Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 13 décembre 2024

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Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 13 décembre 2024.

Marché de l'électricité

Accalmie climatique et tensions géopolitiques

La semaine a révélé un marché électrique européen sous pression, mais avec des perspectives modérées grâce à des conditions climatiques plus clémentes. En France, la demande électrique, poussée par le froid, a atteint 73,8 GW en début de semaine, avant de redescendre sous les 65 GW, grâce à un réchauffement progressif des températures. Ce climat doux a allégé les besoins en chauffage, contribuant à stabiliser le réseau, bien que des pics persistants aient révélé la fragilité des infrastructures face aux aléas météorologiques.

En parallèle, la production renouvelable, notamment éolienne, a compensé partiellement cette demande. Cependant, les frappes russes massives contre le réseau énergétique ukrainien ont souligné la vulnérabilité des systèmes énergétiques en contexte de guerre, avec des effets potentiels sur les exportations vers l’Europe. Bien que la fin d’année apporte une certaine accalmie, les perspectives électriques restent dépendantes des caprices climatiques et de la géopolitique.

À la une

Le duel EDF - TotalEnergies sur l'après-ARENH

Les tensions entre EDF et TotalEnergies illustrent une bataille cruciale autour de l’avenir de la régulation du nucléaire en France, alors que l’échéance du dispositif Arenh approche à grands pas.

Ce mécanisme, qui oblige EDF à vendre un tiers de sa production nucléaire à ses concurrents, prendra fin en 2025. Pour Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, une prolongation de deux à trois ans serait essentielle pour garantir visibilité et stabilité. Il propose même de relever ce tarif à 60 ou 70 €/MWh, en phase avec les dernières estimations de coûts.

Mais pour Luc Rémont, à la tête d’EDF, cette solution serait catastrophique : prolonger Arenh entraverait les investissements, compromettant l’avenir de la production nucléaire et des volumes disponibles.

Cette opposition met en lumière une problématique plus large : comment articuler compétitivité, investissements massifs et équité dans un secteur stratégique ?

L’accord de 2022, prévoyant des contrats à long terme et une taxe sur les revenus excédentaires du nucléaire, semblait prometteur, mais il a suscité des résistances parmi les fournisseurs alternatifs. De surcroît, EDF peine à convaincre les industriels de signer ces contrats, alors que les prix de gros reculent.

Dans ce contexte, l’incertitude règne, exacerbée par l’instabilité politique récente. La suppression éventuelle de la « taxe nucléaire » dans le budget 2025 ajoute une couche d’opacité. Or, face aux défis énergétiques et climatiques, il devient urgent de trouver un cadre durable qui concilie tous les acteurs sans sacrifier la souveraineté énergétique.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert

Batteries : le pari gagnant de l’Europe

L’Europe est à l’aube d’une transformation majeure dans le stockage énergétique grâce à l’essor des batteries à grande échelle, un secteur dont la capacité devrait quintupler d’ici 2030 pour atteindre 51 GW, selon Aurora Energy Research. La dynamique s’accompagne d’un record en 2024 : 3,6 GW de nouvelles capacités installées, avec le Royaume-Uni en tête, suivi par l’Italie, la Suède, l’Allemagne et la France. L’expansion des énergies renouvelables et l’augmentation de la volatilité des prix de l’électricité rendent le stockage par batterie de plus en plus rentable.

Cependant, le tableau n’est pas sans défis. Les contraintes sur les réseaux électriques freinent l’intégration rapide des projets, tandis que l’Europe reste dépendante des importations de batteries asiatiques, moins coûteuses et plus compétitives. Malgré cela, l’innovation et les économies d’échelle font croître la taille et la rentabilité des projets, tandis que les prix élevés sur les marchés de gros et de capacités offrent des opportunités inédites.

