Fédération européenne des journalistes) et de la FIJ (Fédération internationale des journalistes) ont participé à diverses rencontres internationales, notamment à Pristina (Kosovo) en mai 2024, avec l’adoption de motions pour défendre l’audiovisuel français (élargie aux autres médias publics menacés en Europe), la protection sociale des correspondants de médias français établis à l’étranger, la protection des journalistes gazaouis et le nécessaire accès des journalistes internationaux à la Bande de Gaza. Ainsi que le sort de la chaine Euronews
2/ En SOUTIEN aux JOURNALISTES EMPECHES
Nos militants se sont impliqués dans le soutien aux journalistes gazaouis, afghans (accueils en France, manifs de soutien etc.), et a notamment contribué à l’obtention de visas pour plusieurs d’entre eux, dont l’un a obtenu le statut de réfugié juste avant Noël.
En outre, nous avons continué de délivrer des cartes de presse internationales de la FIJ pour tous nos adhérents , partant réaliser un reportage à l’étranger, notamment en Ukraine ou au Liban, qui en avaient besoin.
Cette rétrospective n’est qu’un aperçu de notre action. N’hésitez pas à nous contacter !