Des chercheurs découvrent des trésors cachés dans les archives d'observations de MeerKAT – Observatoire de Paris - PSL - Centre de recherche en astronomie et astrophysique

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Une équipe internationale de chercheurs, incluant des scientifiques de l’Observatoire de Paris - PSL, du Centre pour les Techniques et Technologies de Radioastronomie de l’Université de Rhodes (RATT), de l’Observatoire sud-africain de radioastronomie (SARAO), de l’Université d’Oxford, de l’initiative Breakthrough Listen, de l’Université du Cap et d’autres institutions, a lancé un projet pour explorer les archives du télescope MeerKAT à la recherche de sources radio transitoires jusqu’alors négligées. Leurs premières découvertes viennent d’être publiées dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.

Grâce à sa sensibilité exceptionnelle et à sa large couverture du ciel, MeerKAT permet d’observer l’univers avec une rapidité inégalée. Ce télescope est ainsi un outil idéal pour détecter des sources variables dans le temps, notamment des sources transitoires qui apparaissent et disparaissent soudainement. Ces recherches s’inscrivent également dans le cadre de la quête de signatures technologiques, des indicateurs pouvant révéler la présence d’une intelligence extraterrestre, menée par l’initiative Breakthrough Listen.

Une collaboration internationale fructueuse

L’origine de ce projet remonte à la découverte du pulsar RATT PARROT, un objet variable inhabituel détecté de manière fortuite lors du traitement d’observations initialement destinées à d’autres études. Bien que des programmes dédiés à la recherche de sources transitoires soient déjà menés par d’autres groupes, l’équipe a vu une opportunité de commencer à rechercher ces objets de manière systématique, en exploitant les observations d’imagerie existantes de MeerKAT. En effet, les archives du télescope, qui contiennent déjà plus de six ans d’observations, offrent un terrain de recherche riche pour dénicher ces sources exotiques.

Le Professeur Oleg Smirnov, de l’Université de Rhodes, souligne : « Cette découverte nous a montré que de nombreux autres objets transitoires se cachent probablement dans les données de MeerKAT. Grâce à la sensibilité exceptionnelle du télescope, nous pouvons désormais les détecter de manière semi-automatique. »

L’Observatoire de Paris-PSL, pionnier des méthodes numériques innovantes

L’Observatoire de Paris-PSL a joué un rôle clé dans ce projet grâce à son expertise de pointe en traitement de données et en analyse numérique.

Cyril Tasse, chercheur à l’Observatoire de Paris-PSL et associé à l’Université de Rhodes explique : « La nouvelle génération de radiotélescopes génère d’énormes quantités de données, rendant les méthodes d’imagerie classique obsolètes. En collaboration avec nos collègues sud-africains, nous avons développé des nouvelles méthodes mathématiques qui visent à résoudre ce très grand problème numérique. Une de ces techniques nous permet aujourd’hui de suivre en détail les émissions variables d’un très grand nombre d’objets astrophysiques, comme des pulsars, des étoiles actives ou des systèmes exoplanétaires. »

Malgré un lancement récent en mars 2024, le projet a déjà enregistré ses premiers succès. Parmi ceux-ci figure la détection de plusieurs pulsars millisecondes (MSP), notamment des pulsars « araignées », qui en constituent une variété exotique. Ces pulsars gravitent si près de leur étoile compagnon qu’ils en « grignotent » la matière, un processus qui peut également provoquer des éclipses régulières, faisant ainsi apparaître le pulsar comme une source transitoire. Habituellement, les pulsars sont détectés grâce à des observations spécialisées et dédiées. La détection de pulsars millisecondes dans des données d’imagerie radio classiques démontre le potentiel de cette technique pour découvrir davantage de ces objets fascinants.

La collaboration entre les chercheurs sud-africains, français et internationaux illustre la synergie entre la recherche d’objets astrophysiques et la quête de vie intelligente au-delà de la Terre.

Comme le souligne le Dr Ian Heywood, de l’Université d’Oxford et professeur invité à l’Université de Rhodes : « L’univers nous surprend toujours par la diversité des phénomènes qu’il engendre. Si les processus qui ont donné naissance à la vie intelligente sur Terre existent ailleurs, des instruments comme MeerKAT offrent notre meilleure chance de trouver nos voisins cosmiques. »

Vers de nouvelles découvertes

L’équipe a déjà identifié d’autres objets transitoires prometteurs dans les données de MeerKAT, et de nouvelles découvertes sont attendues dans les mois à venir. Ces résultats ouvrent la voie à une exploration plus approfondie de l’univers transitoire, grâce à l’expertise combinée des chercheurs et aux technologies de pointe déployées.

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Références :

Lien vers les sites des universités partenaires :
Centre pour les Techniques et Technologies de Radioastronomie de l’Université de Rhodes (RATT)
Observatoire sud-africain de radioastronomie (SARAO)
Université d’Oxford
Initiative Breakthrough Listen
Université du Cap

Lien vers les publication - Monthly Notices of the Royal Astronomical Society :
“Mining the time axis with TRON – I. Millisecond pulsars in Omega Centauri, Terzan 5, and 47 Tucanae detected through MeerKAT interferometric imaging”,
“Mining the time axis with TRON. II. MeerKAT detects a stellar radio flare from a distant RS CVn candidate”

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Illustrations :

Une image de MeerKAT d’une partie du champ PARROT, montrant l’étoile RS CVn en éruption (entourée).
crédit : DR
Un « spectre dynamique » du pulsar milliseconde PSR J1748-2446A, montrant son émission en fonction du temps et de la fréquence. Le comportement d’éclipse est clairement visible à travers les bandes alternées de flux élevé et faible.
Un « spectre dynamique » de l’éruption de l’étoile RS CVn.
Detalles de contacto
Michel Magnan