INTERVIEW DU MAIRE
Vous êtes maire de Beaucaire depuis 10 ans. Le temps passe vite. Avez-vous vu ces années passer ?
Absolument pas.
La fonction de maire est une fonction passionnante mais aussi vraiment accaparante.
Je n’ai pris que 20 jours de vacances en 10 ans.
C’est peut-être pour ça que je n’ai pas vu le temps passer et que j’ai l’impression d’être élu depuis seulement quelques mois.
Hélas, les photos avant/après sont là pour nous rappeler que finalement pas mal d’années ont passé et que les marques du temps sont bien présentes pour en attester (éclat de rires).
En 10 ans, vous êtes devenu un maire emblématique du Gard. Pourquoi ?
Peut-être parce que je suis toujours sur le terrain, toute l’année du lundi au dimanche.
Et pas seulement avant les élections.
Je rencontre ainsi des dizaines de milliers de personnes chaque année sur les événements communaux avec qui j’ai plaisir à échanger.
Dans la région, tout le monde m’associe à Beaucaire mais certains collègues maires me disent depuis 10 ans que je suis dingue de ne pas prendre de temps pour moi. Pour autant, c’est cette présence sur le terrain et cette proximité du quotidien qui font que la ville avance et tant que je suis élu je suis là pour ça.
Je pense être toujours à l’écoute de chacun, quelles que soient ses idées, quelles que soient ses origines.
Beaucoup de Beaucairois pendant ces 10 ans m’ont dit, étonnés « Je n’ai pas voté pour vous mais j’apprécie que vous m’écoutiez et que vous me considériez en prenant en compte ma demande ».
Pour moi c’est ça la politique. Quand on est élu on est l’élu de tous les habitants. Je ne mets jamais personne de côté et je salue toujours tout le monde.
On ne doit pas faire de favoritisme mais traiter chacun de la même façon, ni plus ni moins. Qu’il s’agisse d’un proche ou d’un opposant.
C’est ce que je me suis toujours appliqué à faire pendant 10 ans, quitte à me fâcher avec quelques personnes qui disaient avoir voté pour moi lorsqu’ils me demandaient en vain des passe-droits.
Et je pense aussi que ma franchise, mon opiniâtreté, ma façon de ne jamais lâcher un sujet et de tenir la ligne directrice de la majorité municipale jusqu’au bout (quitte à aller au clash ou au tribunal) contribuent aussi à cette notoriété.
Savoir se battre pour défendre les intérêts de sa ville et de ses habitants est essentiel.
Savoir taper du poing sur la table et dire les choses toujours avec franchise sans langue de bois et sans double discours également.
C’est ma conception de la politique et aussi de l’humain.
Aujourd’hui, au plus haut niveau, certains n’osent pas faire les choix qui s’imposent, sont lâches sur des sujets importants et renoncent à traiter les problèmes des Français par peur ou par paresse.
Pour moi il n’y a pas de fatalité et un élu, lorsqu’il occupe une fonction, doit se donner au maximum afin de ne pas avoir de regret le jour où il transmet le flambeau en se disant qu’il a la conscience tranquille et a fait le maximum.
Beaucairois comme extérieurs disent de vous que vous avez transformé Beaucaire, qu’en diriez-vous ?
Je dirais plus modestement que nous avons réparé Beaucaire dans beaucoup de domaines et que nous l’avons apaisée aussi. Que nous avons changé son image qui n’était pas bonne il y a 10 ans et s’est bien améliorée depuis. Que nous avons écouté les habitants (du jeune au senior) et leurs besoins aussi afin d’en tenir compte dans les politiques publiques. Je ne prétends pas être un magicien. Mais je pense avoir fait beaucoup avec des moyens qui ne sont que ceux d’une commune de 16 000 habitants n’ayant que le budget d’une commune de 16 000 habitants il ne faut pas l’oublier. Nous avons créé des services publics.
