La colonisation israélienne en 10 questions - CCFD-Terre Solidaire

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En quoi consiste la colonisation israélienne ? Pourquoi des Israéliens décident-ils de vivre dans des colonies? Quels sont les impacts de ces colonies sur la population palestinienne et les perspectives de paix ? Quels sont les enjeux au regard du conflit en cours ? Retour sur la colonisation israélienne en dix questions. 

Après l’attaque du 7 octobre 2023 et la gravité de ce qui se passe dans la bande de Gaza, la question de la colonisation israélienne en Cisjordanie peut paraître éloignée du conflit. Pourtant l’occupation et la colonisation du territoire occupé par Israël depuis 1967 sont au cœur des tensions depuis des décennies. Voici dix clés pour comprendre.

Travaux pour étendre la colonie illégale Avnei Hefetz, près du village de Shufa, dans la région de Tulkarem, le 8 février 2019. ©Anne PAQ/CCFD-Terre Solidaire

1. Qu’est-ce que la colonisation israélienne ?

La colonisation israélienne fait référence à l’implantation de populations civiles israéliennes dans les  territoires occupés militairement par Israël suite à la guerre des Six jours de 1967. Les colonies sont aujourd’hui principalement situées en Cisjordanie et dans la partie Est de Jérusalem, ainsi que sur le plateau du Golan.

280

colonies ont été construites depuis 1967.

710 000

colons sont installés en Cisjordanie et à Jérusalem.

Le territoire Palestinien ne cesse de se rétrécir au fil des années :

2. Comment a commencé la colonisation israélienne ?

Après la guerre des six jours en 1967, Israël conquiert militairement plusieurs territoires :  la Cisjordanie (auparavant administrée par la Jordanie), la bande de Gaza (administrée par l’Egypte), le Sinaï (égyptien), et le Golan (syrien). Le gouvernement israélien encourage alors l’installation “d’implantation de peuplements” dans ces territoires occupés militairement : à Jérusalem puis dans toute la Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans le Sinaï.

La colonisation s’accélère à partir de 1977 et l’arrivée du Likoud (droite israélienne) au pouvoir. Suite à la signature des accords de Camp David avec l’Egypte en 1978, les colonies du Sinaï sont évacuées en 1982 et le Sinaï est restitué à l’Egypte.

Les accords d’Oslo de 1991, basés sur le principe de la paix contre des territoires, suscitent un immense espoir. Une Autorité palestinienne, destinée à se transformer en État, se met en place en Cisjordanie et à Gaza. Mais la colonisation reprend et s’accroit.

Les collines de Cisjordanie se couvrent de colonies, de tunnels et de routes de contournements qui rendent impossible la vie quotidienne des Palestiniens bientôt exclus de ces infrastructures réservés aux colons. La colère gronde chez les Palestiniens, qui y voient une trahison des promesses d’Oslo, pendant que l’Etat israélien ignore les problèmes et continue d’investir dans les colonies.

La colonie de Har Homa près de Bethléem face à des oliviers palestiniens en 2007. ©Anne PAQ/CCFD-Terre Solidaire

La colonisation est l’une des principales causes du deuxième soulèvement populaire palestinien (Intifada) qui éclate en 2000.

Israël invoque sa sécurité et commence la construction d’un mur pour se protéger des attentats. En juillet 2004, la Cour internationale de Justice conclut à l’illégalité du mur construit par Israël en territoire palestinien, principalement parce que son tracé a été établi de façon à incorporer du côté israélien de nombreuses colonies, rendant 9,4 % de la Cisjordanie inaccessible à la population palestiniennne et annexant de facto 51 % des ressources en eau.

En 2005, les colonies de Gaza finissent par être évacuées par l’armée israélienne tandis qu’un blocus implacable boucle l’étroit territoire. En Cisjordanie la colonisation, loin de ralentir, s’accroit.

3. Quels sont les problèmes posés par la colonisation israélienne ?

Pour la population palestinienne, la colonisation se traduit par l’expropriation de ses maisons, de ses terres et de ses ressources en eau. Elle assiste impuissante à la destruction de son habitat, de ses infrastructures, de son patrimoine et de son cadre de vie. Au fur et à mesure, la population palestinienne vit sur un territoire de plus en plus fragmenté, qui se réduit en peau de chagrin. 

Les colonies empêchent toute continuité territoriale en Cisjordanie. Les Palestiniens doivent emprunter des routes de contournement et des détours improbables pour circuler d’une ville à l’autre. Un trajet qui prenait 15 minutes auparavant prend désormais une heure pour contourner les colonies.

La colonisation brise l’espoir de la création d’un Etat palestinien sur un territoire viable. 

Que ce soit pour produire, commercer, se déplacer, étudier, travailler, se soigner, tous les domaines de la vie de la population palestinienne sont gravement affectés par la colonisation israélienne.  

Toutes les villes et villages de Cisjordanie sont sous la pression des colons.

A Jérusalem la partie palestinienne de la ville occupée depuis 1967 est grignotée et encerclée par des colonies, qui l’isolent du reste de la Cisjordanie.

Voir notre article : Comprendre la colonisation à Jérusalem en 3 minutes

4. Combien de colons vivent en territoire palestinien ?

A la fin 2020, plus de 710 000 colons selon l’Onu résidaient en territoire palestinien, avec une croissance démographique plus rapide que celle d’Israël. Cela incluait environ 220 000 colons à Jérusalem Est

La population de colons a plus que doublé depuis les accords d’Oslo en 1993. 

710 000

colons israéliens installés en Cisjordanie

3,2 millions

d’habitants palestiniens en Cisjordanie.

5. Pourquoi certains Israéliens choisissent-ils de vivre dans une colonie ?

Les motivations varient. Elles peuvent être religieuses, historiques, idéologiques ou liées à des considérations économiques, pratiques et sociales.  

Pour de nombreux colons, la décision de s’installer dans une colonie est motivée par des considérations religieuses et historiques. C’est le cas par exemple dans le quartier de Silwan à Jérusalem qui serait bâti sur le palais du roi David. C’est aussi le cas à Hébron, où 800 colons sont venus s’installer au cœur de la vieille ville palestinienne près du tombeau d’Abraham. 

Les recherches archéologiques cherchant à prouver la présence passée de personnages bibliques sur un lieu précis sont ainsi régulièrement le prétexte à l’installation de nouvelles colonies. D’autres mouvements du judaïsme critiquent cette manière d’utiliser les textes pour des revendications territoriales.  

Lire aussi : A Jérusalem, une association d’archéologues israéliens dénoncent l’utilisation politique des fouilles

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Anne-Isabelle Barthélémy