Q&R - Point de presse live (20.03.25)

Compatibilidad
Ahorrar(0)
Compartir

Q - Je fais un retour sur la situation à Gaza. Des centaines de civils, inclus selon les Nations Unies, 200 enfants sont morts en quelques heures. On a bien lu votre communiqué. Il est très bien. Mais au-delà de ces condamnations, après un an et demi, Israël n’écoute pas ce que la France demande, n’écoute pas ce que d’autres pays sont en train de demander, ne respecte pas le droit international. Donc la question qui se pose aujourd’hui, c’est une question que beaucoup de journalistes et beaucoup de gens demandent. Pourquoi vous ne prenez pas des actions contre Israël ? Si Israël n’est pas sanctionné, il ne va pas s’arrêter. Donc c’est vraiment la question. Les communiqués sont très bien. Et ils sont très fermes, peut-être dernièrement. Mais on s’attend à des actions, parce que cette folie ne s’arrête pas.

R - Effectivement, comme vous le dites, on a toujours condamné ce type d’action. Nous avons dernièrement condamné les frappes sur la bande de Gaza qui ont repris ces derniers jours. Au-delà des déclarations, il y a eu un tweet du Président de la République qui était absolument sans équivoque. Il y a une condamnation extrêmement claire et extrêmement ferme de ces attaques, d’autant plus que nous avions salué, lorsqu’il était arrivé, l’accord de cessez-le-feu qui avait été trouvé entre Israël et le Hamas, qui avait permis une cessation des opérations et surtout qui avait permis la libération de certains otages israéliens dans la bande de Gaza et le retour de prisonniers palestiniens qui étaient en Israël. La dynamique était bonne, et effectivement, comme vous le dites, c’est ce qu’a dit le Président de la République dans son tweet, ces frappes sont non seulement absolument intolérables pour ce qu’elles sont et pour les victimes qu’elles provoquent, mais surtout parce qu’elles brisent un mouvement qui allait en faveur d’un arrêt des opérations et du début d’une solution politique à Gaza. Donc pour répondre à votre question, très concrètement, on ne fait pas rien. Il y a toujours eu sur la table une solution diplomatique à ce conflit. C’est ce qui est fait. Il y a eu d’intenses négociations ces derniers temps. Il y a eu, notamment la réunion des États arabes qui se sont réunis pour convenir d’un plan de paix sur Gaza. C’est un plan de paix, et ça, je crois que je l’ai dit la semaine dernière, que nous soutenons. Tout ce qui ira dans le sens d’un arrêt des opérations, et au-delà, qui permettra une solution diplomatique, avec une solution à deux États qui permet de garantir la sécurité des Israéliens et des Palestiniens, sont des solutions que nous soutenons pleinement, et nous avons soutenu le plan de paix présenté par les États arabes. L’inaction non plus, puisqu’il y a toujours des échanges entre le Président de la République ou le Ministre, avec leurs homologues israéliens. Il est important d’avoir une solution qui se place sur le terrain diplomatique. Par ailleurs, nous sommes très actifs au niveau multilatéral, et notamment dans l’enceinte des Nations unies. Vous savez que la France aura la présidence du Conseil de sécurité le mois prochain. À nouveau, nous ferons tout ce qui est possible pour que cette solution diplomatique puisse se concrétiser, que les opérations cessent, que les otages soient libérés, et que, enfin - c’est ce que je vous disais dans la déclaration - l’aide humanitaire puisse revenir à Gaza, puisque la situation des populations civiles, effectivement, elle était déjà dramatique, mais si les opérations reprennent, elle sera absolument désastreuse.

Q - Sur le dossier Olivier Grondeau, comment s’est passée sa libération ? Pourquoi l’Iran, selon vous, a décidé de le libérer ? Qu’est-ce que la France a promis en retour ? Sur quel dossier ? On sait qu’il y a des discussions sur le dossier du nucléaire iranien. Et où en sont les négociations autour de Cécile Kohler et de Jacques Paris ?

R - Comme l’a dit le Ministre il y a quelques minutes, il est impossible de faire état des négociations. Il n’y a pas eu de contrepartie à cette libération. C’est une libération qui intervient grâce à la pression diplomatique qui a été mise sur l’Iran, une pression diplomatique extrêmement forte. J’ai souvent eu l’occasion de dire que le lien avec les autorités iraniennes existe. Il y a un dialogue entre Paris et Téhéran au niveau de l’ambassade, mais aussi au niveau du Ministre, voire du Président de la République. Et comme on le dit depuis le début, la libération des otages est notre priorité absolue vis-à-vis de l’Iran. Olivier Grondeau est revenu aujourd’hui, c’est une merveilleuse nouvelle, mais nous n’oublions pas que Cécile Kohler et Jacques Paris sont toujours en prison en Iran et que nous maintiendrons cette pression vis-à-vis des Iraniens jusqu’à ce que nous obtenions leur libération. Et c’est vraiment un point qui est extrêmement fort.

