I. INTRODUCTION
Nous, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, et haut représentant de l’Union européenne, réaffirmons notre engagement de favoriser le respect du droit international, notamment la Charte des Nations Unies, de protéger les droits de l’homme et la dignité humaine pour tous, et de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.
Alors que la communauté internationale se trouve confrontée à un nombre croissant de problématiques, telles que les changements climatiques et la perte de biodiversité, les risques de catastrophes, l’éradication de la faim et de la pauvreté ou encore les technologies émergentes et de rupture, nous réaffirmons notre détermination à encourager la réalisation d’actions collectives afin de trouver des solutions communes.
Nous œuvrerons en faveur de la mise en œuvre du Pacte pour l’avenir et de ses annexes, adoptés en septembre dernier, par tous les États membres des Nations Unies et les parties concernées, en encourageant le dialogue et la compréhension mutuelle. Nous réaffirmons notre volonté de collaborer avec l’ensemble des États membres des Nations Unies pour renforcer le rôle que jouent le Secrétaire général et l’Assemblée générale. Nous réitérons également notre attachement à la réforme du Conseil de sécurité.
Nous réaffirmons aujourd’hui notre détermination à renforcer encore l’unité des pays du G7 et le sentiment de poursuivre un but commun, en nous appuyant sur les engagements pris par les chefs d’État et de gouvernement du G7 lors du sommet des Pouilles et lors des précédentes réunions des ministres des Affaires étrangères.
II. SOUTIEN SANS FAILLE À L’UKRAINE
Le 19 novembre 2024, 1 000 jours s’étaient écoulés depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle, illégale et injustifiable en Ukraine, qui ne faisait suite à aucune provocation et qui a provoqué d’immenses souffrances humaines et destructions. Nous nous opposons fermement à la guerre d’agression menée par la Russie. Nous condamnons vivement les attaques brutales de ce pays contre les villes et les infrastructures civiles essentielles ukrainiennes ainsi que le nombre inacceptable de victimes parmi la population civile. L’utilisation par la Russie d’un missile balistique à portée intermédiaire le 21 novembre dernier constitue une preuve de plus de son comportement irresponsable et de sa volonté de poursuivre l’escalade du conflit. Notre soutien en faveur de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’indépendance de l’Ukraine demeurera indéfectible.
Nous nous sommes engagés, lors de la réunion des ministres des États du G7+ consacrée au soutien au secteur énergétique de l’Ukraine, qui s’est tenue en marge de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à continuer de faire du relèvement rapide et de la résilience énergétique de l’Ukraine une priorité immédiate de la saison hivernale, en protégeant et en rétablissant son réseau électrique et en renforçant ses capacités de production d’électricité afin de protéger les moyens de subsistance de millions d’Ukrainiens et d’éviter une nouvelle détérioration catastrophique de la situation humanitaire.
Nous condamnons l’occupation et la poursuite du contrôle et de la militarisation de la centrale nucléaire de Zaporijjia par la Russie, qui met gravement en péril la sûreté et la sécurité nucléaires et qui a des répercussions sur la communauté internationale dans son ensemble. Nous soutenons les mesures prises par l’Agence internationale de l’énergie atomique pour atténuer ces risques, notamment grâce à la présence continue de ses experts et aux efforts qu’elle déploie pour veiller à la sûreté et à la sécurité nucléaires du site.
Nous condamnons la multiplication récente des attaques russes contre les navires de commerce et les infrastructures portuaires civiles de la mer Noire, qui violent le droit international, notamment la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, mettent en péril la sécurité et la sûreté maritimes et ont de graves répercussions sur la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.
