L’association Colosse aux pieds d’argile intervient dans les milieux sportif et scolaire pour lutter contre les violences sexuelles, le harcèlement et le bizutage. Elle a été créée en 2013 par Sébastien Boueilh, ancien rugbyman, qui a été victime de viols de ses 12 à 16 ans par un entraîneur et a gardé le silence sur ces agressions durant dix-huit années.
Engagée dans un plan d’action de lutte contre les faits d’atteinte à l’intégrité physique et morale des mineurs, la Ville a déjà organisé plusieurs temps forts sur le sujet, dont une conférence en avril 2024 avec Colosse aux pieds d’argile. Elle a souhaité aller plus loin en pilotant, avec l’association, des sessions de sensibilisation en direction des jeunes sportifs, des éducateurs, des dirigeants, des bénévoles et des parents.
« Nous sommes conscients que ces histoires que l’on entend dans les médias n’arrivent pas qu’aux autres. L’idée est d’informer les jeunes et les adultes pour détecter ces situations et se prémunir des risques », explique Didier Quéraud, l’adjoint en charge du sport.
Un discours concret
Trois clubs référents (l’Atlantique Rezé Handball, le Football Club Rezé et le Rezé Tennis Club) et d’autres associations sportives se sont proposés pour accueillir des sessions de sensibilisation entre le 11 et le 13 février.
Christian Douillard, président du club de handball ARHB, estime que « ce sujet doit alerter tout le monde. Mais on ne saura jamais en parler comme le fait Colosse aux pieds d’agile ». Cette association et ses intervenants utilisent un discours et des supports différents selon l’âge de leur auditoire. Illustration au gymnase Andrée-Perrichon, mardi 11 février, où une vingtaine de jeunes de l’ARHB entre 8 et 11 ans font face à Laetitia Szwed, intervenante pour le Colosse aux pieds d’argile. À l’aide de dessins et de vidéos, elle parle concrètement aux enfants de leur corps, de consentement, de l’alerte à donner et à qui en cas de problèmes, des numéros à appeler (le 119 pour les maltraitances et le 3018 pour les violences numériques). À l’issue de l’échange, les enfants se voient remettre un guide pour ouvrir la discussion avec leurs parents. « Les jeunes ne parlent pas de sexualité avec leurs parents. Ils vont aller sur Internet et penser que c’est la réalité », regrette Laetitia Szwed.
11,2 % d'athlètes victimes de violences sexuelles
Des chiffres qui alarment
Le danger des réseaux sociaux a été longuement abordé lors des deux réunions proposées en soirée aux adultes, parents et encadrants. Laetitia Szwed leur a fourni des éléments très concrets pour apprendre à prévenir et à repérer les situations à risque, savoir comment corriger une posture, réagir à une blessure, gérer le vestiaire…
Le chiffre national de 11,2 % d’athlètes victimes de violences sexuelles a frappé les esprits. « Je n’imaginais pas l’ampleur du nombre de personnes concernées », témoigne Frédéric Faissolle, le président du Football Club de Rezé, qui souhaite « élargir l’information et la sensibilisation, mettre à disposition de tous les clés données par l’association Colosse aux pieds d’argile ».
Du côté de l’ARHB, Christian Douillard prévoit, en suivant les recommandations de Laetitia Szwed, de « mettre des clauses sur ces sujets dans nos règlements intérieurs ».
Le sujet n’est pas facile à aborder. Il est nécessaire d’avoir un regard extérieur de professionnels. En tant qu’éducateurs, nous sommes vigilants et notre formation intègre ce volet. Quand un jeune se blesse, je demande sa permission avant de le toucher. Il est aussi essentiel de sensibiliser les jeunes, quelque chose peut leur revenir plus tard. Je constate que beaucoup s’isolent avec les réseaux sociaux. Dans les clubs, on essaye de lutter contre l’individualisme, de travailler sur le vivre ensemble.