Lui est d’origine juive polonaise, elle est française et chrétienne, originaire d’Avranches : Albert Mendelbaum et Aimée Bailleul se rencontrent en Paris, se marient et y vivent paisiblement jusqu’en 1940. Obligés de fuir la capitale occupée, ils arrivent à Avranches. Ils y lancent un magasin, bien que cela soit interdit aux personnes juives, grâce à Marie Amiot qui leur sert de « prête-nom ». Cependant, les choses se disent, et ce secret parvient à l’Occupant. Le couple est arrêté, (tout comme Juliette la sœur d’Aimée et Marie Amiot) et connait la prison après qu’Albert a été dénoncé. Aimé est libérée assez rapidement au regard du parcours d’Albert qui est transféré à Saint-Lô, puis Drancy, Cherbourg, Aurigny et Boulogne. Sa déportation est prévue mais il parvient à s’évader avec l’aide de son épouse. Celle-ci en effet le recherche sans relâche de prison en prison, menant avec ténacité et audace un combat pour libérer son mari. Le couple réuni est revenu vivre à Avranches après la Libération.
Parce que le destin de ce couple est à la fois captivant, lié à leur histoire locale et représentatif de l’antisémitisme qui règne dans toute l’Europe à cette époque, il sert de fil rouge aux lycéens pour se rendre sur des lieux de mémoire et rencontrer des témoins de l’Histoire. Le 29 septembre 2023, ils ont rencontré Dominick Chabaud-Talvat, la petite nièce d’Aimée Mendelbaum qui leur a livré ses souvenirs. Ils se sont rendus à Auschwitz en janvier, au Mémorial de la Shoah à Paris et au camp de Drancy en mars, et enfin à Aurigny en mai. Ces voyages leur ont permis de documenter le récit du périple du couple Mendelbaum. En résultent un podcast en 9 épisodes disponibles en écoute gratuite sur le site de Radio Sud Manche, et une exposition dont les panneaux sont illustrés par les photos et dessins confectionnés lors de ces voyages, ainsi que des documents d’archives. Elle sera exposée au lycée Littré, puis lors du festival Les Échappées du livre. Les lycéens de Frédéric Frémy restitueront leur travail au théâtre des Cordes à Caen, le 4 juin.
Une nouvelle plaque commémorative
Le 28 avril 2024, les élèves de 1re terminale ont participé à la cérémonie en hommage aux victimes de la déportation : Clara et Rose ont lu un poème écrit par Anaïs, toutes trois élèves de la classe. Gabrielle, Inès et Pauline ont accompagné David Nicolas, maire d’Avranches, Jacques Lucas, maire délégué, le député Bertrand Sorre, Angélique Ferreira conseillère régionale et Julie Barenton Guillas, vice-présidente de la Région Normandie, pour déposer des gerbes au pied du monument aux morts de la place Littré. Le 23 mai 2024, les hommages se poursuivent avec l’apposition d’une plaque commémorative sur la façade du 1, rue Challemel-Lacour. C’est le bâtiment dans lequel le couple tenait son commerce de bonneterie. Le 21 juillet 1942, le sous-préfet d’Avranches ordonna sa fermeture et l’arrestation du couple Mendelbaum.
Pour en savoir plus : une exposition itinérante, une chaine Instagram et un podcast
- Podcast « La canne au pommeau d’argent » : les 9 épisodes sont en écoute libre sur le site de Radio Sud Manche : les élèves ont monté cet outil multimédia avec l’aide de la radio associative avranchinaise.
- Sur Instagram @ tg1pourlamemoire : les élèves racontent leur projet éducatif et alimentent en photos les différentes visites et cérémonies qui composent leur parcours éducatif de 1re Terminale.
- L’exposition « Aimée et Albert Mendelbaum » – au lycée Littré puis à la médiathèque d’Avranches dans le cadre du festival Les Échappées du livre, qui, en cette année de 80e, a pour thème « Écrire l’Histoire »
Repères : la déportation des familles avranchinaises
À Avranches, trois familles juives ont été dénoncées : les Rozental, les Mainemer et le couple Mendelbaum. Anne-Marie et Rose-Marie Mainemer, ainsi qu’Estelle Rosenthal, ont survécu à la Shoah. Seul Albert a échappé à la déportation, grâce à son évasion de Boulogne. Le square Mainemer, avec sa stèle, honore la mémoire des trois familles.