Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 29 novembre 2024

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Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 29 novembre 2024.

Marché de l’électricité

Un marché entre accalmie et tension sous-jacente

La semaine dernière, les marchés de l’électricité et du carbone ont affiché une dynamique contrastée, oscillant entre détente temporaire et pressions structurelles. En France, les températures supérieures aux normales saisonnières ont permis une légère décrue de la demande d’électricité. Cependant, l’anticipation d’une grève nationale des syndicats de l’énergie, prévue jeudi prochain, pourrait perturber la production et la distribution, exposant le réseau à des coupures temporaires.

Sur le marché du carbone, les prix ont connu des fluctuations modérées. Pourtant, les perspectives restent haussières à court terme, avec une potentielle remontée en décembre, portée par des mouvements spéculatifs. Les incertitudes géopolitiques et météorologiques laissent cependant planer une volatilité sous-jacente. Un hiver rigoureux ou des perturbations sociales pourraient renverser les tendances actuelles, ravivant la pression sur les prix de l’électricité et du carbone.

À la une

Nucléaire : l’État joue la montre pendant qu’EDF encaisse les factures du passé

La France reporte à janvier une décision cruciale sur le financement de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR, initialement prévue pour décembre.

Ce report, annoncé dans un contexte d’incertitudes budgétaires et politiques, illustre les défis d’un pays où le nucléaire demeure une pièce maîtresse de la stratégie énergétique, mais aussi un sujet de controverse.

Le gouvernement penche pour un prêt à taux zéro afin de soutenir EDF, une solution rapide et soutenue par un mécanisme validé par la Commission européenne, déjà employé en République tchèque. Ce dispositif offrirait à EDF un répit financier pendant les travaux en évitant la capitalisation des intérêts, avant d’appliquer un taux « raisonnable » une fois les réacteurs opérationnels.

Ce montage est d’autant plus stratégique que le projet, estimé à 67,4 milliards d’euros, soulève des enjeux majeurs de compétitivité et de maîtrise des coûts.

EDF, qui vise la construction de six réacteurs d’ici 2050 et envisage d’en construire jusqu’à 14, doit tirer les leçons des dérives du chantier de Flamanville. Ce dernier, emblématique des écueils de la filière, a vu son coût exploser à 19 milliards d’euros, soit près de six fois le budget initial, sans compter des retards considérables.

Au-delà des chiffres, ce dossier reflète une équation délicate pour la France : réconcilier ambition énergétique et contraintes économiques. Alors que le gouvernement envisage le lancement des travaux à Penly dès 2027, la décision finale sur le financement, attendue en 2026, sera déterminante.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert

L’Europe entre utopies vertes et déclin industriel

Un an après la signature de leur plan d’action bilatéral, l’Italie et l’Allemagne réaffirment leur volonté de relancer la compétitivité européenne. À Berlin, les ministres Adolfo Urso et Robert Habeck ont souligné l’urgence de revitaliser la base industrielle de l’UE face à des crises sectorielles préoccupantes. Ils appellent à une action rapide pour simplifier les réglementations, stimuler les technologies vertes et réviser le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.

Cependant, l’Allemagne, pilier industriel de l’Europe, traverse des turbulences dans sa politique énergétique. L’effondrement de sa coalition gouvernementale complique la sortie du charbon, initialement prévue pour 2030 mais désormais incertaine. Avec des projets de centrales au gaz et à l’hydrogène retardés, le pays pourrait faire face à des pénuries électriques d’ici 2030, accentuant les tensions sur les prix et la sécurité d’approvisionnement.

En parallèle, les marchés européens du carbone montrent des signes d’effervescence. Les investisseurs augmentent leurs positions longues, soutenant une reprise du prix de l’EUA, qui oscille autour de 70 euros/t. Cette dynamique reste fragile, dictée par des enjeux techniques et spéculatifs. Dans ce contexte, l’Europe est confrontée à une équation complexe : réconcilier transition écologique, compétitivité industrielle et cohésion politique.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Marché du gaz

L’équilibre fragile entre offre abondante et incertitudes structurelles

Le marché européen du gaz a traversé une semaine marquée par une stagnation des prix, stabilisés autour de 44 €/MWh. Cette accalmie reflète des températures douces et une production renouvelable soutenue, limitant la demande pour le chauffage. Les livraisons record de GNL en Europe, atteignant 3 600 millions de m³ la semaine passée, ont renforcé cette détente, bien que des tensions structurelles se profilent. La concurrence croissante avec l’Asie, où les prix du GNL continuent de grimper, réduit l’attractivité européenne, tandis que le spectre d’une interruption des flux russes via l’Ukraine fin décembre alimente les craintes.