Nous condamnons avec la plus grande fermeté le discours nucléaire irresponsable et menaçant de la Russie ainsi que sa posture d’intimidation stratégique. Nous ne tolérerons jamais les menaces d’emploi d’armes nucléaires, et a fortiori tout emploi d’armes nucléaires par la Russie dans le contexte de sa guerre d’agression contre l’Ukraine. Nous exprimons également notre préoccupation la plus vive face à l’utilisation d’armes chimiques et d’agents de lutte antiémeute par la Russie comme armes de guerre en Ukraine. Alors que les conclusions du rapport publié récemment par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont confirmé la présence d’agents de lutte antiémeute dans les échantillons prélevés sur les lignes de front situées dans la région de Dnipropetrovsk, en Ukraine, nous soulignons que le recours à de telles armes comme instruments de guerre constitue une violation flagrante de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Nous appelons l’OIAC à faire toute la lumière sur l’utilisation de ce type de grenade et sur les autres incidents analogues survenus dans le cadre de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine.
Nous condamnons également avec la plus grande fermeté le recours généralisé et systématique de la Russie à la torture et aux mauvais traitements à l’encontre des prisonniers de guerre ukrainiens et des détenus civils, notamment le recours aux violences sexuelles, comme en a fait état la Mission de surveillance des droits de l’homme de l’ONU en Ukraine.
Nous nous réjouissons de l’approbation par les ministres des Finances des principes et caractéristiques techniques des Prêts par une accélération de l’utilisation des recettes extraordinaires au profit de l’Ukraine (ERA), qui ont été annoncés en juin dernier par les chefs d’État et de gouvernement du G7 lors du sommet des Pouilles. Ces prêts permettront de mettre à disposition de l’Ukraine environ 50 milliards de dollars américains (soit 45 milliards d’euros). Le remboursement des intérêts et du principal seront assurés par les flux futurs de recettes extraordinaires dégagés par les actifs souverains russes immobilisés, conformément aux systèmes juridiques respectifs des pays du G7 et au droit international. Cette décision historique, ainsi que la mise en place rapide de ces prêts, sont la preuve que les pays du G7 demeurent résolument solidaires de l’Ukraine dans son combat pour la liberté et soutiennent son relèvement et sa reconstruction. L’agression illégale et ne faisant suite à aucune provocation de la Russie a eu des conséquences dévastatrices pour le peuple ukrainien et pour la paix et la sécurité internationales. Notre détermination à apporter à l’Ukraine le soutien nécessaire pour qu’elle l’emporte ne faiblira pas.
En faisant appel aux financements importants que constituent les ERA pour répondre aux besoins budgétaires, militaires et de reconstruction les plus urgents de l’Ukraine, nous soulignons une fois de plus notre détermination inébranlable à soutenir l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine. Nous souhaitons commencer à verser les fonds d’ici la fin de l’année.
Nous renforcerons les sanctions globales et les mesures économiques que nous avons mises en place afin de restreindre encore les recettes, les biens et les technologies que la Russie peut utiliser pour financer et mener sa guerre.
Nous prendrons des mesures appropriées, dans le respect de nos systèmes juridiques, contre les acteurs en Chine et dans d’autres pays tiers qui apportent un soutien matériel à la machine de guerre russe, y compris les institutions financières et les autres entités qui facilitent l’acquisition par la Russie d’équipements et de produits pour sa base industrielle de défense. Nous continuerons d’exercer une pression importante sur les recettes que la Russie tire de l’énergie, des métaux et d’autres matières premières, notamment en appliquant de manière effective les mesures existantes et en mettant en place de nouvelles sanctions contre sa flotte fantôme. Nous prendrons des mesures résolues contre les acteurs qui aident la Russie à contourner nos sanctions.
Nous sommes vivement préoccupés par le déploiement en Russie de troupes de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et par leur participation aux combats contre l’Ukraine. Le soutien direct de ce pays à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine atteste non seulement des efforts désespérés de la Russie pour compenser ses pertes, mais représente aussi une extension dangereuse du conflit, avec des répercussions graves sur la sécurité en Europe et dans la région Indopacifique. Nous travaillons avec nos partenaires internationaux à une réponse coordonnée pour faire face à cette évolution. Nous sommes par ailleurs profondément préoccupés par le risque de transfert vers la RPDC de technologies liées au nucléaire ou aux missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous exhortons les pays entretenant des relations avec la Russie et la RPDC, notamment la Chine, à respecter le droit international en s’opposant à cette extension dangereuse du conflit et en mettant en œuvre toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Nous condamnons avec la plus grande fermeté la coopération militaire croissante entre la RPDC et la Russie, notamment l’exportation par la RPDC et l’acquisition par la Russie de missiles balistiques et de munitions nord-coréens, en violation directe des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ainsi que l’utilisation par la Russie de ces missiles et munitions contre l’Ukraine.