Nous avons réhabilité, agrandi des équipements publics, nous en avons aussi créé. Pour ce faire, il a parfois fallu prendre des décisions difficiles comme diminuer le nombre d’employés municipaux pour pouvoir investir davantage avec l’argent économisé sur les dépenses de fonctionnement mais c’est cela gouverner. Ne pas être aimé de certains employés communaux ne me pose pas de problème. Je ne fais pas de la politique pour être aimé.
Justement : Vous avez réalisé énormément d’investissements depuis 2014 pour une commune de 16 000 habitants. Comment avez-vous pu les réaliser alors qu’à votre élection Beaucaire était une ville qui n’était pas en bonne santé financière ?
Nous avons d’abord dégagé des marges de manœuvre financières en remettant en concurrence les entreprises pour avoir des prix plus raisonnables et conformes. Cet argent économisé a pu être basculé en investissement pour faire des travaux par exemple. Idem pour les dépenses de personnel fortement diminuées en début de mandat également pour dégager des marges de manœuvre en investissement.
Ensuite nous avons vendu un certain nombre de biens communaux qui n’avaient plus aucune utilité pour la commune (et dont la ville payait l’entretien, les assurances, les impôts) afin de faire entrer des recettes d’investissement. Enfin, à ma demande, nous allons à chaque fois chercher des subventions (quitte à retarder un dossier de 6 mois ou 1 an). Mieux vaut différer un dossier et avoir des subventions que de le payer à 100% avec l’argent de la commune. Les subventions ainsi récupérées permettent de consacrer l’argent de la commune à des projets supplémentaires. C’est avec tout cela entre autres qu’on arrive à réaliser autant de projets. Sinon rien ne se fait vu les dotations honteuses de l’Etat aux collectivités locales en France.
En 10 ans, vous avez dû vivre des moments importants, heureux, mais aussi difficiles et tristes.
Quels ont été pour vous ces événements marquants ?
Les moments les plus beaux ont toujours été les moments passés avec les Beaucairois. Chaque fois que je suis sur un événement, chaque fois que je parle avec des gens, je suis content car j’aime le contact humain, la convivialité, j’aime aussi aider les gens et tenter d’améliorer leur quotidien avec les moyens que peut avoir une commune. J’aime aussi résoudre des problèmes concrets. Ça procure un sentiment de satisfaction inexplicable du devoir accompli. Mais la fonction de maire ce n’est évidemment pas seulement cela : il y a un travail administratif colossal, un travail de management aussi. Et quand on est sur le terrain le reste n’avance pas. Il faut donc également être 7 jours sur 7 un moteur permanent (et même un sacré moteur) pour faire avancer les choses, en interne comme en externe tant la France est aujourd’hui devenue un pays bureaucratique dont les élites et les lois sont déconnectées des citoyens et des élus locaux (souvent laissés seuls à l’abandon par nos gouvernants). Un pays où chaque administration ouvre le parapluie et où personne ne veut prendre de responsabilités. Sans oublier les communautés de communes qui viennent entraver l’action des communes (j’en veux ainsi beaucoup à mon opposition municipale qui en votant pour le maire de Bellegarde plutôt que pour le maire de Beaucaire a fait le jeu de Bellegarde et a joué contre Beaucaire, privant notre ville d’enveloppes financières importantes).
Beaucoup d’événements positifs resteront toujours dans ma mémoire donc. Notamment les mariages, la distribution des colis de Noël dans les EHPAD qui est un de mes moments préférés avec la tournée de rentrée de chaque classe de nos écoles, nos nouvelles animations et festivités créées. Voir ce sourire, ce bonheur chez les habitants mais aussi cette convivialité lors de l’abrivado carnavalesque où chacun est mêlé quels que soient son âge ou son parcours fait du bien. Les « Merci » des personnes à qui on rend service ou à qui on trouve des solutions aussi.