Du côté du charbon, les prix ont atteint leur niveau le plus bas depuis début novembre, à 118,25 USD/tonne pour le contrat de janvier. Cette baisse s’explique par une demande atone, soutenue par des températures douces et des stocks élevés dans les ports européens. Néanmoins, la perspective d’un hiver rigoureux pourrait inverser la tendance, la demande en charbon étant étroitement liée à celle du gaz pour la production d’électricité.

À la une

Gaz russe : la Moldavie et la Turquie, otages d’un jeu géopolitique

Les récentes discussions entre Gazprom et la Moldavie ne laissent guère présager une prolongation du transit de gaz russe via l’Ukraine après 2024. Ces négociations se concentrent davantage sur des itinéraires alternatifs témoignant d’une probable fin des flux via l’Ukraine.

Avec l’accord actuel entre Gazprom et l’Ukraine expirant en décembre, la Transnistrie pourrait devenir un point clé de transit, bien que cela soulève des questions géopolitiques délicates.

La Moldavie, malgré sa dépendance significative au gaz russe, ne semble pas en mesure d’exercer une pression politique suffisante pour prolonger le transit via l’Ukraine, reflétant les contraintes d’un pays pris dans des tensions géopolitiques complexes.

Parallèlement, les sanctions américaines visant la Gazprombank viennent renforcer les incertitudes autour des flux d’énergie. Ces mesures, bien que strictes, ne devraient pas interrompre les livraisons de gaz vers l’Europe ou la Turquie, grâce à des solutions de contournement en cours d’élaboration. Moscou aurait déjà identifié des banques alternatives pour maintenir ces transactions, tandis que la Turquie négocie activement une exemption avec Washington.

Alors que la Turquie pourrait devenir le seul corridor fiable pour le gaz russe en direction de l’Europe dès 2025, la situation met en lumière l’urgence pour les pays européens et voisins de diversifier leurs sources énergétiques.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

Trump 2.0 : le GNL, arme de conquête

Donald Trump semble prêt à inaugurer une nouvelle ère avec en ligne de mire un impact profond sur les marchés mondiaux de l’énergie, notamment le GNL. En promettant de simplifier les régulations et d’accélérer les permis pour l’exportation de GNL, Trump ambitionne de doubler les volumes exportés d’ici 2030. Cette dynamique profite à l’Europe, désireuse de réduire sa dépendance au gaz russe.

Toutefois, l’expansion rapide des capacités américaines n’est pas sans risque. Une surabondance d’offre pourrait temporairement plomber les prix et fragiliser les producteurs américains face à des rivaux comme le Qatar. En parallèle, la hausse prévue de la demande asiatique à l’horizon 2030 pourrait rebattre les cartes et intensifier la compétition pour l’Europe, où les prix du gaz sont attendus en baisse jusqu’en 2027, avant un probable rebond dû à la pression asiatique.

Sur le front pétrolier, la Chine continue d’inquiéter les investisseurs, ses fragilités économiques éclipsant les tensions géopolitiques persistantes au Moyen-Orient et en Ukraine. Le prix du Brent s’est stabilisé à 74,64 $/baril, sous l’effet des incertitudes liées à une éventuelle confrontation entre la Russie et l’Occident. L’Iran, également sous surveillance, renforce son programme nucléaire en réponse à de nouvelles pressions internationales, ce qui pourrait raviver la stratégie de « pression maximale » de Trump. Ce contexte tendu préfigure une réunion cruciale de l’OPEP+ où les équilibres délicats entre offre, demande et géopolitique seront débattus.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Zoom sur l'énergie verte

Hydrogène vert : les géants français de l’énergie font marche arrière

TotalEnergies et Engie ont décidé de réduire significativement leur ambitieux projet d’hydrogène vert dans le sud de la France. Initialement, le projet Masshylia visait à déployer un électrolyseur de 120 MW pour produire 18 250 tonnes d’hydrogène renouvelable, alimenté par des parcs éoliens et solaires. Cependant, les deux géants de l’énergie ont revu leurs plans à la baisse, optant pour un premier électrolyseur de 20 MW à la bioraffinerie de La Mède, avec un objectif de production de 10 000 tonnes par an d’ici 2029, contre 2026 initialement prévu. Les raisons de cette réduction n’ont pas été précisées, mais la confirmation des subventions et l’obtention des autorisations publiques restent des facteurs déterminants.

Parallèlement, la France peine à atteindre ses objectifs d’augmentation des capacités d’énergies renouvelables. Au troisième trimestre, la capacité solaire a crû de seulement 1,3 GW, bien en deçà de l’objectif de 5,5 GW pour l’a

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Manon JAMMES