Actualité : Les Sénonaises sont formidables : le fabuleux destin des Dames Vermiglio - Ville de Sens

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Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes et durant tout le mois de mars, redécouvrez le destin hors norme de sénonaises d'exception. Une série de fabuleux destins ! Aujourd'hui, découvrez l'histoire des Dames Vermiglio.

Colombe et Léontine Vermiglio ont marqué l’histoire de Sens en créant la Fondation Vermiglio, un legs mémorable qui perdure à travers l’une des premières maisons de retraite de la ville. Mais derrière ce projet d’envergure se cachent des femmes modestes, animées par un sens du devoir et une volonté farouche de lutter contre la solitude des femmes âgées.

Une ascension sociale à la force de l'aiguille
Colombe Béreau voit le jour en 1818 dans un milieu modeste. Fille d'un terrassier et d'une femme de ménage, rien ne la prédestinait à fréquenter la haute société. Pourtant, grâce à son talent pour la couture, elle s'impose comme une "ouvrière en Robes" réputée, ce qui laisse supposer qu’elle n’est pas une couturière ordinaire, mais qu’elle conçoit, coupe et fabrique des robes. Ces « Robes » renvoient sans doute à des vêtements taillés sur mesure pour les dames d’une certaine classe. En 1843, elle épouse Antoine Vermiglio, ébéniste sicilien, et donne naissance à leur fille Rosalie en 1846, qui préférera ensuite se faire appeler Léontine. Colombe, abandonnée par son mari peu après la naissance de leur seconde fille Alphonsine, qui meurt en bas âge, élève seule Léontine.

Ensemble, elles perfectionnent leur savoir-faire et attirent l'attention de la bourgeoisie locale, qui cherche à copier l'élégante mode parisienne. Leur renom dépasse bientôt les frontières de Sens et parvient jusqu'à la cour de Napoléon III. Miss Howard, la maîtresse de Louis-Napoléon, compte parmi leurs fidèles clientes, tout comme la Comtesse de Barck.

Un tournant décisif : de la mode à la philanthropie

La guerre de 1870 marque un coup d'arrêt dans leur activité. Colombe et Léontine cessent la couture et investissent dans un vaste terrain aux Sablons, au nord de l'avenue Vauban. Elles y construisent une demeure imposante entourée d'un jardin agrémenté d'une roseraie et d'une volière. Leur richesse intrigue : fruit de leur travail, conseils financiers avisés ou héritage caché ? Le mystère demeure.

Léontine Vermiglio et Augusta Hure, Hôpital 105, guerre 14 18

Après la mort de Colombe en 1898, Léontine se consacre à des actions caritatives. Chaque année, elle décerne un prix de couture de 100 francs à l'école communale. Elle s'implique également dans l'effort de guerre pendant la Première Guerre mondiale, aux côtés notamment d’Augusta Hure.

Un legs historique : la Fondation Vermiglio
Prévoyante, Léontine rédige son testament avant de s’éteindre en 1928. Elle fait de la Ville de Sens son légataire universel, à condition qu'elle transforme sa propriété en maison de retraite pour « dames et demoiselles âgées d’au moins 50 ans, nées à Sens ou l’habitant depuis au moins 10 ans, ne pouvant plus travailler pour se suffire, ne voulant rester seules, soit en raison de leur âge, soit en raison de leur situation pécuniaire ». Le legs comprend non seulement la propriété des Sablons, mais aussi des terres, des maisons, des actions et des rentes, soit une fortune estimée à près de deux millions de francs.

La maison Vermiglio en 1954, cl. Yonne Républicaine, coll. Archives municipales, 3Fi

La Fondation Vermiglio naît ainsi en 1929. La maison ouvre ses portes aux premières pensionnaires en 1932 et connaît plusieurs agrandissements au fil des ans, dont la construction en 1937 d’une chapelle, suivant les plans de l'architecte Lazare Bertrand.
La Fondation Vermiglio reste une institution vénérable et toujours en activité au sein du groupe Pavonis. Grâce à la générosité et à la détermination de Colombe et Léontine, ce projet a permis d’améliorer la qualité de vie de nombreuses femmes âgées de la région de Sens. Leur héritage de solidarité, de bienveillance et de lutte contre la solitude perdure. En hommage à ces deux femmes, la rue longeant leur ancienne demeure est renommée "rue des Dames Vermiglio". Leur chapelle funéraire, ornée de leurs bustes sculptés par Louis Kley, perpétue leur mémoire.

La chapelle de la Fondation, cl. Musées de Sens - E. Berry

Ainsi, les Dames Vermiglio, parties de rien, ont laissé un héritage durable à la ville de Sens. Une preuve que talent, travail et générosité peuvent changer des vies bien au-delà de leur propre existence.

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