Q&R - Point de presse live (13.03.25)

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Q - Pouvez-vous confirmer, en ce qui concerne la Syrie, les propos d’un de vos ministres, que la France s’oppose à toute nouvelle levée des sanctions contre la Syrie avant de voir un travail sérieux sur la justice, en ce qui concerne les récents massacres ? Et une deuxième question : est-ce que vous avez une réaction aux frappes israéliennes à Damas, il y a à peu près une heure ? Il y a eu des propos israéliens et on a l’impression qu’ils ont le feu vert de frapper là où ils veulent, quand ils veulent, selon le ministre de la défense israélien. Donc si vous avez des commentaires dessus, merci.

R - Sur votre première question, c’est ce que je vous disais dans mes propos liminaires. Nous souhaitons une approche progressive et réversible avec la Syrie. Nous saluons les progrès qui ont été faits. Mais effectivement, les exactions qui ont eu lieu ces derniers jours sont proprement insupportables et les responsables doivent être identifiés et condamnés. Nous portons une attention très fine aux évolutions du terrain, parce qu’elles pourraient être de nature à compromettre la transition dans son ensemble. Donc nous serons intransigeants et nous porterons ce message à Bruxelles si ces exigences ne sont pas satisfaites.

Sur votre deuxième question, sur les frappes israéliennes qui auraient eu lieu à Damas, je ne vais pas faire de commentaires spécifiquement sur ces frappes-là. Mais d’une manière générale, et je l’ai toujours dit, nous avons appelé à une cessation de toutes les hostilités en Syrie, mais surtout au respect de la souveraineté syrienne et au respect de l’intégrité territoriale de la Syrie, conformément aux principes de la Charte des Nations unies et aux principes du droit international. Le processus de transition qui est en cours doit répondre aux aspirations du peuple syrien, à la liberté et à la dignité, mais surtout doit permettre de reconstruire une Syrie libre, souveraine et unie, pleinement intégrée à son environnement régional et à la sécurité internationale. Il est évident que ce genre de frappes n’y contribue pas.

Q - J’ai des questions concernant l’Algérie. Il semblerait que la liste d’Algériens pour laquelle la France demande l’expulsion vers l’Algérie est sur le point d’être envoyée, donc je voulais savoir si vous pouviez confirmer cette information. Elle serait envoyée dans les tous prochains jours, me dit-on. Pouvez-vous nous dire combien de ressortissants algériens figurent sur cette liste ? Là encore, il y a des chiffres différents qui circulent, mais ça serait autour d’une centaine. Et par ailleurs, je voudrais savoir comment vous qualifiez aujourd’hui la relation diplomatique entre la France et l’Algérie ? Et est-ce que cette liste est de nature, comme l’a souhaité, demandé cette semaine Jean-Noël Barrot lors des questions au gouvernement, que ce soit un point de départ, une nouvelle phase dans les relations entre l’Algérie et la France ? Ou est-ce qu’on est potentiellement à une quasi-rupture des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie ?

R - Sur le premier point - qui est un point assez technique, en réalité - sur des noms qui seraient transmis à Alger de citoyens algériens soumis à OQTF sur une liste prioritaire, je vous renvoie aux déclarations du Premier ministre à l’issue du dernier Comité interministériel de contrôle de l’immigration. Je ne vais pas vous donner de chiffres ou d’autres détails. Je vous renvoie aux propos du Premier ministre.

D’une manière générale, sur la relation entre la France et l’Algérie, je vais effectivement reprendre les propos de Jean-Noël Barrot. Il y a toujours - et ça, le Ministre l’a toujours dit - une porte ouverte au dialogue. La situation est actuellement complexe. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels il y a des points de désaccord, mais à nouveau, c’est une situation sur laquelle il faut continuer à travailler. L’Algérie est un partenaire ancien et historique de la France, et nous devons pouvoir continuer à parler de l’ensemble des sujets, qui ne se limitent pas aux questions migratoires, même si elles sont très présentes dans le débat actuellement.

Et à nouveau, il y a toujours une possibilité de dialogue, un dialogue qui peut continuer sur la base de ce qui avait été construit, notamment en août 2022, avec une feuille de route signée par les deux présidents de la République, le président Tebboune et le Président Macron, la Déclaration d’Alger. Ça reste pour nous un document extrêmement important qui permet de cadrer la relation, et nous sommes évidemment toujours dans cet esprit-là.

