Le 18 septembre 1944 à 11h, le drapeau français flottait à nouveau en haut du beffroi et de l’hôtel de ville de Boulogne-sur-Mer. Un évènement majeur de l’histoire de la ville, après quatre années d’occupation allemande et de barbarie nazi. A l’occasion des 80 ans de cet anniversaire, Frédéric Cuvillier, Maire de Boulogne-sur-Mer, a rendu hommage à cinq familles de résistants, héros qui ont permis de libérer Boulogne-sur-Mer.
« Ils ont donné leur vie pour leur ville et leur pays, dans l’espoir d’une paix durable. Préservons leur mémoire » confiait le Maire de Boulogne-sur-Mer pour clôturer son discours marquant les 80 ans de la Libération de Boulogne-sur-Mer.
Après plusieurs dépôts de gerbes devant la plaque canadienne du régiment de la Chaudière située dans la cour du Château-Musée puis au monument aux Morts, c’est dans les salons d’honneurs de l’hôtel de ville qui s’est conclue cette commémoration. L’occasion pour le Maire de rappeler cette page essentielle de l’histoire de la ville : « C’est au nom de la grandeur des combats et des sacrifices qui ont permis la Libération de notre ville que le 13 juillet 1947, le Président de la République, Vincent Auriol, a remis la Croix de la Légion d’Honneur à notre ville. Un témoignage de reconnaissance extrêmement rare, 64 communes seulement ont reçu cette distinction, qui nous oblige et nous rend dépositaire d’une mémoire et d’une histoire à transmettre. Ville martyre, détruite et meurtrie par les bombardements, Boulogne, qui était une position stratégique de la défense allemande, a payé un lourd tribut au vaste mouvement de Libération de notre pays et c’est légitimement et respectueusement que nous rendons aujourd’hui hommage à toutes celles et ceux qui ont contribué, souvent au péril de leur vie, à délier notre ville du joug de la tyrannie et de la barbarie nazies. »
Devant une assemblée où étaient présents Lucie et Suzanne Poulet, descendantes du soldat Poulet du régiment de la chaudière « Canada » tombé le 17 septembre 1944 lors de la bataille de Boulogne-sur-Mer, 70 élèves des écoles publiques boulonnaises qui ont porté un flambeau tricolore, symbole de la flamme du souvenir, 16 enfants du centre socio-culturel « Le Nautilus » qui ont monté un projet intergénérationnel autour de la Libération de la ville et les familles descendantes de résistants, le Maire a ensuite procédé à la remise de la médaille d’or d’honneur de la ville de Boulogne-sur-Mer à titre posthume aux familles de résistants.
Résistants tués lors des combats qui se sont déroulés du 17 au 22 septembre
Gabriel HARDY
Né le 20 mai 1924 à Anor (Nord). Sous-lieutenant à la 25ème Compagnie des FTPF, Gabriel Hardy a été arrêté et déporté en Allemagne. Il réussit à s’échapper puis il s’illustre lors des combats de la libération avant d’être tué lors d’une patrouille FFI durant le siège de Boulogne-sur-Mer, à la Porte des Dunes, le 17 septembre 1944.
Alfred LEMAIRE
Né le 14 juillet 1902 à Conteville (Pas-de-Calais). Alfred Lemaire, membre du mouvement de résistance « Libération Nord », participe aux combats de la libération en tant que FFI. Le 18 septembre 1944, lors d’une reconnaissance rue du Bras d’Or, il est tué par un éclat d’obus au foie.
André MAILLARD
Né le 10 janvier 1908 à Samer (Pas-de-Calais). Soldat, membre des FFI, André Maillard est tué lors de la libération de Boulogne-sur-Mer le 19 septembre 1944, face au numéro 58 de la rue Jules Huret.
Résistants qui ont participé à la Libération de Boulogne-sur-Mer, non tués au combat
Nicolas Dickes (1902-1984)
Docteur Nicolas Dickes, résistant, agent de liaison du Groupe DEROBERT (O.C.M.) et médecin au service d’une population boulonnaise dans l’extrême servitude. Né le 17 août 1902 à Dudelange (Luxembourg), de nationalité luxembourgeoise, Nicolas Dickes est médecin aspirant au 21ème Régiment d’infanterie en 1939-1940. Il entre en résistance en octobre 1942 au titre de l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M.), secteur de Desvres. Reconnu comme agent de renseignement, émetteur de faux papier et aide aux juifs, il est engagé dans les combats du siège de Boulogne-sur-Mer en septembre 1944 avec les F.F.I. de Desvres et le corps franc de Montreuil (Corps franc germain), dans ceux d’Hesdigneul et de Condette (Les cent dunes). Son action sur Boulogne-sur-Mer a été plus particulièrement relatée dans le rapport en date du 23 septembre 1944 du Major Mac Pherson commandant la Compagnie B du « Cameron Highlander’s » d’Ottawa. (Cf. « Boulogne 1944 » page 270 d’André Georges Vasseur). Le Docteur Nicolas Dickes est le père du Général Bernard Dickes et du Docteur Jean-Pierre Dickes (1942-2020)
Auguste LENGAGNE (1898-1955)
Auguste Lengagne, résistant de l’Organisation civile et militaire (O.C.M.) et âme de la reconstruction de la ville de Boulogne-sur-Mer. Auguste Élie Émile Lengagne est né le 11 octobre 1898 à Halinghen. Il s'est marié le 25 février 1918 à Boulogne-sur-Mer avec Léonie Clémentine Clara Ansel. Il est mort le 1er janvier 1955 à Paris (9e arrondissement). Contrôleur des Postes et Télécommunications, Auguste Lengagne a été adjoint au Maire de Boulogne-sur-Mer et fait Chevalier de la Légion d'honneur (décret du 10 juillet 1947 sur rapport du ministre de l'Intérieur). Il reçut la Croix de guerre 1914-1918. Président de la section boulonnaise de la ligue des droits de l'homme, il n'a cessé durant l'occupation allemande d'animer l'esprit de résistance et le mouvement gaulliste dans la région. Par son action discrète et continue, notamment au sein de l’administration des PTT, il a contribué efficacement à contrarier les transmissions de l'ennemi, à diffuser la presse clandestine et les informations au groupe de Libération-Nord et à l'OCM. Suspect aux autorités allemandes, a été arrêté comme otage le 31 décembre 1943. Ardemment républicain et patriote, M. Lengagne s'est imposé à Boulogne-sur-Mer comme un administrateur d'élite ayant un sens très élevé de ses devoirs et des intérêts publics. Son dévouement sans relâche, sa participation clairvoyante et active à la solution des problèmes touchant à la reconstruction et à l'amélioration des conditions d'existence dans une ville très gravement sinistrée, lui ont permis de rendre les plus signalés services. Monsieur Auguste Lengagne est le père de Guy Lengagne, ancien ministre et ancien maire de Boulogne-sur-Mer.
Lucie et Suzanne Poulet, descendantes du soldat Poulet du régiment de la chaudière « Canada » tombé le 17 septembre 1944 lors de la bataille de Boulogne-sur-Mer, ont également été mises à l'honneur.
Les commémorations se sont terminées avec Anne-Sophie Lancelin de la Compagnie Euphorbia qui a exécuté un solo de danse contemporaine « L’étau » sur le trio numéro 2 composé en 1944 par Dimitri Chostakovitch.