C’est la saison des Nobel et, depuis quelques temps des noms circulaient pour le prix Nobel de littérature 2016. Pas celui de Bob Dylan à qui l’académie suédoise l’a attribué. Après avoir rendu public son choix elle l’a justifié : ce chanteur américain « a créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d’expression poétiques », a-t-elle dit. Cet Américain qui succède à la Biélorusse Svetlana Alexievitch est le premier musicien à être distingué par la célèbre académie depuis sa création en 1901. Livres : Bob Dylan, un prix Nobel de littérature inattendu !
Une poésie pour l’oreille
Une surprise certes, mais depuis des années le nom de Bob Dylan revenait comme une possibilité mais les freins de la tradition et l’idée que l’on se fait de la littérature interdisaient de penser que les Nobel franchiraient le pas. Sara Danius, la secrétaire générale de l’Académie, a expliqué à la télévision publique SVT que « Dylan écrit une poésie pour l’oreille. Il s’inscrit dans une longue tradition qui remonte à William Blake (célèbre poète anglais mort en 1827). Il est extrêmement doué pour la rime. C’est un sampleur (échantillonneur ) littéraire qui convoque la grande tradition et peut marier de façon absolument novatrice des musiques de genres différents, des textes de genres différents ».
Un choix cohérent
Les membres de l’académie ont, selon elle, manifesté « une grande cohésion » dans ce choix. Il est également possible que les Nobel, mesurant la place que la chanson a prise dans le monde contemporain se soient souvenus que les premiers poètes étaient des aèdes, artistes chantant des épopées en s’accompagnant d’un instrument de musique, le plus célèbre d’entre eux n’étant rien moins qu’Homère.
L’Afrique encore écartée
Par ce choix les Nobel ont encore écarté l’Afrique de leur palmarès puisqu’ils n’ont pas retenu le Kényan Ngugui wa Thiong’o qui écrit dans sa langue maternelle et dont le nom revenait en boucle comme une éventualité en même temps que ceux de Philip Roth, Joyce Carol Oates et Don Delillo. Le prix décerné à Bob Dylan marque aussi le retour d’un Américain dans la liste des lauréats ce qui n’était pas arrivé depuis 1993 avec le couronnement de Toni Morrison.
Dylan, symbole de l’Amérique
Petit-fils d’immigrants russes juifs, Robert Alleen Zimmerman nait à Duluth (Minnesota) le 24 mai 1941 et grandit dans une famille de la classe moyenne. Fan d’Elvis Presley et de Jerry Lee Lewis, il forme son propre groupe en 1959 alors qu’il est étudiant à l’université de Minneapolis et qu’il vient de découvrir les pionniers du blues, du country et du folk. En 1961, il abandonne ses études et déménage à New-York, fréquente les musiciens de Greenwich Village et devient à la scène Bob Dylan, également titre de son premier album qui, sorti en 1962, est un fiasco. Mais il est reconnu un an plus tard avec « The Freewheelin’Bob Dylan » et ses deux titres folk de protestation, « Blowin’in the Wind », chanson pacifiste qui sera un hymne des années 60 contre la guerre au Vietnam. En 1963, il participe à la marche sur Washington aux côtés de Martin Luther King.
À partir de la fin des années 1960, il se détache de plus en plus des fans de folk et des milieux de gauche, refusant d’être l’étendard des contestations et des luttes de l’époque. Depuis les années 80, son extraordinaire créativité semble s’être tarie, mais il continue à parcourir la route sans toujours convaincre.
Un chanteur-poète-compositeur
Dylan symbolise l’histoire récente de l’Amérique, celle de la deuxième moitié du XXe siècle. Dans son œuvre, il allie la poésie surréaliste de la beat generation, l’austérité militante du folk, la complainte du blues, l’énergie du rock et la chronique de la vie quotidienne inhérente à la country. Le chanteur-poète-compositeur qui a produit son 37e album « Fallen Angels » en mars 2016 est revenu sur son œuvre à l’occasion d’une remise de trophées en 2015 : « Mes chansons ne sont pas apparues par magie, je ne les ai pas fabriquées à partir de rien. J’ai appris à écrire des paroles en écoutant des chansons folk. Et je les ai jouées, je n’ai rien chanté d’autre que des folk songs, et elles m’ont ouvert le code pour tout ce qui est de bonne chasse, tout ce qui appartient à tout le monde » a-t-il déclaré.
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Par Françoise Cariès. MagCentre.