Vous citez les négociations qui ont lieu sur le dossier du nucléaire iranien, qui est aussi un dossier extrêmement important. Là aussi, nous privilégions cette approche diplomatique. Il y a des discussions qui ont eu lieu régulièrement dans un format qui s’appelle le format E3, qui réunit la Grande-Bretagne, l’Allemagne et nous-mêmes. Nous discutons avec les Iraniens, et nous les invitons à privilégier une solution sur le terrain diplomatique. Mais pour répondre vraiment à votre question, encore une fois, il y a eu de la part de l’ensemble des autorités françaises, mais aussi de l’ensemble des services du ministère, que ce soit l’ambassade ou que ce soit le centre de crise et de soutien ici à Paris, une mobilisation absolument constante depuis le début, depuis l’incarcération de ces trois personnes. Et encore une fois, aujourd’hui, si nous nous réjouissons vraiment beaucoup du retour d’Olivier Grondeau, nous sommes toujours pleinement mobilisés pour que Cécile Kohler et Jacques Paris puissent eux aussi retrouver la liberté, leur famille et leurs proches.

Q - Désolée de relancer, mais la question de ma consœur d’Al Arabiya était très claire. Il s’agissait des sanctions ; parce qu’Israël ne s’arrêtera pas tant qu’il n’y aura pas des pressions concrètes, c’est clair. Netanyahou fait tout pour se maintenir au pouvoir. Le retour d’Itamar Ben-Gvir, ministre d’extrême droite, en atteste. Ils ne s’arrêteront pas tant qu’ils ne seront pas arrêtés de l’extérieur. Donc la question était très claire. Pourquoi ne pas appliquer des sanctions contre Israël, comme la France en applique par exemple contre des pays où la situation des droits de l’Homme est, il me semble, bien moins dégradée qu’à Gaza, par exemple au Venezuela ? Là, il y a des sanctions depuis 2017, mais pour Israël, il n’y a pas de sanctions. Pourquoi il n’y a pas de sanctions dans une situation comme ça ?

De plus, hier, le ministre de la défense, Israël Katz, a averti les habitants de Gaza qu’en gros, ils avaient deux choix : le nettoyage ethnique ou l’extermination, la dévastation totale. L’intention génocidaire est on ne peut plus claire, s’il le fallait encore. La population de Gaza est déjà martyrisée et affamée, à nouveau bombardée, des centaines de morts, dont 200 enfants, comme il a été rappelé il y a deux minutes. Quand allez-vous dénoncer l’intention génocidaire de la part des autorités israéliennes ? Quand ? À quel moment ? Qu’allez-vous faire pour arrêter ce génocide ?

R - Sur votre première question, effectivement, votre question était claire, mais je crois que ma réponse était assez claire aussi. Il y a…

Q - Il n’y a pas de sanctions ?

R - Non, mais je vous ai dit que nous privilégions la voie diplomatique. Ça veut dire qu’il y a une discussion à différents niveaux. Il y a une discussion directement avec Israël, il y a une discussion au niveau régional, il y a des discussions qui se tiennent au niveau de l’Union européenne, puisque c’était à l’ordre du jour du dernier Conseil Affaires étrangères de l’Union européenne. Il y a des discussions aux Nations unies. C’est une problématique que nous discutons avec nos partenaires. La question des sanctions, pour le moment, elle ne se pose pas. Mais il y a des discussions qui sont en cours.

Q - Concernant le génocide ?

R - Je peux difficilement me substituer à la Cour pénale internationale qui a été saisie de la question et qui doit rendre un avis sur la question de savoir si la situation dans la bande de Gaza relève d’un génocide ou pas.

Q - Mais sinon, des ONG comme Amnesty International, des experts de l’ONU…

R - Pour être très clair, le génocide est une notion juridique qui est définie par une convention internationale. Il revient donc à la Cour pénale internationale, de décider si, oui ou non, il s’agit d’un génocide ou pas.

Q - Je voudrais revenir sur la libération de Grondeau. J’ai une question sur le fait que vous avez évoqué l’autre ressortissant qui est assigné à résidence et qui a pu quitter le territoire iranien. Est-ce qu’il est arrivé en France ? Et est-ce qu’on peut avoir d’autres éléments ? Et une question subsidiaire, pourquoi est-ce que ça bloque pour Cécile Kohler et Jacques Paris, qui sont détenus depuis bien longtemps, bien plus longtemps d’ailleurs qu’Olivier Grondeau et la personne dont on vient d’apprendre l’existence ?

