Le début de l’année 2025 marque un tournant critique pour la solidarité globale et pour la santé en Afrique.
Plusieurs gouvernements financeurs majeurs de la solidarité internationale, dont la France et plus récemment les Etats-Unis, ont réduit de manière inédite et drastique leurs budgets d’aide publique au développement.
L’impact est catastrophique pour des millions de personnes qui ne peuvent plus bénéficier de services essentiels à leur santé et leur survie.
En Afrique, les systèmes de santé, à peine remis de la Covid-19, s’en retrouvent fragilisés. De nombreux programmes de prévention des maladies critiques, qui protégeaient les populations les plus vulnérables, ont cessé.
Les lignes de défense contre la propagation rapide de maladies transmissibles sont gravement réduites. Le risque de résurgence d’épidémies à l’échelle continentale et mondiale est accru.
En 2024, Amref Health Africa a fourni des services de santé essentiels à 17 millions de personnes dans 10 pays d’Afrique subsaharienne. Ces actions sont menées en étroite collaboration avec les gouvernements et les personnes que nous aidons, main dans la main avec les autorités et associations locales, .
Pour notre organisation, qui agit depuis bientôt 70 ans, cette situation ouvre une crise sans précédent aux conséquences humaines désastreuses. Les progrès réalisés ces dernières décennies sont clairement menacés.
Sans financement, beaucoup de ceux que nous soutenons perdront l’accès à des services de santé essentiels et abordables. Des vies sont en danger.
Les programmes directement impactés visent à la vaccination et la nutrition des enfants, l’accompagnement des femmes enceintes jusqu’à l’accouchement par des personnels qualifiés, l’accès à des méthodes de contraception adaptées, le dépistage et le traitement du VIH et l’éradication de la tuberculose.
Par ailleurs, la perte de financements affecte la formation de 6 000 agents de santé du secteur public : des infirmières, des sages-femmes, et des agents de santé communautaire dont le rôle est capital pour la détection et la prévention de la propagation des maladies telles que Ebola et Mpox.
Sans notre soutien, 1 002 établissements de santé publics travaillent en mode dégradé, avec un accès réduit aux fournitures et équipements médicaux.
Aujourd’hui, 700 salariés d’Amref Health Africa, dont des centaines d’experts de la santé, placés en congé sans solde, ne peuvent plus servir les communautés qui ont besoin de nous.
Nos équipes s’organisent pour pallier la perte de financement qui affecte un quart de notre budget global. Nous mettons tout en œuvre pour trouver des financements alternatifs afin de reprendre au plus vite ses services vitaux.
Malgré ces bouleversements et l’incertitude actuelle, notre organisation reste concentrée sur sa Stratégie 2030 et son engagement envers les communautés en Afrique qui souhaitent et méritent un changement durable en matière de santé.
Dans ce contexte de remise en question des modèles traditionnels d’aide au développement , Amref Health Africa ouvrira sa 6e édition de la Conférence internationale sur l’agenda de la santé en Afrique (AHAIC) du 2 au 5 mars à Kigali, Rwanda.
Cette plateforme unique est un espace de collaboration qui réunit le secteur public, les entreprises, les fondations et la société civile, pour s’attaquer aux problèmes de santé qui touchent l’Afrique.
Des milliers de participants sont attendus pour partager leurs connaissances, mettre en commun leurs innovations et formuler des stratégies collectives pour relever les défis urgents en matière de santé en Afrique.
L’engouement et les partenariats noués pour organiser AHAIC sont des signaux forts et positifs dans cette période trouble.
Ensemble, nous avons le pouvoir d’inverser les dommages causés par les coupes de l’aide publique au développement.
Ensemble, nous pouvons garantir les services de santé essentiels dont les populations africaines ont besoin et auxquels elles ont droit.
Ensemble, nous transformons la santé en Afrique, maintenant et pour les générations futures.