« Je sais de sources sûres que, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la terre est bien plate. Nous sommes en réalité gouvernés par des Illuminati choisis par les reptiliens héritiers des dinosaures exilés dans une lointaine galaxie. Et, bien évidemment, le changement climatique est une opinion que je ne partage pas. »
Fake news, désinformation, vérités alternatives… ces mots et concepts envahissent nos médias, nos réseaux sociaux, nos conversations. Ils reposent sur une loi empirique définie en 2013 par un informaticien italien Alberto Brandolini sous le vocable « Bullshit asymmetry principle ». Son exposé est simple : la quantité d’énergie et de temps nécessaire pour réfuter des sottises est supérieure à celle nécessaire pour les produire.
Le premier paragraphe de cet article m’a pris approximativement 30 secondes à rédiger. S’il fallait réfuter chacune de ces bêtises, erreurs, contrevérités voire délires, il faudrait un temps considérable et en tout cas bien supérieur au temps de rédaction. De même la lecture de ces réfutations serait longue et pénible. Elle devrait par ailleurs faire appel à un esprit critique affûté.
Le principe de Brandoloni est une critique des outils de propagandes par la diffusion en masse d’infox en vue d’attirer l’attention d’un public crédule se contentant d’une pensée rapide, instinctive et émotionnelle.
Alberto Brandolini n’a fait qu’actualiser la pensée de Rousseau pour qui « c’est une chose bien commode que la critique car où l’on attaque avec un mot, il faut des pages pour se défendre ».
L’utilisation des infox revient à renverser la charge de la preuve. En droit de même qu’en sciences, il est acquis que c’est à celui qui affirme que revient l’obligation de prouver ce qu’il avance. L’oublier c’est ouvrir la porte au grand n’importe quoi. Soyons vigilants.
Mais entre nous, je sais par le voisin de palier du cousin d’un ami qui a vu une vidéo sur Youtube que Brandolini était fin saoul quand il a énoncé son principe .
Plus sérieusement, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de deux ouvrages très inspirants et le visionnage d’une conférence récente de Gérald Bronner : Développer son esprit critique face au monde de la désinformation.
Jean-Christophe Latournerie
jean-christophe@rumeurpublique.fr
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Références des livres ci-dessous :
La terre plate. Généalogie d’une idée fausse. Violaine Giacomotto-Charra et Sylvie Nony. Éditions Les belles lettres.
Les illuminati. De la société secrète aux théories du complot. Pierre-Yves Beaurepaire. Éditions Tallandier.