Et j’ai aussi une question sur les relations franco-algériennes. On a vu une nouvelle crise pointer cette semaine autour de la liste de noms d’Algériens que la France souhaiterait voir quitter le territoire français. Est-ce que vous pouvez nous faire une petite update ? Est-ce que vous avez eu des échanges avec les diplomates algériens ? Comment est-ce que vous allez essayer de trouver un compromis ? Jean-Noël Barrot a insisté, cette semaine, lors des questions au Gouvernement, sur le fait que la balle était « dans le camp des Algériens » et qu’il fallait absolument qu’ils reprennent ces Algériens pour repartir, en tout cas entamer, amorcer une voie constructive et une reprise de dialogue. Où est-ce qu’on en est ? Est-ce que vous avez espoir qu’Alger change son fusil d’épaule sur cette question ?

R - Sur votre première question, effectivement, il y avait un Français qui était assigné à résidence en Iran, qui a quitté le territoire iranien hier soir. Je ne vais pas donner plus de précisions, puisque lui-même et sa famille ne souhaitent pas que d’autres précisions soient données, donc je respecterai ce choix.
Sur votre deuxième question, sur la situation de Jacques Paris et de Cécile Kohler, comme l’a dit le Ministre, nous allons redoubler d’efforts pour obtenir leur libération. Cela reste une priorité, c’est ce que je vous disais. Ils sont retenus en otage depuis maintenant plus de 1 000 jours, dans des conditions qui sont abominables. Et cette pression continuera. Quant à savoir ce qui bloque, puisque c’était votre question sur Cécile Kohler et Jacques Paris, je ne peux vous répondre que c’est l’arbitraire iranien. C’est la difficulté que nous avons dans ces négociations. Olivier Grondeau est rentré, et à nouveau, c’est une excellente nouvelle. Mais nous continuerons à avoir une politique claire et sans faiblesse vis-à-vis de l’Iran, au sujet de Jacques Paris et de Cécile Kohler.

Sur les relations franco-algériennes, je vous renvoie aux propos du Ministre à l’Assemblée nationale. Nous déplorons le rejet par l’Algérie de la liste des ressortissants qui a été transmise, qui est une liste de ressortissants qui sont soumis à une obligation de quitter le territoire français et qui auraient donc vocation à retourner en Algérie. Ce refus de remédier aux lacunes de la coopération migratoire porte clairement atteinte à nos intérêts, qui reste quand même pour nous notre boussole. Comme le Ministre l’a dit, nous en tirerons toutes les conséquences, avec fermeté mais sans précipitation, et surtout avec la ferme détermination d’obtenir des résultats concrets, et ce parce qu’il en va de la sécurité de la France et de la sécurité des Français. Mais plus largement, je rappellerai aussi ce que le Ministre a dit à plusieurs reprises. Nous aspirons à des relations apaisées avec l’Algérie. Nous entretenons avec ce pays des liens d’une densité sans équivalent, des liens historiques, des liens humains, mais aussi des liens économiques. Et nous avons toujours dit que nous voulions, avec l’Algérie, une relation équilibrée et constructive. C’était complètement l’esprit de la feuille de route qui avait été signée par les deux présidents de la République en août 2022. Mais comme l’a dit le Ministre, pour avoir une relation équilibrée et constructive, il faut être deux. Et que peut-être, aujourd’hui, on ne peut pas décréter l’apaisement unilatéralement. Les tensions dont nous ne sommes pas complètement à l’origine ne sont dans l’intérêt de personne, en fait. Ni de l’Algérie, ni de la France, ni des relations franco-algériennes d’une manière générale. Voilà ce que je peux vous dire sur le contexte global de la relation franco-algérienne qui, avec beaucoup de respect pour le partenaire, mais aussi avec beaucoup de franchise, doit renouer le fil du dialogue.

Q - Ça veut dire qu’il n’y a pas eu d’échanges récents entre le Quai d’Orsay et… ?

R - Si, c’est ce que je vous dis, on leur a transmis une liste et ils ont dit non.

Q - Est-ce qu’il y a des échanges par téléphone ou est-ce qu’il va y avoir un échange téléphonique entre les deux ministres ?

R - Je ne sais pas comment la liste a été transmise.

