Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 12 avril 2024

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Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 12 avril 2024.

Le financement des EPR : un défi pour EDF 

La situation financière d’EDF est à la croisée des chemins. Lors d’une récente audition sénatoriale, le PDG d’EDF a lancé un signal d’alarme : l’entreprise seule ne peut porter le fardeau financier nécessaire au déploiement d’un programme nucléaire ambitieux en France. Le coût pour la construction de six nouveaux réacteurs EPR est désormais estimé à 67,4 milliards d’euros, un chiffre en hausse de 30% par rapport aux prévisions initiales. 

À ce jour, EDF a déjà consacré 2 milliards d’euros au programme EPR, avec des dépenses prévues pour atteindre 3 milliards d’ici la fin de l’année. Bien que ces dépenses soient considérées comme « soutenables » pour l’instant, l’accent est mis sur la nécessité d’un mécanisme de financement robuste qui rassemblerait les investissements nécessaires pour mener à bien ce projet. Le PDG d’EDF fait ainsi écho au modèle financier régulé BAR, utilisé au Royaume-Uni, comme une éventuelle solution.

Ce défi financier pèse lourd sur l’avenir de la transition énergétique en France. La construction de la centrale nucléaire de Penly, prévue pour commencer en 2027, ainsi que la réalisation de l’objectif de construire jusqu’à 14 nouveaux réacteurs d’ici 2050, dépendront de la capacité d’EDF à s’accorder avec l’État sur un mode de financement viable d’ici la fin de l’année. 

Réforme du marché électrique européen

Le Parlement européen a franchi une étape décisive vers la stabilisation et la durabilité du marché électrique européen, avec l’approbation formelle d’une réforme ambitieuse. Cette initiative législative, saluée pour son potentiel à réduire la volatilité des prix et la dépendance de l’Europe aux hydrocarbures, se dirige désormais vers son adoption finale.

Au cœur de cette réforme se trouve un mécanisme permettant la déclaration d’une crise des prix de l’électricité à l’échelle régionale ou communautaire, en réponse à des prix de gros élevés ou à des hausses substantielles des prix de détail. Une caractéristique notable de cette initiative est la possibilité pour les gouvernements nationaux de fixer temporairement les prix de l’électricité pour les PME et les industries à forte consommation d’énergie.

L’accord souligne également l’importance des contrats pour différence bidirectionnels (CFD) ou des mécanismes équivalents, dans l’octroi de soutien direct des prix pour de nouvelles centrales électriques à faibles émissions. Cette mesure vise spécifiquement les sources d’énergie renouvelables telles que l’éolien, le solaire, la géothermie, l’hydroélectricité sans réservoir, et même l’énergie nucléaire, dans le but de garantir un certain prix cible aux producteurs, tout en assurant une répartition équitable des recettes excédentaires en cas de dépassement de ce prix par le marché. 

Capacité nucléaire en France et Corrosion Sous Contrainte (CSC)

La disponibilité du parc nucléaire français est tombée à 41,3 GW au 9 avril, ce qui est inférieur de 5,1 GW aux prévisions d’EDF une semaine auparavant.  Plus inquiétant encore, EDF a découvert de nouvelles fissures dues à de la corrosion sous contrainte sur un réacteur en Normandie. Actuellement, 16 réacteurs sur les 56 que compte le parc nucléaire sont hors service.  Malgré les arrêts, les centrales en fonctionnement produisent 64% de l’électricité française, illustrant l’importance du nucléaire dans le mix énergétique du pays.

Tensions géopolitiques 

Une centrale ukrainienne majeure a récemment été entièrement détruite par la Russie, aux frontières de l’Europe. Ceci s’ajoute à des événements similaires survenus les 22/03 et 29/03. Ainsi, le système de production ukrainien devient de plus en plus fragile, nécessitant une collaboration renforcée avec l’Europe pour maintenir l’approvisionnement énergétique grâce à l’interconnexion.

Conclusion sur le marché de l’électricité

C’est la deuxième semaine consécutive que les marchés de l’électricité affichent une tendance à la hausse, ce qui témoigne d’une augmentation de la prime de risque principalement due aux événements géopolitiques mondiaux. 

Malgré des fondamentaux solides, les tensions persistantes en Europe de l’Est et au Moyen-Orient continuent d’exercer une pression sur le marché entraînant une hausse des prix à terme. 

Paradoxalement, les prix du marché spot européen ont chuté vendredi dernier, atteignant -55 €/MWh, ce qui témoigne d’une forte production d’énergie renouvelable. Ainsi, EDF a coupé 5 réacteurs en raison d’une faible demande en électricité. 

Par conséquent, si les tensions géopolitiques s’atténuent, on devrait observer une baisse des prix sur le marché dans les semaines à venir.

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Manon JAMMES