Q - J’aimerais juste clarifier un point sur une personne assassinée il y a deux jours à Dera en Syrie. Il s’appelait Nour al-Din al-Labbad. Et selon les personnes qui le connaissait, c’était un ancien diplomate syrien qui a fait défection en 2012-2013, qui est venu en France, a acquis la nationalité française. Donc il serait franco-syrien. Vos services me disent qu’ils ne sont pas au courant. Donc j’aimerais juste… Enfin, du décès d’un ressortissant français en Syrie, j’aimerais clarifier : est-ce que Nour al-Din al-Labbad n’est pas français ? Ou est-ce qu’il se peut que Nour al-Din al-Labbad soit décédé, qu’il est franco-syrien, mais que vous ne soyez pas au courant ?

R - Nous n’avons pas eu connaissance du décès d’un Français dans cette région-là.

Q - Craignez-vous des répercussions régionales suite aux exactions à l’ouest de la Syrie qui ont frappé des civils la semaine dernière, sachant qu’il y a eu des tensions à Tripoli, au nord du Liban, après que des réfugiés syriens, issus principalement de la communauté alaouite, ont fui vers le Liban nord ? En Irak, aussi, des ouvriers et des réfugiés syriens ont été agressés. Votre réaction à tout cela ?

R - Effectivement, comme je vous le disais, il faut que ces actes d’hostilité cessent. La Syrie est en cours de transition. C’est une transition qui doit être pacifique, juste et qui doit inclure l’ensemble de la diversité confessionnelle, ethnique et politique de la population syrienne. Les événements qui ont eu lieu en fin de semaine dernière sont à cet égard extrêmement inquiétants. Et c’est la raison pour laquelle on a redit qu’il faudrait que les responsables soient identifiés et jugés. Il faut que la situation soit clarifiée d’une manière plus générale, puisque vous abordez les effets de débordement sur d’autres pays. C’est une exigence qui est d’autant plus cruciale pour la Syrie qu’elle l’est aussi pour les pays voisins. La stabilité régionale est un élément important dans laquelle la France est pleinement engagée. Elle l’a montré au Liban notamment. La stabilité du Liban ainsi que celle de l’Irak sont absolument essentielles. Donc oui, c’est une vraie question et c’est encore une fois la raison pour laquelle les événements de la fin de la semaine dernière revêtent autant d’importance.

Q - Comment réagissez-vous aux commentaires de votre homologue d’ailleurs russe, comme quoi le déploiement de soldats de la paix européen en Ukraine serait considéré comme un conflit armé direct ? Est-ce que vous pouvez réagir, s’il vous plaît ?

Et puis, j’ai une autre question sur le G7. Est-ce que vous vous attendez du coup à la signature d’un communiqué, d’une déclaration commune ? Sur quoi ça peut buter ? Je crois que ça bloque pas mal quand même sur le statut, justement, de la Russie, statut d’agresseur. Voilà, ça m’intéresserait d’avoir votre avis là-dessus.

R - Sur le premier point, il s’agit d’une déclaration de la porte-parole russe du ministère des affaires étrangères. Je le redis, il ne faut pas inverser les choses. C’est bien la Russie qui a agressé l’Ukraine. Nous en sommes à trois ans de conflit. Il y a aujourd’hui des démarches qui sont initiées- en faveur de la paix, donc des démarches diplomatiques qui s’accélèrent cette semaine. Il y a eu cette réunion à Djeddah entre l’administration américaine et l’administration ukrainienne, qui a permis de poser une première pierre à un accord de cessez-le-feu, qui n’est qu’un préalable, bien évidemment, pour nous, à un accord de paix plus global avec des garanties de sécurité. Et sur ce point-là, pour le moment, nous attendons toujours la réponse de Moscou. Donc peut-être qu’avec cette déclaration, les Russes brûlent un peu les étapes, puisque nous n’en sommes pas encore aux discussions sur les garanties de sécurité. Ce qui est sur la table, pour le moment, c’est un accord de cessez-le-feu de 30 jours, accord sur lequel nous attendons une réponse des Russes.

Après, sur la définition et les contours de l’accord de paix qu’il y aura en Ukraine, je pense que la France a toujours été claire. Notre position, est que nous voulons un accord complet et extensif qui permette de garantir la paix dans la région dans la durée. C’est bien pour cela qu’on ne peut pas se satisfaire d’un cessez-le-feu. Et pour être vraiment clair, il s’agit, dans notre esprit, de troupes qui seraient envoyées dans le cadre d’un accord de paix, une fois l’accord de paix signé, et qui auraient pour vocation de garantir effectivement la bonne exécution de cet accord de paix. Et troisième point, il s’agit du territoire ukrainien. Dans le cadre d’un accord de paix qui sera signé entre les Ukrainiens et les Russes, je pense que cela fera partie de la discussion, mais pour le moment, nous n’en sommes pas là. La vraie question qui est sur la table de manière très immédiate, c’est de savoir ce que Moscou pense de la proposition d’accord de cessez-le-feu qui a été faite. Cet accord de cessez-le-feu n’est vraiment que le début, c’est la première étape d’un accord de paix.