Nous condamnons le recours du gouvernement russe et de ses affidés aux activités de manipulation de l’information et d’ingérence menées depuis l’étranger pour soutenir la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine et alimenter les tensions au niveau mondial. Apporter une réponse collective à ces activités demeure une priorité pour le G7. La mise au point d’un cadre de réaction collective d’ici la fin de l’année, qui permettra de renforcer le mécanisme de réaction rapide du G7, comme l’ont appelé de leurs vœux les chefs d’État et de gouvernement du G7, constituera à ce titre une étape essentielle.
Nous demeurons pleinement déterminés à contribuer à la reconstruction future de l’Ukraine en tant que vecteur de la croissance inclusive, de la transition écologique et de la prospérité, tout en étant étroitement liée au programme de réformes et à la perspective européenne de l’Ukraine. Nous attendons avec intérêt la prochaine Conférence sur la reconstruction de l’Ukraine, qui se tiendra à Rome les 10 et 11 juillet 2025. Nous saluons les progrès réalisés jusqu’à présent par le pays et nous continuerons de lui fournir toute l’aide nécessaire à mesure qu’elle progresse sur la voie de l’intégration européenne et euro-atlantique.
Notre objectif ultime demeure une paix globale, juste et durable, susceptible de rétablir le plein respect des principes fondamentaux du droit international, qui sont violés de manière flagrante par la Russie. Nous nous félicitons de l’organisation en Suisse les 15 et 16 juin derniers de la Conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine, qui a mis l’accent sur les principales priorités nécessaires pour bâtir un cadre de paix reposant sur le droit international, notamment la Charte des Nations Unies et ses principes, et sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Nous soulignons qu’aucune mesure relative à l’Ukraine ne peut être prise sans elle. À cette fin, nous continuerons de dialoguer avec l’ensemble de nos partenaires internationaux et des acteurs concernés afin de veiller à ce que les objectifs et principes essentiels du Plan de paix ukrainien jouissent du soutien le plus large possible de la communauté internationale, dans le respect du droit international, notamment des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale consacrés par la Charte des Nations Unies.
Nous condamnons la déportation et le transfert forcé illégaux d’enfants ukrainiens par la Russie. Nous saluons les engagements pris à Montréal à l’issue de la Conférence ministérielle sur la dimension humanitaire du plan de paix en 10 points de l’Ukraine, organisée conjointement par le Canada, l’Ukraine et la Norvège, ainsi que les propositions du Qatar, de l’Afrique du Sud et du Vatican de jouer le rôle d’intermédiaires pour soutenir et négocier le retour des enfants. Nous saluons également le rôle que continuent de jouer les Émirats arabes unis dans la médiation relative aux échanges de prisonniers de guerre ainsi que les propositions de la Norvège, de la Lituanie et du Qatar visant à fournir un environnement favorable au retour des Ukrainiens dans leur foyer.
Nous réaffirmons notre condamnation de la complicité du régime biélorusse dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. Nous demeurons préoccupés par la poursuite de la répression par le régime des médias indépendants, de la société civile, de l’opposition politique ainsi que des citoyens qui expriment pacifiquement leurs points de vue. Nous condamnons également les mauvais traitements que subissent les prisonniers politiques et nous demandons leur libération immédiate et sans conditions.
III. SITUATION AU PROCHE-ORIENT
Nous réaffirmons notre condamnation sans équivoque des attaques terroristes menées contre Israël le 7 octobre 2023 par le Hamas et d’autres groupes terroristes. Ces atrocités, notamment la prise d’otages, sont intolérables. Nous continuons d’appeler à la libération immédiate de tous les otages et à la restitution à leurs proches des corps détenus par le Hamas à Gaza. Nous sommes vivement préoccupés par l’escalade de la violence au Moyen-Orient qui menace la stabilité régionale et brise la vie de civils. Ce cycle destructeur doit prendre fin immédiatement, une nouvelle escalade dans la région n’étant dans l’intérêt d’aucun pays de la région.