En parallèle, l’hiver exacerbe les tensions sur les marchés électriques, avec des flambées de prix record dues à la faible production éolienne et à la forte demande. Pourtant, ces pressions restent conjoncturelles, et les prévisions annoncent un répit à moyen terme. La transition énergétique européenne avance, mais elle reste à la merci d’une régulation claire et d’une géopolitique favorable pour consolider ses ambitions.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Marché du gaz

Répit fragile sous l’ombre des incertitudes russes

Le marché européen du gaz a connu une correction notable, les prix atteignant 38,84 €/MWh, leur plus bas niveau en un mois, grâce à des températures douces en Allemagne (+2,8 °C au-dessus des normales saisonnières). Les stocks européens, à 80 %, offrent une marge confortable à court terme, bien qu’inférieurs aux niveaux de l’an dernier (90 %). La stabilité relative des flux norvégiens contraste avec l’incertitude liée au transit de gaz russe via l’Ukraine, dont l’accord expirera bientôt. La guerre en Ukraine exacerbe ces tensions, la Russie ciblant les infrastructures énergétiques clés.

Parallèlement, la baisse des prix du GNL en Asie a apaisé la pression concurrentielle, mais la réorientation de cargaisons vers l’Europe reste cruciale pour l’équilibre hivernal. Les prévisions de redoux, combinées à une demande modérée, stabilisent provisoirement les prix, mais les risques géopolitiques et climatiques pourraient raviver la volatilité.

À la une

GNL américain : entre blocages et rivalités mondiales

Washington a suspendu l’approbation de deux projets d’envergure représentant 40 milliards de mètres cubes de gaz par an, invoquant des évaluations environnementales inachevées.

Derrière ce blocage administratif se cache une bataille plus vaste entre impératifs écologiques, pressions économiques internes et ambitions géopolitiques.

Alors que l’Europe mise sur le GNL américain pour sécuriser son approvisionnement, les retards des projets Venture Global CP2 LNG et Commonwealth LNG renforcent l’incertitude. Le gouvernement Trump, qui s’apprête à revenir aux commandes, pourrait chercher à accélérer ces développements, mais devra composer avec des recours juridiques et une opposition environnementale accrue.

Sur le plan domestique, l’augmentation des exportations fait craindre une baisse des prix du gaz, un casse-tête pour les producteurs d’électricité américains. Sur le front international, ces retards profitent à d’autres régions, comme le Canada, le Moyen-Orient et l’Afrique, qui attirent des investisseurs séduits par des environnements réglementaires plus stables.

Enfin, les défis commerciaux s’accumulent : tarifs douaniers, tensions avec la Chine et coûts croissants de liquéfaction pèsent sur la compétitivité du GNL américain. Si les États-Unis peinent à lever ces obstacles, leur rôle de leader énergétique pourrait s’effriter, au bénéfice de nouveaux acteurs plus agiles sur un marché en pleine recomposition

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

Gaz : OMV rompt avec Gazprom

OMV, l’énergéticien autrichien, a résilié son contrat à long terme avec Gazprom Export, invoquant des violations contractuelles après l’arrêt des livraisons de gaz depuis le 16 novembre. Ce contrat, prévu pour durer jusqu’en 2040, faisait état de livraisons régulières d’environ 5 TWh par mois à la frontière entre l’Autriche et la Slovaquie. Bien que l’Autriche affirme que son approvisionnement énergétique reste sécurisé, cette rupture a provoqué des tensions sur les marchés européens, avec des hausses de prix notables du gaz.

Dans ce contexte, les stocks de gaz en Europe pourraient se terminer cet hiver avec un déficit significatif par rapport à l’année dernière, ce qui pourrait entraîner des difficultés pour le remplissage des stocks pendant l’été. Actuellement remplis à 81 %, les stocks sont déjà environ 10 Gm3 plus bas que l’année précédente. Si l’hiver reste normal, l’Europe pourrait se retrouver avec un déficit de 15 à 20 milliards de mètres cubes de gaz d’ici le printemps, compliquant la situation pour l’été prochain, particulièrement sans un afflux supplémentaire de GNL. Cependant, bien que la situation reste tendue, la diversification des sources d’approvisionnement et les outils de gestion sont jugés plus efficaces qu’en 2022.

À plus long terme, la demande de GNL en Europe devrait croître dans les 5 à 10 prochaines années, mais la perte de gaz russe continuera d’influencer les marchés. L’anticipation est que la situation se stabilisera d’ici 2026-2027, bien que l’Europe doive rester vigilante face aux incertitudes géopolitiques et aux pressions sur ses marchés énergétiques

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Zoom sur l'énergie verte

Énergies renouvelables : Entre garanties publiques et défis climatiques

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Manon JAMMES