Comme l’indique le titre, ce roman raconte cette fameuse journée de 1789, l’effervescence des rues de la capitale, les actes d’hommes et de femmes qui ont pris la Bastille. Livre : 14 juillet d’Éric Vuillard, aux armes etc. !
Extrait
» Ce fut l’un des plus beaux étés de tout le siècle. Un des plus chauds aussi. On rôtissait. Mais l’hiver avait été froid, si froid, les racines avaient gelé à plus d’un pied sous terre. La faim s’était étendue sur la France, silencieuse d’abord, puis le désespoir était venu, puis la colère. Et maintenant il faisait chaud. Trop chaud. La nuit, les jeunes sortaient fouiller la ville, c’étaient de longues tournées depuis les faubourgs. La France était alors un pays jeune, incroyablement jeune. Les révolutionnaires furent de très jeunes gens, des commissaires de vingt ans, des généraux de vingt-cinq ans. On n’a jamais revu ça depuis. Et cette jeunesse impatiente, le 13 juillet, fut incapable de dormir. Chacun sortit, comme on fait à cet âge, très vite, sans rien prendre. On erra sur le pavé, entre les galets des bords de Seine, au beau milieu de rien. «
Aux sources de la Révolution française
Éric Vuillard revient aux sources de la Révolution française mais ce livre n’est pourtant pas un roman historique. Cette journée devenue aujourd’hui un emblème national et républicain n’est pas perçue à travers le prisme de figures connues ou attendues. L’auteur met en scène ceux qui ont attaqué la Bastille, ceux qui l’ont abattue, ceux qui ont vu la chute de cette prison. Il arrive à s’approprier le 14 juillet et nous en fait le récit en respectant les soubresauts, les hasards de chaque situation.
Un lecteur spectateur de cette révolte
Grâce aux archives, il réussit à mettre des prénoms et des noms sur ces femmes et hommes qui ont quitté leur statut de sujet royal pour se rapprocher de celui de citoyen. Nous suivons pas à pas l’évolution de la situation. Tout cela nous est décrit avec beaucoup de détails. L’auteur se veut proche de ces êtres, héros d’un moment et aujourd’hui oubliés. Très simplement, le lecteur devient spectateur de cette révolte. A quelques moments, Éric Vuillard se permet d’imaginer des paroles et des gestes là où les archives sont restées muettes.
Loin des mythes
C’est là que le roman naît, loin des mythes et plus proche des improvisations de la journée. Rien n’est écrit le matin de cette journée. C’est la détermination d’hommes et de femmes qui fit tomber la Bastille. Avec un souffle incroyable et un ton citoyen convaincu, Éric Vuillard nous fait vivre cette journée, banale au début et devenue exceptionnelle. Il parvient à rendre aux gestes de ces milliers de femmes et d’hommes le statut de premier acte fondateur d’une nouvelle conception de la société.
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Par Julien Leclerc. MagCentre.
