Actualité : Entretien avec Sophie Alour, la Virtuose du festival de jazz de Sens ! - Ville de Sens

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Samedi 25 janvier à 20h30, Théâtre de Sens / Festival de Jazz « Les 20 ans »

Cette année, le Festival de Jazz de Sens, qui célèbre ses 20 ans d'existence, conjugue le Jazz au féminin et accueille Sophie Alour aux côtés de Belmondo Dead Jazz et Fash Pig, The Mood for Love. Saxophoniste, compositrice, Sophie Alour est reconnue pour sa virtuosité, son audace musicale, et sa capacité à fusionner les genres. Avec plus d'une dizaine d'albums à son actif, elle continue de surprendre. Un don précoce pour le jazz, une rencontre tardive avec son instrument de prédilection, le saxophone, et une quête artistique sans cesse renouvelée, Sophie Alour a débuté une histoire mouvementée avec sa musique. Depuis, sa quête d’harmonie nous livre des œuvres aux mille nuances et d’une richesse sincère et profonde nourries par les rencontres au fil du temps...virtuose !

Sophie, vous avez commencé la musique très jeune. Pouvez-vous nous raconter comment une enfant de 12 ans en est venue à s'intéresser au jazz, une musique souvent perçue comme réservée aux initiés ?

Sophie Alour : Avec le recul, j'ai du mal à comprendre. Non seulement le jazz est une musique pour initiés, mais qui plus est, joué essentiellement par des hommes, dans un milieu d'hommes. Ça reste un mystère. J'ai commencé par la clarinette tout en écoutant du jazz très tôt. Quand mes copines écoutaient une toute autre musique, je continuais à écouter une musique que personne ne comprenait autour de moi. Très vite, l'instrument de la clarinette m'a paru insatisfaisant, car j'entendais John Coltrane, j'entendais Stan Getz. Aussi, j'avais une idée précise d'un son avant même de commencer. Après avoir suivi des cours de clarinette et essayé le hautbois, j'ai entendu le son du saxophone derrière une porte. J'ai dit à ma mère que c'était cet instrument que je voulais jouer. Probablement lassée par mes hésitations, ma mère a refusé. Pourtant, c'était comme si j'avais déjà le son de cet instrument dans ma tête. La rencontre avec cet instrument devra attendre encore quelques années !

Bien que précoce, cette rencontre avec le jazz n’a pas été simple ?

Sophie Alour : Mes débuts dans le jazz, je les dois à Philippe Briand, un musicien amateur très éclairé, qui avait joué avec des artistes comme Chet Baker et Johnny Griffin. À 14 ans, je jouais de la clarinette dans des concerts avec des musiciens beaucoup plus âgés. Cela ne m'effrayait pas du tout. Pourtant, à 15 ans, j'ai refusé de monter sur scène, impressionnée. Philippe Briand a cessé de me donner des cours. J'ai alors continué seule, faisant mes propres découvertes en autodidacte, tout en poursuivant des études de lettres. Je me destinais à devenir professeure, mais à l'issue d'Hypokhâgne, je ne savais pas quoi faire. Quittant Quimper, j'ai déménagé à Paris pour suivre une école qui n'avait pas grand intérêt, mais cela m'a permis de faire des rencontres déterminantes. À 19 ans, Pierre-Stéphane Michel, un contrebassiste, a insisté pour que je revienne absolument à la musique. J'ai recommencé avec un saxophone loué, mais l'instrument était en mauvais état. C'était une horreur totale. Pendant trois mois, je me suis escrimée à sortir un son et je n'y arrivais pas du tout. C'était l'épreuve ultime ! Et malgré tout, je me suis acharnée jusqu’au jour où il est tombé. Je l'ai fait réparer, et là, tout s'est débloqué soudainement, comme un brouillard qui se dissipe. Je l’ignorais, mais l’instrument n’avait pas été révisé ! Dès lors, j’ai pu suivre des cours au sein du conservatoire international de musique de Paris. Ensuite, par la force des choses, en raison de la précarité du statut de musicien et d’un univers masculin – on ne pensait pas forcément à moi pour participer à des groupes –, j’ai décidé de composer. Je me suis aperçue que la composition est un moyen d’expression génial. C’est un acte complet.

Chaque album que vous réalisez semble avoir sa propre identité. Comment travaillez-vous cette diversité ?

Sophie Alour : Mon approche musicale se nourrit profondément de mes expériences en peinture : je cherche à recréer des couleurs, des harmonies, et une cohérence artistique. Chaque album que je produis possède une couleur distincte. Par exemple, l’album réalisé avec Mohammed Abozecry, joueur de oud, explore les musiques traditionnelles orientales tout en établissant des passerelles vers la musique bretonne. En composant pour cet instrument, j’ai mis l’accent sur le rythme et la mélodie, deux éléments universels des musiques traditionnelles, ce qui a naturellement créé des correspondances entre ces univers. Ce mélange des couleurs musicales est une direction artistique que j’ai choisie de préserver.

Par ailleurs, mon single Dreamers s’inscrit dans une dynamique différente. C’est un extrait de l’album présenté à Sens, Le Temps Virtuose, et se distingue par ses influences rock, plongeant ainsi dans un univers sonore contrasté par rapport à mes autres travaux. Au sein de mes albums, je veille à ce que chaque morceau se distingue par son émotion et sa personnalité, créant ainsi un voyage musical unique pour l’auditeur.

Chaque musicien que j’invite sur scène ou en studio est choisi pour ce qu’il peut apporter de singulier à un projet. Avec eux, nous explorons ensemble une variété de textures sonores afin que chaque morceau affirme pleinement son identité. Ainsi, qu’il s’agisse de musique ou de peinture, chaque projet est l’occasion de peindre un tableau sonore unique.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le concert que vous donnerez à Sens et sur les musiciens qui vous accompagnent ?

Sophie Alour : Une soirée pleine de surprises ! Je mets un point d’honneur à ce que mes concerts soient vivants et sincères. Pour moi, la scène est un lieu de partage, d’improvisation et de liberté. Je serai accompagnée par des musiciens formidables : Guillaume Latil au violoncelle, Anne Paceo à la batterie, et Pierre Perchaud à la guitare. Chaque musicien apporte sa sensibilité et sa virtuosité, créant une synergie unique qui enrichit chaque morceau. Ensemble, nous interpréterons des morceaux de mes albums récents, mais aussi des moments d’improvisation, pour capter l’énergie unique du moment. Mon but est toujours de créer une connexion avec le public, et d’offrir une expérience musicale authentique. Je souhaite que chaque personne présente puisse ressentir la joie, la nostalgie, ou la puissance de chaque note. Les concerts sont des moments où la musique prend vie de manière unique, et j'espère que le public de Sens ressentira toute l'énergie que nous mettrons dans notre performance. C’est cette longévité du Festival de Jazz de Sens, qui célèbre ses 20 ans, qui rend cet événement encore plus spécial. Pouvoir participer à cette histoire et partager ce moment avec le public est un honneur.

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Philippe