Sur le G7, je peux difficilement vous répondre sur une déclaration commune alors qu’en fait la réunion n’est pas terminée. En général, les communiqués arrivent en fin de réunion. Le processus de négociation de la déclaration est dans les mains de la présidence canadienne, et on verra comment les discussions évoluent.

Q - Une question sur les États-Unis. Le président américain vient de menacer d’imposer des droits de douane à 200% sur les vins et les champagnes européens et français. Quelle est la réaction de la France ?

R - Pour le moment, ce n’est qu’une annonce parmi les annonces que fait le président américain. Ce qui est certain, c’est que si cette annonce devait se confirmer et devait se traduire en acte, la posture de l’Union européenne resterait inchangée. Les autorités européennes le disent : il y aura de toute façon des réponses aux décisions de l’administration américaine. Le Président de la République et la présidente de la Commission européenne l’avaient annoncé très clairement. Ce sera une réponse immédiate, ferme et adaptée. Donc, encore une fois, ce ne sont que des déclarations, et nous verrons dans les actes, mais d’une manière plus générale, et on l’a répété à plusieurs reprises, personne n’a intérêt à une guerre commerciale et personne n’a intérêt à ce qu’il y ait une guerre à base de droits de douane. Ça vaut pour ce qui concerne le continent européen, mais ça vaut aussi pour les autres pays qui sont concernés par ces droits de douane.

Q - Apparemment, l’administration de Trump a ouvert une voie avec l’Iran. Il semblerait que les Américains aient envoyé une lettre à travers un pays pas loin de l’Iran pour régler le problème du programme nucléaire iranien. Quelle est la position française sur ce dossier, sur tous ces derniers développements ? On a entendu le directeur général de l’AIEA qui dit qu’il n’est pas content à 100%, que les Iraniens commencent à faire marche arrière. Est-ce que vous ne craignez pas qu’il y ait, comme ça a été le cas avec la Russie, que Trump fasse quelque chose dans le dos des Européens ?

R - En fait, sur la question de l’Iran et sur les éléments qui concernent son programme nucléaire, il y a quand même quelques éléments importants qu’il faut que je vous rappelle. Il a toujours été clair, pour la France, que nous étions déterminés à ce que l’Iran ne se dote jamais de l’arme nucléaire. Ça, c’est un point assez constant. Et comme le soulignent les rapports successifs de l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’AIEA, les avancées du programme iranien sont extrêmement préoccupantes et emportent de graves conséquences de prolifération. Dans ce contexte, la France, avec ses partenaires européens, dans ce format qu’on appelle l’E3, avec les Britanniques et les Allemands, est restée engagée en faveur d’une solution diplomatique. Et c’est le sens des réunions qui ont eu lieu dernièrement, et notamment à Genève en janvier et en février dernier, entre les pays de l’E3 - donc la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne - et l’Iran, le tout en coordination avec les États-Unis et les partenaires régionaux. Il y a également une réunion du Conseil de sécurité qui s’est tenue hier. Elle a permis de rappeler la gravité de la crise de prolifération en cours, puisque c’est une crise de prolifération, et l’engagement de la France et de ses partenaires en faveur d’une solution diplomatique. Donc nous sommes toujours dans ce cadre-là. Bien évidemment, il y a des discussions continues avec les Iraniens d’un côté, mais aussi en lien avec la nouvelle administration américaine. Donc nous continuons à suivre ça de près. Encore une fois, nous privilégions une approche diplomatique pour que l’Iran cesse son programme proliférant. Et nous le faisons en lien direct avec nos partenaires, et notamment avec les États-Unis.

Q - Pour faire suite à vos propos à l’instant, est-ce qu’on sait quand est-ce qu’il y aura une nouvelle réunion en format E3 plus Iran, et au niveau toujours directeur politique ?

R - Je n’ai pas plus d’informations, pour le moment, sur la tenue d’une prochaine réunion. Il y a des réunions régulièrement, mais je n’ai pas d’informations sur la prochaine date.

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Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères