Le premier axe de ce projet concerne le développement de formations pour répondre aux besoins actuels ou à venir de la filière : qu’a-t-on développé à l’INSA Toulouse ?
C’est en effet le premier axe de ce projet dit Genhyo (Génération hydrogène Occitanie), qui a pour ambition de structurer la filière hydrogène en termes de formations pour répondre aux besoins des entreprises de la région Occitanie, de bac-3 à bac+5. Nous nous appuyons pour ce faire sur les diagnostics et les travaux de prospective établis par l’Observatoire des métiers, qui a été mis en place dans le cadre de l’axe 4. Il s’agit de développer des formations initiales ou continues soit dédiées à des métiers, soit « colorées », soit de sensibilisation (aux enjeux et risques de la filière, au marché, etc.).
À l’INSA Toulouse, l’un des 9 établissements d’enseignement supérieur partenaires, deux départements sont impliqués : Génie biochimique (GB) et Génie des Procédés : eau, énergie, environnement (GP3E). Des modules obligatoires ou optionnels en lien avec la filière H2 sont en cours de déploiement. En GB, par exemple, la formation intègre des enseignements sur les biocatalyseurs qui permettent de produire ou d’utiliser l’hydrogène vert. En GP3E, nous avons prévu de dispenser des modules sur la production et le stockage d’hydrogène. Il s’agit soit d’insuffler des éléments de base sur les enjeux de la filière, soit d’aller plus loin pour que nos ingénieurs aient une expertise dans ce domaine, s’ils le souhaitent. Il y a de vrais défis à relever pour nos ingénieurs pour décarboner nos industries. Grâce à ces modules, ils pourront contribuer aux transformations à venir.
Quels sont les besoins qui ont déjà été identifiés ?
Nous sommes en train d’élaborer une cartographie des métiers. Nous savons qu’il va y avoir des besoins du niveau bac pro à ingénieur : en maintenance industrielle, en informatique/électronique, en procédés, etc. Nous avons par exemple des besoins immédiats pour l’entretien et la maintenance des stations de recharge en hydrogène. Nous savons aussi que nous devons former des ingénieurs à la fabrication des électrolyseurs et plus largement sur les aspects production/stockage. Le pic concernant le besoin en compétences en la matière est attendu l’an prochain.
Le projet va-t-il permettre de financer des équipements spécifiques ?
En appui de ces modules, il est prévu l’achat de matériel et le financement de plateformes technologiques. Mais nous disposerons surtout, à partir de septembre 2026, d’installations mutualisées sur le techno-campus de Francazal. Sur 8 000 m² de surface, 500 m² seront dédiés à cette plateforme pédagogique.
Où en êtes-vous concernant la formation des formateurs ?
Nous avons prévu de former 1 500 formateurs sur 5 ans. La formation a été déployée cette année et a déjà concerné une vingtaine de personnes. À l’INSA Toulouse, l’objectif est d’en former entre 5 et 10, mais j’espère arriver à mobiliser davantage d’enseignants, notamment à l’occasion du Festival Futurs Proches – Campus en transition qui se déroulera à Toulouse le 3 octobre prochain.
Je crois que c’est une filière d’avenir et qu’on a notre carte à jouer
en y formant nos ingénieurs !
Pourquoi avoir choisi de soutenir le développement de cette filière régionale ?
Ici, les deux départements qui ont répondu à l’appel à projets ont déjà des activités de recherche autour des énergies vertes qui irriguent la formation. C’est le cas par exemple de TBI (Toulouse Biotechnology Institute) qui mène des travaux sur les procédés/bioprocédés de production et d’utilisation de l’hydrogène. Cela s’inscrit aussi dans la lignée de la récente réforme de la maquette de formation de l’INSA Toulouse qui intègre les enjeux de transformation sociale et environnementale : or, l’hydrogène vert fait partie des nouveaux vecteurs énergétiques d’intérêt. Il était donc logique que l’on soit partie prenante.
Après les 5 ans de financement de l’ANR et la fin du projet prévue fin 2027, cette dynamique d’adaptation de la formation aux métiers de l’hydrogène décarboné perdurera-t-elle ?
Nous avons l’ambition de pérenniser ces actions de formation en conservant cette flexibilité pour nous adapter aux besoins en emplois. Ce secteur a vocation à être porté par la Région. Et je ne vois pas comment on pourrait s’arrêter en 2027 alors que les projections qui ont été faites jusqu’en 2050 montrent qu’il y aura de vrais besoins. De mon côté, j’ai accepté de prendre les rênes du projet à l’INSA Toulouse car je crois que c’est une filière d’avenir. Et plus le projet avance, plus je suis convaincue qu’on a notre carte à jouer en y formant nos ingénieurs !
Rédaction : Camille Pons, journaliste