Mais je garde aussi dans un coin de ma tête les événements durs face auxquels on est un peu impuissant : l’accident du car du rugby qui a été un moment horriblement triste, les décès brutaux d’enfants ou d’adolescents sur d’autres accidents de la route par exemple, l’accompagnement dans le deuil de Beaucairois ayant perdu un proche, voir des corps sur un accident de la route ou sur des décès à domicile, assister l’été à des incendies aux côtés de nos pompiers qui ont tout comme nos policiers et nos soignants un engagement formidable, etc. Et, moins grave : subir des élus d’opposition injustes, stériles et sans aucune vision ou encore un syndicat défendant tout sauf la valeur travail sont aussi des choses fatigantes mais qui vont avec la fonction.
En 2020, vous avez été réélu très largement au premier tour. Les Beaucairois vous font confiance.
Comment voyez-vous l’avenir de Beaucaire ?
Vous savez en politique il ne faut jamais avoir de triomphalisme. Je ne suis pas propriétaire de mes électeurs. Il ne faut pas chercher à asservir les gens ou à les contrôler. Ce n’est pas ça la politique.
Je pense que les gens il faut les écout er, ne pas avoir peur du contact, de la confrontation d’idées et surtout ne pas décevoir. Expliquer à chacun pourquoi on peut faire une chose, pourquoi on ne peut pas en faire une autre. Toujours avec honnêteté et humilité. Mais oui, avoir été le premier maire de Beaucaire depuis la Libération à avoir été réélu au premier tour ça m’a beaucoup touché car j’ai pris cela comme une reconnaissance de mon travail et de mon investissement inlassable. Nous sommes tous de passage dans nos fonctions. Tout n’est jamais parfait mais j’ai ma conscience tranquille car je fais le maximum.
Je pense que Beaucaire est la plus belle ville du Gard.
Les Beaucairois sont solidaires, dynamiques. Ses associations sont formidables et précieuses. Mon équipe croit en Beaucaire et a une vision pour continuer à mes côtés à l’apaiser et à la faire rayonner. L’avenir de Beaucaire je le vois positif et rayonnant si chaque Beaucairois croit en sa ville, en sa beauté, en est un ambassadeur permanent et avance dans le même sens en continuant à soutenir les élus de Beaucaire pendant la durée du mandat en cours en mettant au-dessus de tout l’intérêt général.
Avoir des conseillers départementaux, régionaux et un député en phase avec la municipalité est aussi essentiel car c’est un vrai atout.
Que répondez-vous à ceux qui disent depuis 10 ans que vous pourriez prendre des responsabilités importantes dans l’avenir et quitter Beaucaire ?
Cela a déjà été annoncé aux Beaucairois par mes opposants en 2014, en 2017, en 2020, en 2022…
Je répondrais que cela arrivera oui, forcément. Je n’entends pas m’accrocher à ma fonction comme une moule à son rocher. Mais quoiqu’il arrive une équipe municipale c’est une équipe. Que je sois maire, adjoint au maire ou conseiller municipal, je resterai au conseil municipal de Beaucaire tant que j’ai un âge que j’estime compatible avec un engagement municipal. L’essentiel ce n’est pas la personne à la tête. Personne n’est indispensable. L’essentiel c’est l’esprit et la ligne directrice de l’équipe. Et lorsque je m’arrêterai je veillerai à ce qu’ils soient identiques chez mon successeur dans l’intérêt de Beaucaire en soutenant quelqu’un qui a les mêmes valeurs : l’intégrité, la bienveillance, l’honnêteté, le caractère et l’envie d’agir pour Beaucaire en étant disponible 7 jours sur 7. C’est rare mais ça existe. Je sais que ce jour-là les Beaucairois ne m’en voudront pas car je resterai de toute façon toujours à leurs côtés et j’espère qu’ils se mettront derrière celui ou celle que j’aurai estimé avoir les mêmes valeurs humaines et la même capacité de travail que votre serviteur car je veux par dessus tout que Beaucaire continue à se relever et rayonne.