Q - Excusez-moi, je ne peux pas m’empêcher de prolonger les questions de mes collègues sur Gaza parce que la France était parmi les premiers pays qui ont élevé la voix contre ces massacres, et parce que ça continue, et parce que les scènes à la télé sont insupportables. Un nouveau bilan fait état de 504 morts en l’espace de 24 heures. Il y a 200 personnes qui sont portées disparues, a priori ensevelies sous les décombres. Au-delà de vos condamnations, le Président, le Ministre et vous-même, est-ce que vous avez eu des contacts avec les autorités israéliennes pour essayer d’arrêter ces massacres ? Et quels sont aujourd’hui les leviers de la France pour essayer d’arrêter, justement, ces massacres, sachant que tout le monde sait qu’il y a des raisons internes en Israël pour ces massacres. Il y a Netanyahou qui veut renforcer sa majorité, qui veut échapper à un procès. Il y a un soutien américain inconditionnel. Mais vous, la France, quels sont vos leviers aujourd’hui ?

R - Effectivement, la situation que vous décrivez est absolument abominable et le résultat des frappes est effroyable. C’est la raison pour laquelle nous les avons condamnées. Nous avons, pour répondre à votre deuxième question, des contacts permanents avec Israël. Ce sont des contacts qui sont francs, ce sont des contacts qui sont exigeants. Mais nous avons aussi des contacts - et c’était un peu le sens de mes réponses précédentes - avec nos partenaires, nos partenaires européens, et nos partenaires au sein du G7, puisque vous savez qu’il y a eu une réunion du G7 en fin de semaine dernière, entre ministres des Affaires étrangères et que c’est un sujet qui était à l’ordre du jour. Nous faisons donc tout ce qui est possible pour que ces frappes cessent. Il faut absolument retrouver le chemin du cessez-le-feu qui avait été obtenu et qui avait produit des effets positifs. C’est le sens des messages que nous passons aux Israéliens, encore une fois, à tous les niveaux, au niveau des autorités, mais aussi au niveau des services de la diplomatie française qui sont en poste à Tel-Aviv. On condamne, mais ce n’est pas vide de sens et ce n’est pas vide d’action pour la diplomatie française. C’est une position que nous portons depuis le début et que nous porterons dans le cadre des Nations unies notamment, à l’occasion de la présidence française du Conseil de sécurité en avril. Dans ce cadre, la France fera tout pour que le droit international soit respecté, ce qui inclut évidemment le droit international humanitaire qui concerne les civils de Gaza.

Q - Une question sur la Chine. Mardi dernier, le chef de la diplomatie chinoise s’est entretenu avec Emmanuel Bonne par téléphone. Ils ont évoqué la situation en Ukraine. Ma question est : quel message la France voulait communiquer vis-à-vis de la Chine en ce qui concerne le règlement du conflit en Ukraine ? Merci.

R - Sur des discussions à ce niveau-là, je vous renverrai vers l’Élysée. Mais d’une manière générale, le message qui a été passé à la Chine depuis le début du conflit en Ukraine a toujours été constant. Nous avons toujours invité la Chine à soutenir les efforts en faveur de la paix, en faveur du respect du droit international et en faveur d’une solution qui puisse être négociée, qui est une solution de paix durable. Et ça, ce sont les messages qui ont toujours été portés auprès des autorités chinoises. Et quand je parle de droit international, je rappelle surtout la question de la souveraineté territoriale de l’Ukraine, qui est une question absolument essentielle, une question de son intégrité aussi territoriale. Ce sont les messages que nous avons adressés à la Chine depuis le début, d’une manière générale.

Sur la question du contenu de l’appel entre Emmanuel Bonne et son homologue chinois, je vous renverrai vers l’Élysée.

Q - Je reviens sur les tensions entre la France et l’Algérie. Boualem Sansal vient d’être condamné à 10 ans de prison en Algérie. Quel est… Ce sont les réquisitions, les réquisitions demandent 10 ans de prison. Quelle est la réaction de la France ?

R - Pour le moment, comme vous le dites, ce sont des réquisitions. Donc ce n’est pas une condamnation. C’est la suite du processus judiciaire. Nous sommes très préoccupés par la santé de Boualem Sansal et sur ses conditions de détention. Et très honnêtement, on continue à agir et à rappeler la situation de Boualem Sansal. C’est un citoyen franco-algérien. Et donc on a continué d’appeler à ce qu’il soit relâché. Nous œuvrerons, comme nous le faisons partout dans le monde, à protéger les citoyens français. Encore une fois, c’est une réquisition et on espère que la justice algérienne ne suivra pas ces réquisitions.

Q -
J’ai deux petites questions. Une sur l’Iran. Généralement, quand il y a la libération d’un citoyen français qui était arrêté en Iran, on lit dans vos communiqués, même dans les déclarations des responsables français, que ça a été aussi le fruit de certaines initiatives ou certaines démarches

Detalles de contacto
Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères