La prévention en santé, définie comme l’ensemble des actions visant à éviter ou réduire les risques de maladies et leurs complications, joue un rôle clé dans la construction d’un système de santé durable. Elle s’articule autour de trois niveaux : la prévention primaire, la prévention secondaire et la prévention tertiaire. Pourtant, malgré son importance reconnue, la prévention reste un levier sous-exploité, représentant seulement 4 % des dépenses de santé en France.
Ce sujet devient d’autant plus crucial dans un contexte marqué par le vieillissement accéléré de la population française, qui devrait porter la part des plus de 65 ans de 22 % aujourd’hui à près de 30 % d’ici 2070. Parallèlement, l’augmentation des pathologies chroniques, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires (+15 % à +18 % en une décennie), pèse lourdement sur le système de santé, à la fois en termes financiers et humains. Ces évolutions soulignent l’urgence d’agir en amont pour limiter les coûts sociaux et sanitaires, qui dépassent déjà les 150 milliards d’euros par an pour des facteurs évitables tels que le tabac, l’alcool ou la sédentarité.
Face à ces défis, des innovations émergent, portées par des startups et des insurtechs qui redéfinissent la prévention en santé. L’intelligence artificielle, par exemple, révolutionne l’analyse des risques et personnalise les approches préventives, tandis que des modèles novateurs comme la prevention-as-a-service ouvrent la voie à des écosystèmes intégrés et collaboratifs. Ces nouvelles dynamiques ne se contentent pas de transformer les pratiques : elles redessinent les contours d’un marché à fort potentiel.
Dans cet article, nous explorerons l’état des lieux du secteur, ses défis et les opportunités d’innovation pour en faire un pilier incontournable de la santé de demain.
Les points forts de l'étude
• Analyse approfondie du marché de la prévention en santé en France
• Panorama complet des startups innovantes qui transforment le secteur
• Éclairage sur le rôle crucial de l'intelligence artificielle dans la personnalisation et l'anticipation des risques de santé.
• Identification des défis majeurs
• Présentation du modèle émergent "prevention-as-a-service" comme solution d'avenir pour le secteur.
• Recommandations concrètes pour les assureurs sur l'évolution de leurs pratiques et stratégies préventives.
I. La prévention en santé : un levier sous-exploité
Types de prévention et leurs objectifs
La prévention en santé se décline en trois niveaux distincts :
Prévention primaire : Vise à empêcher l'apparition de maladies en réduisant les facteurs de risque et en promouvant des comportements sains. Elle inclut des actions comme les campagnes de sensibilisation, la vaccination et la promotion de l'exercice physique.
Prévention secondaire : Axée sur la détection précoce et le traitement rapide des maladies à un stade préclinique. Elle comprend des programmes de dépistage, des examens médicaux réguliers et des tests de dépistage du cancer.
Prévention tertiaire : Cherche à atténuer les conséquences et à prévenir la progression des maladies déjà diagnostiquées. Elle implique des soins médicaux, des traitements et des interventions pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies chroniques.
Investissements limités en France
Malgré son importance reconnue, la prévention en santé ne représente que 4% des dépenses de santé en France. Cette sous-utilisation s'explique par plusieurs facteurs :
Difficultés à développer des modèles économiques rentables et pérennes
Contraintes réglementaires, notamment en matière de protection des données personnelles
Faible engagement des acteurs traditionnels du secteur
Comparaisons internationales
Bien que la France soit le pays le plus dépensier d'Europe en matière de protection sociale en santé, avec des dépenses s'élevant à 11,9% du PIB, la part allouée à la prévention reste faible comparée à d'autres pays européens ou de l'OCDE. Cette situation souligne un potentiel d'amélioration significatif dans l'approche préventive du système de santé français.
II. Les défis majeurs pour les acteurs de la prévention
Engagement des assurés
L'implication des Français dans les démarches préventives reste un défi majeur. Plusieurs facteurs contribuent à cette difficulté :
Manque de motivation pour adopter des comportements préventifs
Persistance de comportements à risque malgré les campagnes de sensibilisation
Difficulté à percevoir les bénéfices à long terme des actions préventives
La prévalence de certains facteurs de risque illustre ce problème. Par exemple, en 2019, 25% de la population générale fumait quotidiennement, ce taux atteignant 42,7% chez les chômeurs.
Contraintes réglementaires
Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) a un impact significatif sur la prévention, en particulier la prévention tertiaire :
Limitation de l'accès aux données de santé personnelles pour les assureurs
Restrictions sur l'utilisation des informations médicales confidentielles
Complexité accrue pour développer des programmes de prévention personnalisés
Ces contraintes expliquent pourquoi les assureurs français se concentrent principalement sur la prévention primaire et secondaire, laissant la prévention tertiaire aux professionnels de santé.
Modèle économique
Les organismes complémentaires rencontrent des difficultés pour rendre les services de prévention rentables :
Investissements initiaux élevés pour développer des programmes de prévention
Retour sur investissement à long terme, difficile à quantifier
Faible valorisation des actions préventives par les assurés, limitant leur disposition à payer pour ces services
Cette situation explique en partie pourquoi la prévention ne représente que 4% des dépenses totales en santé en France, malgré son importance reconnue.
III. Les innovations au service de la prévention
L'apport de l'intelligence artificielle (IA)
L'intelligence artificielle (IA) joue un rôle transformateur dans le domaine de la prévention en santé. Elle permet une analyse avancée des données de santé, offrant ainsi aux acteurs du secteur une compréhension plus approfondie des risques et des comportements des assurés. Grâce à l'IA, les organismes de santé peuvent personnaliser leurs services de manière plus précise, anticiper les problèmes de santé avant qu'ils ne surviennent et adapter leurs stratégies en temps réel. Cette capacité d'analyse et d'anticipation permet non seulement d'améliorer l'efficacité des actions préventives mais aussi de réduire significativement la sinistralité. En outre, l'IA facilite le développement de modèles de tarification dynamique, ajustant les coûts en fonction des comportements individuels et des risques associés. Cela conduit à une approche plus proactive et personnalisée, renforçant ainsi l'engagement des assurés dans leur parcours de santé préventive.
L’éclosion d’un marché startups florissants
Le marché des startups en santé préventive connaît une croissance dynamique, avec l'émergence de nombreux acteurs de petite taille. Ces startups se distinguent par leur spécialisation sur des thématiques précises de prévention, à l'image de Mentalport dans le domaine de la santé mentale ou de Dépist&vous dans le dépistage. Cette diversification témoigne de l'innovation croissante dans le secteur de la prévention en santé.
Prevention-as-a-service
Le modèle de "prevention-as-a-service" émerge comme une réponse innovante aux défis du secteur. Cette approche re