Nous demeurons fermement attachés à la mise en œuvre totale de la résolution 2735 (2024) du Conseil de sécurité des Nations Unies et à l’accord global proposé par le Président Biden en mai. Ce plan permettrait un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération de tous les otages, une augmentation significative et durable des flux d’aide humanitaire dans l’ensemble de la bande de Gaza et une fin durable à la crise, afin d’ouvrir la voie à la solution des deux États, Israël et un État palestinien souverain vivant côte à côte dans la paix et la sécurité mutuelle. Nous exhortons toutes les parties à accepter le cessez-le-feu et nous demandons aux pays jouissant d’une influence d’aider à renforcer les efforts de médiation menés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar.
Nous sommes très préoccupés par le bilan croissant des hostilités le long de la Ligne bleue et au-delà. Nous sommes vivement préoccupés par le nombre très élevé de victimes civiles et par la destruction d’infrastructures civiles essentielles, notamment d’hôpitaux et de centres de santé. Le nombre croissant de personnes déplacées à l’intérieur du Liban est effrayant. Les personnes déplacées de part et d’autre de la Ligne bleue doivent pouvoir rentre chez elles dans de bonnes conditions de sûreté et de sécurité. Nous demeurons préoccupés par les déplacements massifs de Libanais et de réfugiés syriens au Liban vers la Syrie et l’Irak. Nous exhortons au respect du droit international humanitaire en toutes circonstances.
Nous soutenons les négociations en cours en vue d’un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hezbollah et la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’heure est venue de parvenir à un règlement diplomatique et nous saluons les efforts déployés à cet effet. Nous soulignons à nouveau le rôle que jouent les Forces armées libanaises et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), dont la position doit être renforcée pour leur permettre d’assumer leurs responsabilités respectives. Dans ce contexte, nous exprimons notre vive préoccupation face aux attaques et frappes récentes contre la FINUL au cours desquelles plusieurs soldats du maintien de la paix ont été blessés et des infrastructures endommagées. Nous condamnons toutes les menaces qui pèsent sur la sécurité du personnel de la FINUL et nous appelons toutes les parties à respecter leurs obligations pour assurer leur sécurité et leur permettre d’accomplir leur mission.
Nous nous félicitons des discussions lors de la Conférence humanitaire dans le cadre de la réunion des ministres du G7 sur le développement qui s’est tenue à Pescara le 22 octobre, avec des pays de la région et des organisations internationales, ainsi que lors de la Conférence internationale de soutien à la population et à la souveraineté du Liban à Paris le 24 octobre pour évaluer les besoins humanitaires urgents de la région, y répondre et accélérer la coordination afin d’apaiser les souffrances des populations civiles.
Nous nous félicitons également des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’initiative « nourriture pour Gaza » lancée par l’Italie avec l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, le Programme alimentaire mondial et la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour faciliter l’acheminement de l’aide.
Le bilan humain à Gaza est tragique et continue de s’aggraver. La situation à Gaza a entraîné une insécurité alimentaire sans précédent qui touche une grande partie de la population, notamment dans le Nord. Obtenir un accès humanitaire par tous les points de passage est une priorité, tout comme veiller à ce que l’aide soit effectivement fournie aux plus vulnérables à Gaza. Toutes les parties doivent faciliter l’acheminement de l’aide et protéger les personnels humanitaires en mettant en œuvre les mesures d’apaisement nécessaires. Il est essentiel que la fourniture de l’aide et des services essentiels à ceux qui en ont le plus besoin se fasse sans interruption. Nous exprimons notre soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour qu’il soit en mesure de s’acquitter véritablement de son mandat, et nous soulignons le rôle essentiel de cette institution onusienne. Nous demandons instamment au gouvernement israélien de respecter ses obligations internationales et d’assumer sa responsabilité de faciliter l’acheminement total, rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire sous toutes ses formes ainsi que la fourniture des services essentiels dont la population civile a désespérément beso